Hommages à Charasse : «Grand serviteur de l’Etat», «fidélité totale à Mitterrand», «truculent», «figure atypique»

Hommages à Charasse : «Grand serviteur de l’Etat», «fidélité totale à Mitterrand», «truculent», «figure atypique»

De nombreuses personnalités, de gauche et de droite, saluent la mémoire de Michel Charasse, décédé ce vendredi. « La République pleure ce jour un de ses serviteurs les plus passionnés » pour Emmanuel Macron.
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Les hommages viennent de tous les bords politiques, après l’annonce de la mort de Michel Charasse, ce vendredi 21 février. Le président de la République, qui lui a remis la légion d’honneur le 27 janvier dernier, a salué sa mémoire.

« La République pleure ce jour un de ses serviteurs les plus passionnés. Michel Charasse s’en est allé. L’esprit de ses combats, la force de son engagement ne nous quitteront pas » a réagi Emmanuel Macron, qui avait bénéficié du soutien de Michel Charasse en 2017. Pour Nicole Belloubet, ministre de la Justice, « c'est la perte d'un ami très cher. C'est la disparition d'un grand homme d'Etat ». Gérard Collomb, ancien ministre et maire de Lyon s’est dit « profondément bouleversé par l'annonce de la mort de Michel Charasse, auquel (le) liait une longue et riche amitié ».

L’ancien socialiste, aujourd’hui président du groupe LREM du Sénat, François Patriat, se dit « très ému et attristé par la disparition de Michel Charasse, un compagnon de route respecté pour son engagement, ses convictions, et sa détermination. L’amitié avait un sens pour lui ».

« Science de l'amitié sans pareille »

Hommage aussi évidemment à gauche pour cet ancien proche conseiller de François Mitterrand, qui occupa les fonctions de ministre du Budget. L’ancien premier ministre socialiste, Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, « salue la mémoire de celui qui a été membre du Conseil constitutionnel de 2010 à 2019 (...) Nous perdons également avec lui une personnalité et un ami d'une énergie et d'une science de l'amitié sans pareille ».

Pour Olivier Faure, premier secrétaire du PS, « Michel Charasse a marqué de sa personnalité la présidence de François Mitterrand dont il fut un témoin, un acteur et la mémoire jusque dans ses dernières heures ».

L’ancien socialiste, qui a été 24 ans sénateur, a marqué aussi de son passage la Haute assemblée. « Michel Charasse, notre ancien collègue et camarade, nous a quittés. C’est avec une grande tristesse et beaucoup d’émotion que nous avons appris cette nouvelle » a réagi par communiqué le groupe PS du Sénat. « Excellent juriste, travailleur infatigable, conjugué à son sens de l’humour parfois provocateur en avait fait une figure particulièrement respectée et attachante de notre groupe pendant de très nombreuses années ».

L'ex-sénatrice PS du Puy-de-Dôme, Michèle André, une proche, a pour sa part exprimé sa « tristesse » et salué « un grand travailleur, d'une fidélité totale à François Mitterrand ». « Si je suis entré en politique, c'est grâce à lui, je lui dois ma carrière », a quant à lui déclaré le sénateur (Mouvement radical, ex-PRG) du Puy-de-Dôme, Eric Gold, se disant « très ému ». Pour Olivier Bianchi, maire PS de Clermont-Ferrand, « l'Auvergne perd un de ses enfants les plus fidèles à ses racines ».

« Ses conseils étaient judicieux, son humour inégalable, sa personnalité hors du commun »

Pour l’ancien ministre et ex-président du groupe PS du Sénat, François Rebsamen, « avec lui s'éteint un des piliers de la fidélité à François Mitterrand », « ses conseils étaient judicieux, son humour inégalable, sa personnalité hors du commun ». Pour Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre socialiste puis sénateur, c’était « un homme immensément créatif et imaginatif. François Mitterrand a su utiliser ses grandes qualités. La République perd une figure, et moi un ami ».

Pour le sénateur PS du Loiret, Jean-Pierre Sueur, « c’était un personnage chaleureux, truculent, doté d’un grand sens de l’humour. Et derrière ce côté truculent, il y avait un homme qui était très compétent. J’ai été collègue de Michel Charasse dans les gouvernements Cresson et Bérégovoy. J’ai pu constater qu’il connaissait très bien son sujet » raconte-t-il à publicsenat.fr.

L’ancien président de la commission des lois se souvient aussi qu’« au Sénat, il connaissait par cœur les finances locales. Il pouvait improvisait à toute heure du jour et de la nuit de longues considérations sur la dotation globale de fonctionnement ». Jean-Pierre Sueur souligne aussi son « soutien indéfectible à François Mitterrand ».

« C’était un républicain exigeant, un laïc convaincu »

« Il aura beaucoup marqué toute cette période de l'accession de la gauche au pouvoir » se souvient de son côté la sénatrice (Gauche républicaine et socialiste, ex-PS), Marie-Noëlle Lienemann. « C’était un républicain exigeant, un laïc convaincu. Et un très bon constitutionnaliste, ce qui a souvent été utile au Président Mitterrand. Il était très attaché aussi au rôle du Parlement et au bicamérisme ».

La sénatrice de Paris l’a aussi connu au gouvernement : « Cela ne se passait pas toujours comme une mer calme. En plus, il était bouillant. J’ai des souvenirs mémorables de colère, où c’était chaud. Mais quand on lui tenait tête, il vous respectait ».

Au PS, son soutien à Nicolas Sarkozy, pour la présidentielle de 2007, a été mal vécu. « Il a dû considérer qu’après Mitterrand, ce n’était plus du tout la même chose, c’est pourquoi il a eu des choix personnels qui n’étaient pas les nôtres » estime Jean-Pierre Sueur. « Il a eu une espèce d’amertume de la manière dont Lionel Jospin et quelque autres traitaient François Mitterrand, avec le sentiment que les socialistes étaient ingrats » se souvient Marie-Noëlle Lienemann.

« Grande peine » de Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy lui a rendu hommage sur Twitter : « C’est avec une grande peine que j’apprends la disparition de Michel Charasse. Grand serviteur de l’Etat, homme engagé et passionné, il fut aussi pour moi un ami sincère et fidèle. Je pense à sa famille et à ses proches ».

A droite, le sénateur LR Pierre Charon l’a bien connu. « Dès le départ, nous nous sommes appréciés comme adversaire » raconte ce fidèle sarkozyste à publicsenat.fr. Il était à l’Elysée à ses côtés le 27 janvier dernier, pour la remise de sa légion d’honneur. « Ce moment a été magique. On a pu voir que de temps en temps, la République est une et indivisible » se souvient Pierre Charon. Il salue la mémoire d’un « homme d’influence » « très talentueux », qui était aussi « un grand chasseur ». « On savait que quand on parlait à Charasse, ça allait directement à François Mitterrand » raconte Pierre Charon.

Gérard Larcher, président LR du Sénat, souligne qu’« il fut un personnage clé des années Mitterrand. Défenseur de la République et de la laïcité, ministre, sénateur, il est resté fidèle à ses convictions ».

Hommage encore de Patrick Ollier, ancien ministre et président de la Métropole du Grand Paris, qui voit en lui « une figure atypique dans l'histoire de la Ve République », ou encore de Dominique Bussereau, ancien ministre du Budget, comme Michel Charasse : « Il m'avait apporté d'excellents conseils, toujours pertinents et amicaux ». Valérie Pécresse, présidente (ex-LR) de la région Île-de-France, rappelle pour sa part qu’« il était un ardent défenseur de la laïcité, des territoires et d'une certaine idée de la République. Son éloquence, son humour, son amitié fidèle nous manquent déjà ! »

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