Alors qu’arrive le budget 2025 au Sénat, le président de la commission des finances, le socialiste Claude Raynal, « pose sur la table » l’idée d’une surtaxe temporaire qui viserait les 20 % les plus riches. De quoi rapporter 3 milliards d’euros par an.
« Il y a une dérive » sur le recours aux cabinets de conseil par le gouvernement, estime Éliane Assassi
Par Guillaume Jacquot (Propos recueillis par Quentin Calmet)
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Encore une semaine bien remplie pour la commission d’enquête du Sénat et son travail de fourmi consacré à l’influence des cabinets de conseil. Plusieurs ministres ont été auditionnés sous serment sur le recours accru au privé pour des missions de conseil en matière de logistique, de stratégie ou encore d’études comparatives (retrouvez nos articles sur cette commission d’enquête). C’est ainsi qu’ont défilé devant les sénateurs le ministre de la Santé Olivier Véran, la ministre des Armées Florence Parly, ou encore le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O. Deux semaines avant, la ministre de la Fonction et de la Transformation publiques, Amélie de Montchalin avait également eu droit à une séance de questions, puisqu’elle chapeaute la direction en charge du contrat-cadre, qui régit une partie des relations contractuelles entre les cabinets et l’administration.
Invité de notre rendez-vous « En direct du Sénat » ce 3 février 2022, la rapporteure (communiste) de la commission d’enquête, Éliane Assassi a fait le point sur ses impressions. « Ils ont du mal à trouver les arguments pertinents et justes qui pourraient expliquer que notre administration ait besoin de cabinets de conseil », relate-t-elle, ajoutant que « les uns et les autres sont sur la défensive ». « Nous avons des éléments. On sait très bien qu’il y a eu un recours exponentiel ces dernières années aux cabinets privés par le gouvernement ».
« Il y a encore des choses à creuser »
Le président de la commission, Arnaud Bazin et Jérôme Bascher (tous deux LR) se sont notamment étonnés hier, lors de l’audition d’Olivier Véran, de la confusion des genres avec l’intégration de consultants directement dans les équipes des ministères. « Est-ce qu’on laisse la main au privé ou est-ce que c’est notre gouvernement, l’Etat et notre administration qui tracent les lignes de nos politiques publiques ? Or, on s’aperçoit qu’il y a une ligne de crête. On passe facilement de l’autre côté et c’est ça que nous reprochons », résume ainsi la rapporteure. D’autant que d’autres questions se posent : des enjeux de souveraineté, de déontologie ou encore budgétaires.
« On doit se préoccuper de l’argent public », insiste la parlementaire, heurtée au cours de plusieurs auditions par le montant des facturations de certaines facturations. L’exemple de cette étude comparative sur les « évolutions du métier d’enseignant », commandée par le ministère de l’Education nationale au cabinet américain McKinsey pour un montant de 496 000 euros, a fait le tour des réseaux sociaux. Hier, la rapporteure a insisté sur le prix des missions de coordination du cabinet pour le ministère de la Santé ou Santé publique France. « Je pense effectivement qu’il y a une dérive […] Je suis désolée, participer à des réunions à 9 heures et à 15 heures pour un coût exorbitant, ça interroge bien évidemment. »
Si elle partage son ressenti, Éliane Assassi ne souhaite pas pour le moment tirer des conclusions formelles, d’autant qu’un mois et demi de travaux la sépare encore de la remise du rapport. « Je ne veux pas conclure les travaux de la commission avant qu’elle ne soit terminée […] J’ai un sentiment, mais je veux le confronter à l’avis des autres membres. Je tiens beaucoup à ça […] Il y a encore des choses à creuser. »