« C’est du beau travail ça, non ? » Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, affichait un large sourire ce mardi en fin d’après-midi dans la vaste salle des Conférences qui jouxte l’hémicycle du Sénat. À quelques minutes du vote de la Haute assemblée sur les conclusions de la commission mixte paritaire (CMP) consacrée au projet de loi immigration, le Vendéen avait de quoi se réjouir : une large partie des lignes rouges fixées par la majorité sénatoriale de droite et du centre sur ce texte ont été préservées dans la négociation. Au point que le durcissement du projet de loi initialement imaginé par le gouvernement pourrait faire vaciller une majorité présidentielle hétérogène.
« On a eu de belles victoires, mais la vraie victoire c’est, je pense, pour les Français. Près de 80 % des Français nous demandent de la fermeté, 80 % pensent qu’il y a trop d’immigration en France », note Bruno Retailleau auprès de Public Sénat.
« Marine Le Pen veut voler la victoire »
Le Rassemblement national a indiqué qu’il soutiendrait le texte, son président Jordan Bardella a même évoqué une « victoire idéologique », alors que le texte introduit pour les étrangers un délai de carence sur certaines allocations sociales, ce que d’aucuns qualifient de « préférence nationale », un thème cher à l’extrême droite.
« Marine Le Pen veut voler la victoire. Mais la vérité est très simple. Dès la lecture au Sénat, les représentants du Rassemblement national se sont opposés au texte », veut rappeler Bruno Retailleau.
Une « différence fondamentale entre des citoyens nationaux et des gens qui viennent de l’extérieur »
« Arrêtons le scandale sur le fait que la priorité nationale rentre dans la loi et que c’est une victoire idéologique pour le RN ! Non. La priorité nationale au sens de Madame Le Pen, c’est de réserver les allocations familiales exclusivement aux Français. Nous, nous avons un temps de carence, tout simplement parce que l’on considère que lorsque l’on rentre dans la communauté nationale, eh bien, il y a un équilibre entre les devoirs et les droits », explique le sénateur.
« Les Français en ont marre de payer de plus en plus souvent pour des services publics qui sont de moins en moins performants », poursuit Bruno Retailleau. « Et je pense qu’il faut une différence. C’est naturel, c’est la différence fondamentale entre des citoyens nationaux et des gens qui viennent de l’extérieur », conclut-il.