Huile de palme : « Une aberration écologique et un coup bas pour nos agriculteurs » selon plusieurs sénateurs LR
Le blocage de 14 raffineries et dépôts de carburant, par des agriculteurs de la FNSEA, a débuté dimanche soir. Trois jours reconductibles de mobilisation sont programmés pour protester contre l’importation massive d’huile de palme en vue de fabriquer des biocarburants.

Huile de palme : « Une aberration écologique et un coup bas pour nos agriculteurs » selon plusieurs sénateurs LR

Le blocage de 14 raffineries et dépôts de carburant, par des agriculteurs de la FNSEA, a débuté dimanche soir. Trois jours reconductibles de mobilisation sont programmés pour protester contre l’importation massive d’huile de palme en vue de fabriquer des biocarburants.
Public Sénat

Par Maud Larivière

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), et les Jeunes agriculteurs (JA), ont appelé dimanche à mener une opération de blocage de 14 sites stratégiques de dépôts et raffineries de carburants, pour trois jours consécutifs, et reconductibles.

La raison de cette mobilisation ? Les deux syndicats dénoncent l’incohérence du gouvernement et son « double langage » sur les accords internationaux et les importations de matières premières. L’importation de l’huile de palme par Total à destination de la bioraffinerie de la Mède, est au centre des débats. « On nous demande beaucoup d'efforts pour améliorer nos produits, sur la qualité, sur l'environnement, ce qui occasionne des coûts supplémentaires. Et dans le même temps, nous subissons de plus en plus d'importations de produits qui faussent la concurrence, et ne correspondent pas aux standards sanitaires et environnementaux qu'on nous impose », explique à l'AFP Jérôme Despey, secrétaire général du syndicat FNSEA.

La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, s’est exprimée sur twitter :

 La FNSEA et les ONG environnementales exceptionnellement alignées

Nécessitant jusqu’à 650 000 tonnes de matières premières par an, la bioraffinerie de la Mède utilisera aussi d’autres huiles, dont 50 000 tonnes de « colza français », a promis début juin le PDG de Total, Patrick Pouyanné. Au total, sans jeux de mots, 300 000 tonnes de l’huile accusée de déforestation en Asie du Sud-Est, seront importées par l’entreprise française.

Chose rare, la FNSEA se retrouve, sur ce dossier, alignée avec les ONG environnementales, habituellement opposées au syndicat sur les dossiers phytosanitaires.

L’écologiste Yannick Jadot a d’ailleurs réagi par tweet pour souligner ce « miracle » :

 De son côté, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a annoncé lundi matin sur RTL, que le gouvernement ne « reviendrait pas » sur l’autorisation donnée à l’entreprise d’importer de l’huile de palme. Le ministre a informé qu’il recevra mardi les deux syndicats initiateurs du mouvement de protestation.

Le Sénat, dernier espoir des syndicats ?

La loi Alimentation va être examinée au Sénat à partir du 26 juin prochain. À cette occasion, le premier syndicat agricole demande que soit réintroduit un amendement sur l'interdiction d'importer toute denrée produite en utilisant des substances phytosanitaires interdites dans l'Union européenne. Le syndicat souhaite aussi que le gouvernement « renonce à son contingent d'importation d'huile de palme ».

Parallèlement, une cinquantaine de sénateurs LR ont signé une lettre ouverte à l’initiative de Jean Bizet, sénateur de la Manche, et à destination de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, le 7 juin dernier. Ils y dénoncent l’éloignement de ses « engagements, et de l’ambition environnementale qui forgeait » la « personnalité politique » du ministre. « Nous vivons ce feu vert accordé à Total, comme un renoncement vis-à-vis de nos impératifs écologiques et une contradiction avec un modèle agricole duquel est exigé proximité, qualité et durabilité » ont-ils écrit.

Brigitte Micouleau, sénatrice de la Haute Garonne, a publié la lettre :

Sophie Primas, sénatrice LR des Yvelines, non-signataire, dénonce de son côté, le privilège de la filière de palme à celle de la filière colza :

Pour Esther Benbassa, sénatrice rattachée au groupe communiste de Paris, la décision d’autoriser l’importation d’huile de palme à l’entreprise Total, relève d’un passe-droit de la part du gouvernement :

 

 

Dans la même thématique

Huile de palme : « Une aberration écologique et un coup bas pour nos agriculteurs » selon plusieurs sénateurs LR
3min

Politique

« Les politiques parlent des migrants comme si c’étaient tous des sauvages » s’insurge Louis Chedid

C’est un nom, une voix, des textes et des mélodies qui nous accompagnent depuis 50 ans. S’il chante l’amour, l’absence, et la mélancolie, parfois aux côtés de ses enfants, il reste d’abord un homme engagé contre les discours de haine. Auteur d' « Anne, ma sœur, Anne », ce descendant d’immigrés chrétiens libanais, réfugiés en Egypte, refuse que les populations immigrées soient caricaturées et instrumentalisées. Cette semaine, Louis Chedid est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.

Le

Huile de palme : « Une aberration écologique et un coup bas pour nos agriculteurs » selon plusieurs sénateurs LR
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Huile de palme : « Une aberration écologique et un coup bas pour nos agriculteurs » selon plusieurs sénateurs LR
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le