Le pédiatre et immunologue Alain Fischer, chargé de conseiller le gouvernement sur la campagne vaccinale, entend redorer le blason du vaccin AstraZeneca, qui fait l’objet selon lui d’une « polémique injuste, non scientifiquement fondée ». Auditionné par les sénateurs de la commission des affaires sociales ce 10 mars 2021, le président du Conseil d’orientation sur la stratégie vaccinale a particulièrement visé les professionnels de santé, chez qui le vaccin britannico-suédois peine à convaincre.
Le syndicat national des personnels infirmiers considère qu’il n’est pas « le plus adapté » pour « une population aussi exposée que les soignants ». Alain Fischer a rappelé que de nouvelles données en Grande-Bretagne, issues de « centaines de milliers de personnes vaccinées », viennent aujourd’hui contredire ce discours. Ces analyses montrent, d’après lui, que « ce vaccin est aussi efficace que le vaccin de Pfizer pour obtenir une protection à l’égard des hospitalisations, donc des formes graves de la maladie, y compris chez les personnes âgées. »
Troisième vaccin contre le covid-19 autorisé par l’Agence européenne du médicament, après ceux de Pfizer-BioNTech et de Moderna, AstraZeneca a été étendu début mars en France pour une vaccination des plus de 65 ans. « C’est parfaitement justifié de par son efficacité », a insisté le médecin devant la commission du Sénat, qui veut casser sa mauvaise image. « Il reste à continuer de convaincre d’abord les professionnels de santé eux-mêmes, les médecins généralistes, à vacciner avec cet AstraZeneca, et la population concernée qu’il n’y a pas de perte de chances en étant vacciné par l’AstraZeneca, comparé à une vaccination par le vaccin Pfizer. »
« J’ai l’impression que la progression de la vaccination des professionnels de santé s’améliore »
« C’est très important que tout le monde en soit convaincu pour la bonne marche de la campagne vaccinale », a-t-il insisté. Pour le seul mois de mars, près de cinq millions de doses du laboratoire AstraZeneca sont attendues en France.
Quelques signaux encourageants sont néanmoins apparus des derniers jours. « J’ai l’impression que la progression de la vaccination des professionnels de santé s’améliore et que cet obstacle est, je l’espère, derrière nous mais ce n’est pas tout à fait sûr », a confié Alain Fischer, alors que s’est ouvert le débat d’une vaccination obligatoire.
Le principal frein, notamment chez les soignants entre 20 et 40 ans, provient des risques d’effets indésirables temporaires qui suivent l’injection (la réactogénicité). Parfois, un syndrome de type grippal se manifeste pendant 48 heures. « Ce n’est pas tout le monde, c’est transitoire, ce n’est pas grave, c’est désagréable, et surtout, ça peut se prévenir en grande partie avec le paracétamol », a rappelé Alain Fischer. « Il y a un effort de conviction à faire notamment à l’égard des jeunes professionnels de santé qui n’avancent pas assez vite dans l’acceptation de cette vaccination. »
L’heure est donc encore à la pédagogie. Mais Alain Fischer a rappelé quel était le débat susceptible de s’ouvrir si cette stratégie ne portait pas ses fruits. « Comme vous le savez, il y a en l’air la discussion éventuelle d’une obligation de vaccination chez les professionnels de santé si on n’obtenait pas des chiffres satisfaisants, compte tenu du caractère absolument fondamental de la vaccination des professionnels de santé pour le bon fonctionnement du système de santé, pour éviter les infections nosocomiales, bref pour des raisons éthiques et pratiques de santé publique absolument évidentes. »