« Je veux parler de Samuel Paty, tombé parce qu’il avait fait le choix d’enseigner, assassiné parce qu’il avait décidé d’apprendre à ses élèves à devenir citoyens. (…) Nous continuerons ce combat pour la liberté dont Samuel Paty est désormais le visage, parce que nous vous le devons, parce que nous nous le devons, et parce qu’en France, les Lumières ne s’éteignent jamais. » Ce mercredi, la cour de la Sorbonne a résonné des hommages rendus à Samuel Paty, professeur victime d’un assassinat terroriste à Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre. Devant les proches de Samuel Paty et les représentants du corps politique réunis dans la cour de l’université, Emmanuel Macron a tenu un discours, retraçant l’itinéraire de ce professeur d’histoire-géographie qui s’était « donné pour tâche de faire des Républicains ». « Samuel Paty fut tué parce qu’il incarnait la République qui renaît chaque jour dans les salles de classe, la liberté, qui se transmet et se perpétue à l’école. (…) Il fut la victime de la conspiration funeste, de la bêtise, de l’amalgame, de la haine de l’autre et de ce que nous sommes », a déclaré le président, rappelant la nécessité de maintenir « l’indispensable unité que ressentent tous les Français ».
Présents sur le parvis de la Sorbonne, les chefs de file de la Haute assemblée se sont joints au chef de l’Etat dans cet esprit de concorde. « C’était un moment très fort en émotion », détaille le président du groupe écologiste au Sénat Guillaume Gontard. « Il y avait cette union nationale importante, dont on a besoin dans ces moments-là. Personne n’a raison seul, il faudra désormais trouver des solutions en commun, et la plus grande des réponses contre l’obscurantisme passe par cette défense de la liberté d’expression, de la laïcité et de ce qu’est la France ». « C’était une cérémonie extrêmement émouvante », renchérit Patrick Kanner, chef des sénateurs socialistes. « Le discours d’Emmanuel Macron était un beau discours de concorde nationale qui nous oblige au travers une simple idée : le sacrifice de Samuel Paty doit désormais nous inspirer. Derrière les mots, sachons maintenant nous en montrer dignes. »
« Une très belle défense des professeurs »
D’une seule voix, les sénateurs saluent les mots choisis par Emmanuel Macron pour rendre hommage au professeur. « Je pense qu’au-delà de l’émotion, il y avait de la profondeur, une profondeur dans les propos et une élévation de l’homme et de l’âme extraordinaire », réagit le président du groupe de la majorité François Patriat. « C’est un rappel des valeurs et des exigences humaines à leur plus haut niveau. » « Le discours du président était à la hauteur de l’événement », abonde Patrick Kanner. « Il m’a rappelé celui de François Hollande aux Invalides après les attentats du Bataclan : il avait la même tonalité, et a également montré que la concorde nationale l’emporte dans ces moments-là. » Du côté des Républicains, on salue également un « bel hommage ». « C’était une cérémonie simple, sobre, et les mots étaient justes », commente Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR.
Rendant également hommage au corps enseignant dans son discours, Emmanuel Macron a affirmé que le gouvernement « redonnerait aux professeurs la place et l’autorité » qui leur revenaient. « Nous les formerons, nous les soutiendrons, les considérerons et les protégerons, à l’école et en dehors », a soutenu le président de la République. Une promesse bienvenue pour Patrick Kanner, qui salue cet hommage. « C’est un engagement qu’a pris Emmanuel Macron devant le corps d’un sacrifié, un engagement très important », soutient-il. « C’est une très belle défense de ce métier de professeur, qui ont entre leurs mains l’avenir de nos enfants », soutient Guillaume Gontard. « C’est la meilleure réponse qu’on peut avoir face à cet extrémisme. » Certains, pourtant, affirment que, malgré la justesse des mots employés, ils ne se contenteront pas de paroles. « Ce que j’attends maintenant c’est une action extrêmement résolue et un combat global contre le totalitarisme islamiste, c’est je crois le meilleur des hommages qu’on pourra rendre à Samuel Paty et à toutes celles et ceux qui sont morts sous les coups du terrorisme islamiste », revendique Bruno Retailleau.