Hulot présente un “plan climat” pour concrétiser l’engagement de la France

Hulot présente un “plan climat” pour concrétiser l’engagement de la France

Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique, présente jeudi un "plan climat" qui doit dessiner la stratégie de la...
Public Sénat

Par Céline SERRAT et Catherine HOURS

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique, présente jeudi un "plan climat" qui doit dessiner la stratégie de la France pour limiter ses émissions de gaz à effet de serre et traduire en actes la volonté d'Emmanuel Macron de défendre l'accord de Paris.

Mardi, le Premier ministre Edouard Philippe a déjà annoncé ou confirmé des engagements du candidat Macron: fin des nouveaux permis d'exploitation d'hydrocarbures, convergence de la fiscalité essence et diesel avant 2022, montée en puissance de la fiscalité sur les émissions de CO2 ("compensation carbone") et division par deux des déchets mis en décharge d'ici à 2025.

Le Premier ministre a aussi fixé l'horizon 2050 pour arriver à une "neutralité carbone", c'est-à-dire pour que le niveau des émissions de gaz à effet de serre ne soit pas plus élevé que les émissions capturées (par les forêts ou d'autres procédés de captage à définir).

Ce nouvel objectif constitue un rehaussement de l'ambition qui jusqu'ici était de diviser par quatre les émissions françaises entre 1990 et 2050, avec une baisse de 40% en 2030.

"C'est la première fois que la France s'engage aussi clairement sur un objectif de neutralité carbone en 2050", a relevé le WWF France.

Le "plan climat" dévoilé jeudi par Nicolas Hulot doit préciser les leviers d'action que le gouvernement souhaite actionner en cohérence avec l'accord de Paris et les financements prévus. Il avait été promis début juin par le président de la République, souhaitant être à l'offensive après le retrait des Etats-Unis.

Reçues à l'Elysée, les ONG environnementales s'étaient dites "rassurées" mais sont impatientes de pouvoir jauger la détermination présidentielle avec des éléments concrets.

"On voudrait entrer +dans le dur+, on attend une déclinaison opérationnelle, un calendrier", résume Benoît Hartmann du CLER-Réseau pour la transition énergétique.

"La transition écologique repose largement sur la transition énergétique, il faut donc œuvrer pour réduire les besoins (en énergie) dans plusieurs secteurs: bâtiments, transports, industrie, consommation", explique-t-il.

- Des mesures pas tranchées -

Les ONG et les industriels des énergies renouvelables espèrent également des mesures (simplification réglementaire, appels d'offres, raccordements, etc.) pour accélérer le développement du secteur, alors que la France est en retard sur son objectif 2020 de 20% d'énergie renouvelable.

Sur la rénovation thermique des bâtiments, un chantier déjà engagé mais à un rythme trop lent, "on voudrait un calendrier et savoir quels financements vont être mobilisés", plaide Célia Gautier du Réseau action climat.

Les mesures que va présenter Nicolas Hulot ont reçu l'aval de Matignon mais d'autres ne sont pas encore tranchées.

Il s'agit par exemple de la taxe européenne sur les transactions financières, en gestation depuis des années, qu'Emmanuel Macron s'était engagé à faire aboutir cet été. Mais Bercy y est opposé, selon Armelle Le Comte d'Oxfam, reçue mardi au ministère de l'Economie.

Son produit, qui serait de l'ordre de 20 milliards d'euros annuels, serait en partie affecté à la transition énergétique et à l'aide à l'adaptation au changement climatique des pays pauvres.

"Macron nous avait agréablement surpris début juin à ce sujet, mais depuis, devant ses partenaires européens, il a changé de discours et souhaité attendre le Brexit pour instaurer cette taxe", déplore-t-on chez Oxfam.

Sur le volet nucléaire et la nécessaire fermeture de certains réacteurs pour respecter la loi sur la transition énergétique et ramener à 50% la part de l'atome dans la production d'électricité, une clarification est aussi attendue, mais pas forcément dès jeudi.

Il sera également question de chantiers à venir.

Pour favoriser les transports propres, des assises de la mobilité pourraient déboucher sur un projet de loi. Elisabeth Borne, la ministre des Transport, a aussi évoqué mercredi la piste d'une taxe sur les poids lourds, suscitant une vive réaction des transporteurs routiers.

L'accompagnement social de la fermeture annoncée des centrales à charbon est un autre défi à relever.

Enfin, la feuille de route de M. Hulot pourrait aborder l'ambition climatique européenne, insuffisante, et du rôle que la France veut jouer pour la rehausser.

Dans la même thématique

Paris: Senat Michel Barnier declaration politique generale
9min

Politique

Budget : entre les divisions du bloc central et l’absence de majorité, le 49.3 paraît inévitable

Les hausses d’impôt ciblées sur les grandes entreprises et les plus fortunés, annoncées par Michel Barnier, continuent de diviser la majorité relative. Frondeur en chef, Gérard Darmanin continue de profiter de sa liberté retrouvée en jouant sa propre partition, au risque d’affaiblir le premier ministre. Tous ne ferment pourtant pas la porte à la hausse de la fiscalité.

Le

Emmanuel Macron speech at Place des Cocotiers – Noumea
7min

Politique

Nouvelle-Calédonie : « Ne pas convoquer le Congrès est un signe d’apaisement, mais cela suscite aussi beaucoup d’interrogations »

Le Premier ministre a indiqué que la réforme constitutionnelle sur le corps électoral de Nouvelle-Calédonie, élément déclencheur des violences dans l’archipel, « ne sera pas soumise » au Congrès. Si cette annonce a soulevé la colère de certains membres du camp présidentiel, de nombreux élus, indépendantistes ou loyalistes, saluent la volonté d’apaisement affichée par le nouveau gouvernement.

Le

Karoutchi
2min

Politique

Tribune de sénateurs LR en soutien à Bruno Retailleau : « L’Etat de droit n’est pas immuable. Il évolue avec les lois que l’on vote », justifie Roger Karoutchi

Les sénateurs Les Républicains vont publier une tribune en soutien à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, après la polémique sur l’Etat de droit qui ne serait « pas intangible, ni sacré ». Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine, l’a co-signée. Pour lui, l’Etat de droit « n’est pas immuable » et « l’expression populaire peut le faire évoluer ».

Le

Hulot présente un “plan climat” pour concrétiser l’engagement de la France
2min

Politique

Taxation exceptionnelle sur les grandes entreprises : « Que de temps perdu », regrette la gauche du Sénat

Depuis un forum à Berlin, Emmanuel Macron a estimé mercredi qu’une « taxation exceptionnelle sur les sociétés », telle qu’annoncée par le gouvernement de Michel Barnier, était « bien comprise par les grandes entreprises » mais qu’elle devait être « limitée ». La veille, Michel Barnier avait annoncé aux députés, lors de son discours de politique générale, qu’une participation serait demandée aux « grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et aux « Français les plus fortunés », au nom de la « justice fiscale ». Cette taxation exceptionnelle a été confirmée par le Premier ministre au Sénat, ce mercredi. A la sortie du discours de politique générale, le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard reste prudent. « On verra le montant et l’orientation de cette mesure. Mais une taxation sur les superprofits, c’est quelque chose qu’on a portée et qu’on continue à porter. Que de temps perdu pour se rendre compte qu’on avait besoin d’un peu de justice fiscale », a-t-il regretté sur le plateau de Public Sénat. A ses côtés, la présidente du groupe communiste, Cécile Cukierman s’interroge sur le rôle joué par Emmanuel Macron en cette période inédite. « Ce qui est étonnant, c’est que le Président donne son avis sur un débat qui doit se dérouler entre le gouvernement et le Parlement. Ce serait bien qu’il ne commente pas chaque mesures qui n’ont pas été encore votées d’ailleurs et qui laisse le Parlement faire son travail ».  

Le