Hongrie-UE : bras de fer entre Viktor Orban et le PPE

Hongrie-UE : bras de fer entre Viktor Orban et le PPE

À trois mois du scrutin européen qui se déroulera le 26 mai prochain, Viktor Orban le Premier ministre hongrois suscite la controverse. En cause, une campagne visant des dirigeants européens et qui a créé la polémique au sein du Parlement. Quelles sont les réactions des politiques européens ? Europe Hebdo a ouvert le débat en plateau avec deux eurodéputées.
Public Sénat

Par Juliette Beck

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Lancé sous le slogan « Vous aussi avez le droit de savoir ce que Bruxelles prépare » et accompagnée d’affiches à l’effigie du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et du milliardaire d’origine hongroise George Soros, la campagne lancée par Viktor Orban accuse les pays de l’Union européenne de favoriser l’immigration illégale. Sylvie Guillaume, eurodéputée socialiste française, y voit une nouvelle attaque délibérée de la part du Premier ministre hongrois : « Oui c’est dans la longue série de provocation de M. Orban contre l'Union européenne et ses représentants. J’espère que ces campagnes vont être stoppées. Je crois que le Parti populaire européen essaye de faire stopper cette campagne par conviction auprès de M. Orban ». Mais Viktor Orban ne l’entend pas comme cela, car pas question pour le gouvernement nationaliste et conservateur de retirer sa campagne d’affichage des rues hongroises.

Sylvie Guillaume, eurodéputée socialiste française voit une nouvelle attaque délibérée de la part du Premier ministre Hongrois
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La défense de la démocratie européenne

Le Fidesz fait parti du Parti populaire européen (PPE), une coalition de droite au parlement dont est membre le parti français, Les Républicain par exemple. Le groupe politique a réagi et a lancé une procédure d’exclusion à l’encontre du Fidesz. C’est lors de la prochaine assemblée politique du PPE le 20 mars que le sort du Fidesz sera fixé comme l’explique l’eurodéputée polonaise Roza Thun : « Nous allons avoir un débat très sérieux et la décision va être prise le 20. Monsieur Weber (lNDLR : eurodéputé allemand, président du PPE) a écrit une lettre [...] avec les conditions sous lesquelles Orban pourrait rester mais je ne vois pas vraiment de bonne volonté du côté de M. Orban ». Les débats risquent d’être houleux car certains membres du PPE dans la dynamique des élections sont prêts à accepter des excuses de la part du Premier ministre hongrois. Sylvie Guillaume souligne l’importance d’être ferme, car les agissements de Viktor Orban mettent à nouveau en lumière la dérive démocratique que subi le pays depuis un certain moment : « Ce qui est en cause avec Viktor Orban en Hongrie, c’est l’État de droit, ce sont les attaques contre les ONG, ce sont les attaques contre la justice, contre les journalistes, contre la séparation des pouvoirs. On est dans une crise démocratique extrêmement grave, on ne peut pas gérer ça juste en disant excusez-vous et ça passera bien ».

Le risque d’un basculement vers l'extrême droite

« Les 12 députés vont partir je crains dans les groupes d’extrême droite, les renforcer » estime l'eurodéputée polonaise Roza Thun
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Au terme des débats, si le PPE décide d’exclure le parti de Viktor Orban le jeu politique pourrait être rebattu pour les élections de mai comme témoigne Sylvie Guillaume : « Avec les recompositions politiques qui peuvent intervenir avec d’autres groupes, d’autres personnalités ouvertement eurosceptiques pour ne pas dire europhobe anti-migrant dans le Parlement européen, ceci peut constituer une force alternative au PPE qui le met en grand danger ». Perdre les 12 sièges du Fidesz déstabiliserait la formation politique et pourrait changer la donne aux élections européennes du 26 mai. Roza Thun estime que la sortie du Fidesz du PPE n’est pas forcément une bonne chose : « Les 12 députés vont partir je crains dans les groupes d’extrême droite, les renforcer. Orban ne va plus avoir aucun frein parce que le PPE était un peu un frein ». L’attitude d’Orban lui vaut déjà la sympathie de Marine Le Pen la présidente du Rassemblement National ainsi que celle de Matteo Salvini chef de file de l’extrême droite italienne, un signe qui confirmera peut-être les craintes de Rosa Thun.

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