Blois: Olivier Faure meeting at the end of Socialist Party summer university 2024

Hypothèse Cazeneuve à Matignon : la position du PS suspendue à la décision du bureau national

Toujours pas de Premier ministre. Ce matin, l’hypothèse de Xavier Bertrand galopait en tête, après l’appel d’Emmanuel Macron à Bruno Retailleau, Gérard Larcher et Laurent Wauquiez. Mais la promesse de censure du RN a fait perdre de la crédibilité à cette option. Reste alors la possibilité de nommer Bernard Cazeneuve. Une hypothèse testée par le Président, qui a contacté un à un tous les partis du NFP depuis dimanche. L’ancien socialiste pourrait ne pas être censuré par le RN, mais il provoque de sérieux remous au sein du NFP et plus particulièrement du Parti socialiste. Ce dernier doit tenir ce soir un bureau national, pour discuter de la stratégie à tenir. Un moment décisif ?
Mathilde Nutarelli

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On dit que les blagues les plus courtes sont les meilleures. Celle sur la nomination d’un ou une Première ministre ne fait plus rire grand monde. Surtout pas la gauche. Le nom de Lucie Castets, proposé en commun par les socialistes, les verts, les insoumis et les communistes a été refusé par le président. Depuis, c’est ballon d’essai après ballon d’essai. Si le nom de Thierry Beaudet, expérimenté hier, n’a pas fait long feu, il y en a deux qui tiennent la dragée haute : Xavier Bertrand, l’actuel président de la région Hauts-de-France, et Bernard Cazeneuve, ex-socialiste et ancien Premier ministre de François Hollande. Si tous les membres du Nouveau front populaire sont unanimes sur la censure de Xavier Bertrand, c’est sur le nom de Bernard Cazeneuve que se cristallisent toutes les tensions, en particulier au Parti socialiste.

L’hypothèse Xavier Bertrand semble avoir peu de chances d’aboutir

Annoncée ce matin, au détour d’un article dans le Parisien, l’hypothèse Xavier Bertrand semble avoir peu de chances d’aboutir. C’est Emmanuel Macron qui, ce matin a appelé les présidents du Sénat et des deux groupes LR à l’Assemblée nationale et au Sénat, Gérard Larcher, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, pour recueillir leur avis sur l’hypothèse Xavier Bertrand à Matignon. Leur validation a été donnée, à condition qu’il ne soit pas censuré et que leur pacte législatif soit respecté, entre autres que la réforme des retraites ne soit pas abrogée.

Mais la perspective d’une non-censure de Bertrand à Matignon a été de courte durée. En effet, la gauche a promis de censurer tout projet ne contenant pas ses axes programmatiques, et en particulier la « ligne rouge des lignes rouges », l’abrogation de la réforme des retraites. « Xavier Bertrand reste un homme de droite », juge Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat, « s’il est choisi, ce n’est pas pour appliquer le programme du NFP ».

Quelques heures plus tard, c’est le Rassemblement national qui assure qu’il censurerait un gouvernement de Xavier Bertrand. Un macroniste de la première heure l’assure : dès lors, l’hypothèse Bertrand tombe à l’eau.

L’hypothèse Cazeneuve revient sur le devant de la scène

Celle qui reste, alors, est la nomination de Bernard Cazeneuve. Elle peut paraître attrayante pour Emmanuel Macron, d’une part, parce qu’elle fracturerait le Nouveau front populaire. En effet, l’hypothétique entrée de Bernard Cazeneuve à Matignon fait déjà des remous au Parti socialiste. Depuis les universités d’été du parti la semaine dernière à Blois, deux lignes s’affrontent au sein du parti à la rose : celle portée par le premier secrétaire Olivier Faure, artisan du NFP, qui plaide pour l’investiture de Lucie Castets et ne souhaite pas retourner négocier avec Emmanuel Macron. L’autre, portée par Hélène Geoffroy, la maire de Vaulx-en-Velin, et Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, souhaite poursuivre les négociations, en vue d’un « gouvernement de cohabitation » avec Emmanuel Macron. Depuis que le nom de Bernard Cazeneuve circule, ces derniers soutiennent sa candidature, à condition qu’un certain nombre de « lignes rouges » soient respectées dans son programme de gouvernement, dont l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation du smic ou encore une refonte de la politique fiscale. Ces derniers sont également très critiques envers la France Insoumise, et plaident pour un éloignement de cette force politique, pour se rapprocher du petit parti de Raphaël Glucksmann, Place publique.

Un bureau national du PS très attendu ce soir

Aujourd’hui encore, alors qu’Emmanuel Macron a appelé les socialistes, les insoumis et les écologistes dans la journée, les communistes ayant déjà été contactés dimanche, pour reprendre les négociations, l’hypothèse Cazeneuve fait des vagues au PS. Un bureau national se tient ce soir, et il s’annonce difficile. En prévision, Hélène Geoffroy a envoyé un SMS à Olivier Faure, lui demandant d’organiser un vote sur la non-censure d’un gouvernement de cohabitation de Bernard Cazeneuve. L’issue de ce vote est plus qu’incertaine. Au Sénat, une réunion de groupe a eu lieu par visioconférence dans l’après-midi. S’il existe un consensus sur les fameuses lignes rouges programmatiques nécessaires pour une non-censure, il y a débat sur l’opportunité d’une participation au gouvernement. Le groupe est partagé entre ceux qui considèrent qu’y participer serait tomber dans le piège d’Emmanuel Macron, et qu’il ne faudrait pas soutenir Bernard Cazeneuve s’il accepte le poste sans y associer le NFP. Le reste pense qu’il est opportun de soutenir ce Premier ministre, qualifié d’ « homme de gauche » par ses soutiens au PS. La ligne sera tranchée ce soir lors du bureau national.

La question qui se pose à ce stade, concerne la réaction des autres groupes de gauche à la nomination de Bernard Cazeneuve, si les fameuses lignes rouges sont respectées. « Quand on dit quelles sont les lignes rouges : l’abrogation de la réforme des retraites, le smic à 1 600 €, une politique du pouvoir de vivre, … Ce sont des choses qui ont été travaillées par une coalition et qui ont obtenu des voix », répond Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat, « qu’il y ait des adaptations sur le programme, oui. Mais c’est Lucie Castets qui a été choisie par la coalition arrivée en tête, alors pourquoi ne pas la nommer elle ? ». Pas vraiment encourageant pour Bernard Cazeneuve. De leur côté, les Insoumis ont fait savoir par leur présidente à l’Assemblée Mathilde Panot qu’ils censureraient un gouvernement de l’ex Premier ministre.

Plus surprenant, le Rassemblement national a fait savoir qu’il ne censurerait pas automatiquement un gouvernement Cazeneuve. En sortant la calculatrice, c’est donc pour l’instant cette hypothèse qui a le plus de chances de ne pas être censurée. A l’unique condition que les socialistes ne censurent pas. Ce qui fait dire à un proche du Président que sa décision est suspendue aux conclusions du bureau national de ce soir. Heureusement, les Français ont montré depuis le mois de juillet que la patience était l’une de leurs qualités.

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