La fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), et les Jeunes agriculteurs (JA), ont appelé dimanche à mener une opération de blocage de 14 sites stratégiques de dépôts et raffineries de carburants, pour trois jours consécutifs, et reconductibles.
La raison de cette mobilisation ? Les deux syndicats dénoncent l’incohérence du gouvernement et son « double langage » sur les accords internationaux et les importations de matières premières. L’importation de l’huile de palme par Total à destination de la bioraffinerie de la Mède, est au centre des débats. « On nous demande beaucoup d'efforts pour améliorer nos produits, sur la qualité, sur l'environnement, ce qui occasionne des coûts supplémentaires. Et dans le même temps, nous subissons de plus en plus d'importations de produits qui faussent la concurrence, et ne correspondent pas aux standards sanitaires et environnementaux qu'on nous impose », explique à l'AFP Jérôme Despey, secrétaire général du syndicat FNSEA.
La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, s’est exprimée sur twitter :
La FNSEA et les ONG environnementales exceptionnellement alignées
Nécessitant jusqu’à 650 000 tonnes de matières premières par an, la bioraffinerie de la Mède utilisera aussi d’autres huiles, dont 50 000 tonnes de « colza français », a promis début juin le PDG de Total, Patrick Pouyanné. Au total, sans jeux de mots, 300 000 tonnes de l’huile accusée de déforestation en Asie du Sud-Est, seront importées par l’entreprise française.
Chose rare, la FNSEA se retrouve, sur ce dossier, alignée avec les ONG environnementales, habituellement opposées au syndicat sur les dossiers phytosanitaires.
L’écologiste Yannick Jadot a d’ailleurs réagi par tweet pour souligner ce « miracle » :
De son côté, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a annoncé lundi matin sur RTL, que le gouvernement ne « reviendrait pas » sur l’autorisation donnée à l’entreprise d’importer de l’huile de palme. Le ministre a informé qu’il recevra mardi les deux syndicats initiateurs du mouvement de protestation.
Le Sénat, dernier espoir des syndicats ?
La loi Alimentation va être examinée au Sénat à partir du 26 juin prochain. À cette occasion, le premier syndicat agricole demande que soit réintroduit un amendement sur l'interdiction d'importer toute denrée produite en utilisant des substances phytosanitaires interdites dans l'Union européenne. Le syndicat souhaite aussi que le gouvernement « renonce à son contingent d'importation d'huile de palme ».
Parallèlement, une cinquantaine de sénateurs LR ont signé une lettre ouverte à l’initiative de Jean Bizet, sénateur de la Manche, et à destination de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, le 7 juin dernier. Ils y dénoncent l’éloignement de ses « engagements, et de l’ambition environnementale qui forgeait » la « personnalité politique » du ministre. « Nous vivons ce feu vert accordé à Total, comme un renoncement vis-à-vis de nos impératifs écologiques et une contradiction avec un modèle agricole duquel est exigé proximité, qualité et durabilité » ont-ils écrit.
Brigitte Micouleau, sénatrice de la Haute Garonne, a publié la lettre :
Sophie Primas, sénatrice LR des Yvelines, non-signataire, dénonce de son côté, le privilège de la filière de palme à celle de la filière colza :
Pour Esther Benbassa, sénatrice rattachée au groupe communiste de Paris, la décision d’autoriser l’importation d’huile de palme à l’entreprise Total, relève d’un passe-droit de la part du gouvernement :