Immigration : « Emmanuel Macron est en train de perdre son âme », tacle Patrick Kanner

Au micro de Public Sénat, Patrick Kanner, chef de file des socialistes du Sénat alerte sur la droitisation des débats de la commission mixte paritaire (CMP) rassemblée depuis lundi autour du projet de loi immigration. Il dénonce un « jeu de dupes », entre LR et la majorité présidentielle.
Romain David

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Les travaux de la commission mixte paritaire (CMP) sur le projet de loi immigration ont repris ce mardi matin après une nuit de suspension, tandis que les bases d’un accord sur l’épineuse question des aides au logement (APL) semblent avoir été trouvées. Alors que les LR souhaitent introduire pour les étrangers un délai de carence de cinq années de présence sur le territoire avant qu’ils ne puissent toucher des prestations sociales non contributives, les macronistes souhaitent exclure les APL de ce dispositif. Pour de nombreux commentateurs, notamment à gauche de l’échiquier politique, ce mécanisme introduirait dans la loi une forme de « préférence nationale », l’un des chevaux de bataille de l’extrême droite.

« C’est terrible ce qu’il s’est passé hier », réagit auprès de Public Sénat Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat, et l’un des membres suppléants de la CMP. « Les mêmes qui avaient dénoncé cette logique de préférence nationale par des amendements de suppression en commission des lois à l’Assemblée nationale, les mêmes ont défendu ces mesures », pointe l’ancien ministre de François Hollande. « C’est un jeu de dupes, une mascarade absolue ce qu’il s’est passé. « On est en train de servir la soupe au Rassemblement national ».

> Immigration : suivre notre direct sur les négociations entre députés et sénateurs

« Crise de régime »

« Une nouvelle digue est en train de tomber. Et une nouvelle étape dans la normalisation des idées d’extrême droite a déjà été franchie », écrit le journal Le Monde ce mardi matin. Si la question des APL continue de faire blocage, la majorité présidentielle semble désormais ouverte à l’idée d’un conditionnement. « Nous avons un vrai souci aujourd’hui de positionnement de la majorité présidentielle », alerte Patrick Kanner, qui évoque « une véritable crise de régime ».

« J’ai envie d’appeler mes anciens collègues socialistes qui sont passés à la macronie : ouvrez les yeux les amis, vous soutenez un gouvernement qui est en train de faire une alliance potentielle avec LR, qui lui-même fait alliance avec le RN ! », alerte le sénateur.

Si la CMP parvient à trouver un accord ce mardi, les votes finaux auront lieu à 19 heures au Sénat et à 21h30 l’Assemblée. Reste à savoir si l’aile gauche de la majorité, farouchement opposée à la version du texte élaborée par le Sénat, et qui sert de base aux négociations en l’absence de texte voté par les députés, pourra se satisfaire du compromis trouvé en CMP. « La question est : qui est le marionnettiste ? On le sera à la fin des débats. Aujourd’hui les LR pensent avoir écrit le texte, les macronistes pensent avoir manipulé les LR. Mais ce sont les valeurs de la République qui sont remises en cause aujourd’hui dans ce pays », déplore Patrick Kanner.

« Emmanuel Macron, de manière irresponsable, veut un accord à tout prix. Il devrait se souvenir de la phrase de Michel Noir (ancien maire RPR de Lyon, ndlr) : ‘Il vaut mieux perdre une élection que son âme’. Emmanuel Macron est en train de perdre son âme pour des calculs politiques qui sont absolument insupportables au regard des enjeux qui sont les nôtres », conclut le sénateur du Nord.

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le

Immigration : « Emmanuel Macron est en train de perdre son âme », tacle Patrick Kanner
2min

Politique

Assassinat du petit frère d’Amine Kessaci : revoir le documentaire sur le combat contre le narcotrafic du militant marseillais 

Mehdi, le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. En 2020, c’est l’assassinat de son grand frère Brahim, qui avait conduit le jeune garçon à s’engager en politique. Son parcours est le sujet du documentaire « Marseille, des larmes au combat », Anaïs Merad, à revoir sur Public Sénat.

Le