Immigration : les rapporteurs du Sénat proposent un nouveau durcissement du projet de loi, au premier jour d’examen
Jacques Witt/SIPA

Immigration : les rapporteurs du Sénat proposent un nouveau durcissement du projet de loi, au premier jour d’examen

Les rapporteurs Muriel Jourda (LR) et Philippe Bonnecarrère (Union centriste) déposent plus de 30 nouveaux amendements sur le projet de loi immigration, pour l’essentiel repris d’une proposition de loi déposée en juin.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Il est inhabituel que les rapporteurs d’un projet de loi reprennent à ce point la plume, une fois passé l’examen du texte en commission. Mais huit mois se sont écoulés entre les réécritures profondes du texte commission des lois en mars, et le coup d’envoi ce 6 novembre du texte en séance. Une éternité à l’échelle du temps parlementaire, pour l’un des projets de loi majeurs de la session. Ce lundi, les rapporteurs Muriel Jourda (LR) et Philippe Bonnecarrère (Union centriste) ont déposé 32 amendements pour durcir les différents articles du texte. Une partie provient ou s’inspire d’une proposition de loi déposée par le président de la commission des lois, François-Noël Buffet, déposée au mois de juin « pour reprendre le contrôle de la politique d’immigration, d’intégration et d’asile ».

Renforcement des conditions du regroupement familial

Les deux parlementaires plaident en premier lieu pour un nouveau renforcement des conditions du regroupement familial. Ils veulent rehausser à 21 ans l’âge à partir duquel un couple peut en bénéficier, et exclure les aides au logement du calcul des ressources prises en compte pour évaluer la situation du demandeur.

Un autre amendement vise à durcir les conditions de délivrance de titres de séjour pour motif familial. Pour bénéficier d’une carte de durée de résident de dix ans, la durée d’un mariage d’un étranger avec un conjoint français devra être portée de trois à cinq ans.

Un versement de certaines prestations sociales à 5 ans de résidence

Muriel Jourda et Philippe Bonnecarrère veulent aussi conditionner le versement des minima sociaux aux étrangers à « cinq années de résidence stable et régulière ». Cette mesure permettra, selon eux, de « rendre la France moins attractrice pour les clandestins ».

Les deux sénateurs veulent aussi réduire le régime de protection contre l’expulsion dont bénéficient certains étrangers, en intégrant davantage de délits susceptibles d’en faire tomber le bénéfice. Le projet de loi prévoyait de lever ce système de protection pour les étrangers condamnés à cinq ou dix ans de prison suivant le type de protection, l’amendement propose d’abaisser ces seuils à des délits condamnés à respectivement trois et cinq ans de prison. Pour les auteurs de l’amendement, la levée de la protection serait donc levée pour des personnes condamnées par exemple pour des violences ayant entraîné un arrêt de travail de huit jours, ou des harcèlements sexuels aggravés. Le juge serait par ailleurs en mesure de prononcer une peine complémentaire d’interdiction du territoire.

Autre amendement sur le front des expulsions, les rapporteurs souhaitent imposer aux préfectures l’émission d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) aux étrangers définitivement déboutés de leur demande d’asile.

Caution pour les étrangers étudiants

Au cours de sa réunion, la commission des lois a par ailleurs donné un avis favorable à plusieurs amendements déposés par le groupe LR, eux aussi tirés de la proposition de loi Buffet. L’un d’entre eux étend les motifs pour lesquels la délivrance d’une carte de séjour peut être refusée. La droite sénatoriale veut par exemple ajouter le cas d’une fraude documentaire.

Demande supplémentaire portée par le groupe LR : un durcissement les conditions d’accès à la nationalité par le mariage. « Le mariage ne saurait en effet constituer une voie d’accès simplifiée à la nationalité », plaident les sénateurs LR, qui exigent d’étendre de quatre à cinq ans de la durée d’ancienneté du mariage requise pour acquérir la nationalité.

Inquiets du détournement des admissions en France pour motifs d’études, la droite sénatoriale veut aussi exiger la délivrance d’un premier titre de séjour « étudiant » au dépôt d’une caution, dont le montant serait défini par décret. « Il est en effet impératif de veiller à ce que cette voie d’accès au séjour ne soit plus détournée de sa finalité par des étrangers l’utilisant comme un simple prétexte pour entrer en France puis s’y maintenir en situation irrégulière », argumentent les parlementaires.

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Immigration : les rapporteurs du Sénat proposent un nouveau durcissement du projet de loi, au premier jour d’examen
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le

La sélection de la rédaction