« Il y a la volonté de mettre face à face l’ordre et le chaos », accuse Olivier Faure
Après les violences qui ont éclaté lors de manifestations contre la réforme des retraites, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure pointe un « problème de doctrine du maintien de l’ordre ». Le député annonce que son groupe pourrait demander une commission d’enquête sur les agissements des BRAV-M, les brigades de répression des actions violentes motorisées.

« Il y a la volonté de mettre face à face l’ordre et le chaos », accuse Olivier Faure

Après les violences qui ont éclaté lors de manifestations contre la réforme des retraites, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure pointe un « problème de doctrine du maintien de l’ordre ». Le député annonce que son groupe pourrait demander une commission d’enquête sur les agissements des BRAV-M, les brigades de répression des actions violentes motorisées.
Guillaume Jacquot

Par Public Sénat

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A la veille d’une dixième journée contre la réforme des retraites, Olivier Faure se dit « confiant » sur l’affluence des cortèges de ce nouveau mardi social. « Je vois que les gens continuent d’être très mobilisés, très en colère contre ce pouvoir qui n’écoute rien », déclare le premier secrétaire du Parti socialiste ce 27 mars, dans Audition publique, l’émission politique hebdomadaire de Public Sénat et LCP-AN en partenariat avec Le Figaro Live.

Optimiste sur l’état de la mobilisation, le député socialiste s’inquiète en revanche sur les conditions dans lesquelles est assuré le maintien de l’ordre. « Aujourd’hui, il y a un problème de doctrine du maintien de l’ordre », reproche-t-il, en ciblant notamment le comportement des BRAV-M, les brigades de répression des actions violentes motorisées. S’il convient que des black blocks se « mêlent aux manifestants », rien ne justifie selon lui « les tabassages en règle » et les arrestations de jeunes « qui n’ont rien à se reprocher ». « Ça ne suppose pas de taper dans le tas », conteste le parlementaire, citant les témoignages vidéos ayant documenté le comportement de certaines unités policières. Il précise qu’il « condamne » les « activistes qui sont là pour s’en prendre aux forces de l’ordre et aux biens publics » mais refuse le mélange avec « ceux qui sont là pour manifester qui malheureusement sont pris à partie, et qui n’y sont pour rien ».

« Si vous voulez en finir avec le désordre, il faut remettre de l’ordre, et de l’ordre social d’abord »

Olivier Faure s’interroge ce soir sur la responsabilité de ces actes, dans une allusion mettant en cause le gouvernement. Est-ce un agissement isolé des BRAV-M « de leur plein gré, et sans aucun commandement » ? Ou bien est-ce que la situation profite au gouvernement ? « Je vous pose la question », demande le socialiste. Et de poursuivre : « Je pense qu’il y a aujourd’hui la volonté de mettre face à face l’ordre et le chaos, et le chaos serait incarné par les manifestants, et l’ordre par le pouvoir en place. »

Dans le prolongement de ses questions, le député PS épingle également la taille du dispositif de sécurité à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), où de violents affrontements ont opposé manifestants et membres des forces de l’ordre ce week-end, à proximité d’un chantier de méga-bassines. « Si je sais qu’il y a des activistes qui cherchent à en découdre, je ne donne pas les moyens d’en découdre », pointe-t-il du doigt.

Alors que le ministre de l’Intérieur dénonce « le cynisme et la bordélisation souhaitée par une partie de l’extrême gauche », Olivier Faure renvoie la critique, estimant que le désordre est avant tout la conséquence de « l’injustice créée par ce projet de loi [de réforme des retraites] ». « Si vous voulez en finir avec le désordre, il faut remettre de l’ordre, et de l’ordre social d’abord. C’est comme ça que vous aurez le reste », conseille-t-il à l’exécutif. Et d’ajouter : « Il faut aussi ne pas générer soi-même les conditions qui conduisent à la violence. »

« Ce n’est pas normal d’avoir le retour des voltigeurs »

Réclamant un organe indépendant pour enquêter sur les policiers accusés de violences — ce que l’IGPN (Inspection générale de la Police nationale) ne peut pas, selon lui — le député propose d’aller plus loin. « Il faudra au moins une commission d’enquête parlementaire », demande-t-il. Les socialistes à l’Assemblée nationale disposent encore d’ailleurs de leur droit de tirage pour installer une commission de leur choix. À condition que son champ soit recevable, car il est impossible pour des parlementaires d’enquêter sur des faits qui font déjà l’objet d’une procédure judiciaire. Or, ces derniers jours, des parlementaires socialistes ont saisi le procureur au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale, sur les comportements de la BRAV-M. « Pour l’instant, je voudrais savoir ce sur quoi on peut enquêter », temporise Olivier Faure.

Le député insiste cependant sur la nécessité « d’aller jusqu’au bout ». « Ce n’est pas normal d’avoir le retour des voltigeurs, de sinistre mémoire, qui étaient à l’origine de la mort de Malik Oussekine », alerte-t-il, en référence aux policiers responsables de la mort d’un étudiant de 22 ans en 1986.

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