Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Hôpital de Nancy : le directeur de l’ARS Grand Est limogé par le gouvernement
Par Jonathan Dupriez
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« La décision a pris tout le monde de court » reconnaît sans plus de détails l’ARS de la région Grand Est. Son directeur, Christophe Lannelongue a été limogé ce matin par le gouvernement. Dans une déclaration auprès de l’Agence France Presse (AFP), le haut fonctionnaire confirme qu’un appel du « directeur de cabinet du ministre de la Santé » lui a appris que « le gouvernement souhaitait mettre fin à ses fonctions en raison du débat sur le CHU de Nancy. » « Ça a été vite » salue le sénateur socialiste de Meurthe-et-Moselle Olivier Jacquin. « C’est la dure loi de la vie » ironise le LR Jean-François Husson, convaincu que Christophe Lannelongue allait « devoir rendre des comptes à sa hiérarchie. »
Suppression de postes et de lits : « la trajectoire reste la même »
Samedi 4 avril, dans les colonnes de l’Est-Républicain, le directeur de l’ARS Grand Est affirme qu’il n’y a « pas de raison » d’interrompre les suppressions de postes et de lits prévues au CHRU de Nancy. « La trajectoire reste la même » insiste-t-il alors, en référence à la décision du Comité interministériel de performance et de modernisation de l’offre de soins (COPERMO) ayant acté en juillet 2019, la suppression de 598 emplois et 174 lits, condition pour débloquer 515 millions d’euros d’investissements sur dix ans. Le COPERMO est un outil de régulation budgétaire des hôpitaux mis en place sous Marisol Touraine.
Tollé chez les élus
Le week-end dernier, cette sortie provoque un tollé chez les élus de la région, à commencer par le sénateur PS de Meurthe-et-Moselle Olivier Jacquin qui dénonce « une interview ubuesque .» L’élu s’était même fendu d’un coup de fil à Christophe Lannelongue pour clarifier ses propos qu’il jugeait « indécents ». « Il a été très agressif avec moi » nous racontait le sénateur il y a quelques jours. De son côté, Jean-François Husson, sénateur LR de Meurthe-et-Moselle dénonçait lui un « manque de respect » envers les soignants. « Ce qu’a dit Monsieur Lannelongue n’est pas entendable de la part d’un responsable de l’ARS, ni de personne d’ailleurs, c’est surréaliste » soupirait l’élu.
Position « totalement décalée »
D’autres, à l’image de Mathieu Klein, président du Conseil départemental, ou encore Laurent Hénart, maire radical de Nancy, ont directement interpellé le gouvernement sur la situation. Dans une lettre à l’attention du Premier ministre et du ministre des Solidarités et de la Santé rendue publique sur Twitter, Laurent Hénart, également Président du Conseil de surveillance du CHRU de Nancy, dénonce « la position totalement décalée » du patron de l’ARS. Une posture "sidérante" selon lui, qu’il illustre en filant cette métaphore présidentielle : « Le chef de l’État dit que nous sommes en guerre. En Guerre, quand les soldats sont dans la tranchée et que les bombes pleuvent, on ne compte pas les munitions. »
« Les plans de réorganisation sont suspendus »
La pression des élus a, semble-t-il, accéléré la chute du haut fonctionnaire. Le 5 avril, Olivier Véran recadre sèchement Christophe Lannelongue dans un tweet. « Tous les plans de réorganisation sont évidemment suspendus à la grande consultation qui suivra. » « L’heure viendra de tirer les enseignements de cette crise sans précédent et refonder notre Hôpital » poursuit le ministre. « Les plans de réorganisation des établissements de santé sont bien évidemment suspendus à la grande concertation qui devra être menée dans ce cadre » renchérit peu après Édouard Philippe par écrit, en réponse à Laurent Hénart.
« Malentendu »
« Il y a un malentendu » tient aujourd’hui à se justifier Christophe Lannelongue auprès de l’AFP. « À aucun moment, je n’ai remis en doute la légitimité du ministre de la Santé,(N.D.L.R.) à décider (…) puisqu’il a annoncé qu’il y avait bien suspension du projet et que la question serait reprise plus tard » a ajouté le haut-fonctionnaire, expliquant retourner à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Démis de ses fonctions, Christophe Lannelongue règle quelques comptes au passage, notamment avec le maire de la ville de Nancy.
Règlement de comptes
Avant la crise, Laurent Hénart, parmi d’autres, s’était montré favorable à cette réduction des effectifs et des lits censée accompagner le développement de l’offre ambulatoire de l’hôpital nancéen. Cette restructuration devait permettre à l’établissement de réduire drastiquement sa dette et d’assurer le déblocage d'importants investissements de l’État, étalés sur dix ans pour moderniser le CHRU.
Mais la crise du coronavirus est venue changer la donne. Laurent Hénart le confirme. « Cette crise change la place de l’hôpital, et on voit bien que l’on ne peut pas gérer le Covid-19 avec des soins ambulatoires » admet-il.
Dans les colonnes de Libération, l’ex directeur de l’ARS reproche aujourd’hui à Laurent Hénart, « en pleine campagne », d’avoir infléchi sa position à des fins électoralistes. « Laurent Hénart, maire radical de Nancy, qui est en mauvaise posture, est monté au créneau pour dénoncer mes « propos indécents ». Qu’y puis-je ? » tacle Christophe Lannelongue, en référence au ballottage défavorable de l'actuel maire de Nancy face à Mathieu Klein. « Elle est bien loin la campagne électorale » souffle l’édile.
« On se serait bien dispensé de ce bal des faux-culs »
Laurent Hénart se défend : « j’ai dit tout haut, ce que tout le monde pensait tout bas au CHRU. » Le Président du conseil de surveillance de l’hôpital nancéen précise avoir dénoncé les propos du directeur de l’ARS dans une lettre cosignée par le Directeur de la Commission médicale d’établissement. « Cette position reflétait donc, celle de tout l’établissement » insiste-t-il. Laurent Hénart fustige d’autant plus l’attaque de Christophe Lannelongue qu’il dit l’avoir averti par téléphone de son intention d’adresser un courrier au gouvernement pour faire part de son indignation. Selon lui, Christophe Lannelongue n'avait donc pas été « pris en traître. » « On se serait bien dispensé de ce bal des faux culs » grince le maire de Nancy.