Après l’adoption du projet de loi immigration, Emmanuel Macron a pris la parole sur France 5, dans l’émission « C à vous », ce mercredi soir. Face aux critiques suscitées par le texte et la division qu’il a créée au sein de la majorité, sa parole était attendue.
Emmanuel Macron « respecte » la décision d’Aurélien Rousseau de démissionner
Alors que le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a démissionné du gouvernement pour dénoncer un texte trop dur, il a dit « respecter » sa décision, comme il a « beaucoup de respect pour tous les députés qui ont voté pour une loi, dont ils n’aiment pas toutes les dispositions, mais qui ont considéré au fond que c’est un bouclier pour le pays ». Malgré les divisions, il estime qu’il n’y a pas de « rupture » avec sa majorité.
Il a défendu le projet de loi adopté, « fruit d’un compromis », même s’il ne trouve pas « formidable » certaines mesures. Il reconnaît que le texte a été « durci » par le Sénat. « La caution demandée aux étudiants étrangers, je pense que ce n’est pas une bonne idée », dit-il, « après, ça peut se retravailler ». Mais « est-ce que les dispositions qui ne plaisaient pas, valaient de dire on ne fait pas de texte ? C’est ça un choix en conscience. En conscience, ça reste un texte utile », soutient Emmanuel Macron.
« Il y a un problème d’immigration dans le pays »
Pour le chef de l’Etat, le texte ne comporte pas de mesure du RN, ni préférence nationale, ni remise en cause du droit du sol. « Ce n’est pas vrai que ce sont des dispositions qui sont de nature RN. Sinon, vous avez des dispositions de nature RN déjà, avec le RSA ou la prime d’activité », car « il faut être en France depuis 5 ans pour les toucher », rétorque le locataire de l’Elysée. Il ajoute que « ce texte va permettre des régularisations, entre 7.000 et 10.000, de personnes qui travaillent », alors que le RN, qui a voté pour le projet de loi, ne voulait pas de régularisations.
« Est-ce qu’il y a une préférence pour les emplois ? Non. Une simplification des licenciements pour les étrangers ? Non », continue le président de la République. Au final, « bien sûr que c’est une défaite du RN », soutient Emmanuel Macron.
Il soutient être à l’écoute du « réel », avant d’affirmer qu’« il y a un problème d’immigration dans le pays car il y a trop d’immigration clandestine, car ça crée des pressions. […] Mais je ne crois pas qu’on soit dépassés par l’immigration ». « Il n’y a pas de submersion, non, je n’ai jamais utilisé ces termes, mais on a des vrais problèmes d’immigration. Il y a plus de pression migratoire qu’il y a dix ans dans le pays. Et oui, ça fait pression sur notre système », ajoute-t-il encore.
Régularisations : « Le droit opposable, ce n’était pas sérieux »
Sur les régularisations, Emmanuel Macron affirme au passage que « le projet de départ aurait été censuré par le Conseil constitutionnel ». « Certains ne voulaient pas de contrôle du préfet. C’était impossible, on vous crée un droit opposable. […] Ça, ce n’est pas sérieux », avance le Président, ajoutant que « le droit opposable […] ce n’était pas sérieux », « c’était une bonne chose de corriger le texte initial », en prévoyant le pouvoir discrétionnaire du préfet, comme le Sénat l’a adopté.
Une déclaration étonnante, car il critique ainsi le texte de son propre gouvernement, présenté en Conseil des ministres, en sa présence, et défendu alors par ses ministres Gérald Darmanin et Olivier Dussopt et toute sa majorité. Maintenant, il compte « soumettre le texte au Conseil constitutionnel, car (il) pense qu’il y a des dispositions qui ne sont pas conformes à la Constitution ».