Immigration : « C’est parce que cette question est sensible qu’il faut faire un référendum », demande Bruno Retailleau

A la sortie des questions d’actualité au gouvernement du Sénat, le patron des sénateurs LR a répondu à Gérald Darmanin qui a qualifié les propositions de la droite en matière d’immigration « de Frexit migratoire ». « On ne peut pas être les idiots utiles d’une forme d’européisme », lui a répondu Bruno Retailleau qui appelle à un référendum sur cette question.
Simon Barbarit

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

A la sortie des questions d’actualité au gouvernement, Bruno Retailleau a une nouvelle fois expliqué en quoi consiste « le projet de rupture » de la droite en matière d’immigration. Depuis la présentation dans le JDD des deux propositions de loi de son parti sur l’immigration, plusieurs points interrogent jusqu’au sein de la majorité sénatoriale de la droite et du centre.

Le ministre de l’Intérieur l’a bien compris et enfoncé ce coin aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat. « Vous proposez pour certaines dispositions de sortir de la Convention de Genève, de sortir des traités de l’Union européenne, de sortir du Conseil de l’Europe, de sortir de la CEDH… c’est une question importante que ce Frexit migratoire […] « Nous n’avons pas encore vu les deux textes proposés par les LR. Nous avons compris qu’ils ne faisaient pas totalement consensus avec les centristes », a relevé Gérald Darmanin.

« Il ne s’agit pas de Frexit »

Une référence à un point précis de l’interview du président du groupe LR du Sénat dans les colonnes du JDD ou il déclare vouloir « inscrire dans Constitution la possibilité de déroger à la primauté des traités et du droit européen avec une loi organique, votée dans les mêmes termes par les deux assemblées ou approuvée par référendum quand les intérêts fondamentaux de nation sont en jeu ».

Une nouvelle fois, Bruno Retailleau a précisé cette proposition. « Il ne s’agit pas de Frexit », a assuré le sénateur de Vendée prenant l’exemple « d’une jurisprudence qui s’écarte des traités européens », celle d’un arrêt de la Cour de Justice européenne de 2021 sur le temps de travail des militaires. Le juge européen avait considéré que les militaires français pouvaient être soumis au même droit du travail que n’importe quel autre citoyen européen. Bruno Retailleau estime que la Cour de Justice européenne était à l’époque « sortie des traités ». Car l’article 4 du Traité de Lisbonne précise que la sécurité nationale « reste de la seule responsabilité de chaque État membre ».

« On ne peut pas être les idiots utiles d’une forme d’européisme »

« Là où il n’y a pas de compétence européenne, il ne peut pas y avoir de primauté du droit européen. Donc, il arrive à des juges de se tromper […] On ne peut pas être les idiots utiles d’une forme d’européisme qui transgresse un certain nombre de frontières juridiques ».

Ce mercredi, Bruno Retailleau, son homologue à l’Assemblée Olivier Marleix et Éric Ciotti, le président du parti, ont adressé un courrier à Emmanuel Macron lui demandant une révision de la Constitution afin de ne plus être soumis aux décisions des juridictions européennes en matière d’immigration. « C’est parce que cette question est sensible qu’il faut faire un référendum. Il ne faut pas la laisser à d’autres qu’au peuple Français. Car d’autres partis plus extrêmes s’en saisissent et prospèrent sur cette question-là ».

Bruno Retailleau a rappelé vouloir réviser la Constitution pour élargir les conditions du recours au référendum de l’article 11 de la Constitution, qui actuellement ne peut porter que sur l’organisation des pouvoirs publics, les réformes relatives à la politique économique et sociale et aux services publics qui y concourent, et sur la ratification des traités internationaux. « Je souhaite que dans l’article 11, on puisse consulter les Français. Qu’un référendum puisse avoir lieu sur le sujet de l’immigration ».

Enfin, le président de LR est revenu sur les réticences de ses alliés centristes sur plusieurs de ses propositions. Et préfère voir le verre à moitié plein rappelant le travail mené en commission des lois lors de l’examen du projet de loi du gouvernement. « On a (voté) l’arrêt de l’aide médicale d’Etat. On a (voté) la transformation profonde du titre de séjour pour les étrangers malades. On a (voté) le principe des quotas. On est capables d’avancer très loin, c’est ça la négociation ».

Bruno Retailleau met ici de côté le souhait des centristes à l’époque de conserver et d’amender le volet régularisation du texte, soit la création d’un titre de séjour pour les travailleurs sans-papiers dans les « métiers en tension » et la possibilité pour les demandeurs d’asile de travailler dès le dépôt de leur demande de régularisation auprès de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides). Deux lignes rouges pour la droite sénatoriale qui handicapait les chances de voir le texte adopté par la chambre haute.

 

 

 

 

 

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Immigration : « C’est parce que cette question est sensible qu’il faut faire un référendum », demande Bruno Retailleau
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Immigration : « C’est parce que cette question est sensible qu’il faut faire un référendum », demande Bruno Retailleau
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le