Paris: Darmanin delivers a speech during the examination of the immigration law at the French Senate

Immigration : LR et centristes actent « un désaccord majeur » sur la proposition de loi constitutionnelle

Coup dur pour le groupe LR du Sénat. Sa proposition de loi constitutionnelle a été rabotée en commission des lois. Ses alliés centristes ont rejeté les deux articles phares de ce texte, à savoir la possibilité de déroger au droit européen en matière d’immigration et l’élargissement du champ du référendum à cette question.
Simon Barbarit

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

« Le cadre constitutionnel n’est plus adapté et ne nous permettra pas d’agir pour faire diminuer drastiquement l’immigration dans notre pays », martelait encore ce matin le président des Républicains, Éric Ciotti, lors d’une conférence de presse.

Présentée en mai dernier comme un « projet de rupture » en matière de politique migratoire, la proposition de loi constitutionnelle « relative à la souveraineté de la France, à la nationalité, à l’immigration et à l’asile » sera examinée jeudi à l’Assemblée nationale et le 12 décembre au Sénat.

Après avoir réécrit et durcit le projet de loi immigration au Sénat, Les Républicains veulent continuer de préempter ce sujet : ils accusent le gouvernement de défendre une politique « de gauche ». « Le droit à la régularisation, c’est un mantra de la gauche » a notamment tancé Olivier Marleix, le président du groupe LR de l’Assemblée, ce matin.

Si la majorité sénatoriale est parvenue à imprimer sa marque en réécrivant le projet de loi immigration, à l’Assemblée la majorité présidentielle a repris la main en « détricotant » les ajouts de la Haute assemblée. Quant à la proposition de loi constitutionnelle, elle a été rejetée par les députés en commission dans une ambiance houleuse.

Les Républicains ont subi un nouveau revers ce matin en commission des lois du Sénat lors de l’examen de sa proposition de loi constitutionnelle. Leurs alliés centristes se sont opposés à deux articles phares du texte conduisant à leur suppression. L’article 2 prévoit d’élargir les conditions du recours au référendum de l’article 11 de la Constitution. Ce référendum ne peut porter, actuellement, que sur l’organisation des pouvoirs publics, les réformes relatives à la politique économique et sociale et aux services publics qui y concourent, et sur la ratification des traités internationaux. Le texte porté par Bruno Retailleau vise à y inclure les questions relatives à l’entrée et au séjour des étrangers en France et au droit de la nationalité. « Nous avons un désaccord majeur sur deux articles qui constituent le cœur de notre proposition de loi constitutionnelle », reconnaît Bruno Retailleau, président du groupe LR du Sénat et premier signataire de ce texte.

« Le référendum ne peut pas constituer une voie législative normale »

Pour les centristes, c’est effectivement un non ferme et définitif. « Les choses ont été traitées de manière tout à fait apaisée et constructive. Le référendum ne peut pas constituer une voie législative normale. C’est une réponse à une situation de crise. Il doit être réservé à des sujets non constitutionnels. Nous ne sommes plus en 1962 et il n’y a plus le général de Gaulle. C’est un cap que nous tenons avec beaucoup de fermeté », soutient le sénateur centriste, Philippe Bonnecarrère qui fait ici référence à l’utilisation du référendum de l’article 11 en 1962 pour modifier la Constitution, sans passer par le filtre du Parlement, afin de permettre l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Pour Bruno Retailleau, il est « essentiel de pouvoir consulter les Français sur la politique migratoire alors qu’aucun phénomène n’aura autant bouleversé la société française depuis un demi-siècle ».

L’article 3 s’est également heurté à l’opposition des centristes. Il permet à la France de déroger aux règles européennes, notamment en matière migratoire si celles-ci « contreviennent à l’identité constitutionnelle de la France ». Ce que LR appellent « un bouclier constitutionnel ». Les centristes saluent la tentative de rapprochement des points de vue et « l’inventivité » du rapporteur, Christophe-André Frassa (LR), mais ils ont quand même fait passer un amendement de suppression. « La notion d’identité constitutionnelle des nations est reconnue au niveau européen. Elle est donc conforme à nos engagements internationaux. Notre collègue Christophe-André Frassa nous a proposé la mise en place d’une question parlementaire de souveraineté devant le Conseil d’Etat et la Cour de cassation dans les cas où une norme européenne contreviendrait à l’identité constitutionnelle de la France, mais la modalité technique d’intervention du Parlement dans la procédure ne nous convient pas car elle serait simplement déclarative », expose Philippe Bonnecarrère.

Des amendements de rétablissement de ces deux articles en séance publique

Pour autant, Christophe-André Frassa reste optimiste quant à la possibilité de voir le texte adopté en séance mardi prochain avec ces deux articles. « On a déjà vu des propositions de loi mal embarquées en commission qui pourtant ont été adoptées en séance. Ce n’est pas parce que j’ai pris un plomb que je vais bouder. Je déposerais des amendements de rétablissement de ces deux articles en faisant preuve d’une plus grande inventivité encore. On avait aussi des points de désaccord sur le projet immigration et on est parvenu à un compromis ».

A ce stade Les Républicains n’imaginent pas voter un texte privé de ces deux articles. « On tentera de l’amender. Ce que j’ai fait en rectifiant la proposition de loi constitutionnelle sur le référendum pour circonscrire son périmètre aux seules questions relatives à l’immigration », rappelle Bruno Retailleau.

Dans la même thématique

Le president francais, Emmanuel Macron et son homologue le president de la Republique democratique du Congo Felix Tshisekedi lors d’une conference de presse apres un dejeuner de travail au palais de l’Elysee a Paris
3min

Politique

Sondage : la popularité d’Emmanuel Macron chute à 26% d’opinions favorables, celle de François Bayrou toujours très basse

Après avoir grimpé en mars à la faveur de ses positions sur la scène internationale, la popularité d’Emmanuel Macron s’est de nouveau érodée le mois dernier. Le président de la République récolte désormais 73% d’opinions défavorables, selon le nouveau baromètre d’Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale. La cote de François Bayrou reste stable, mais toujours à un niveau très bas de 23% d’opinions favorables.

Le

Paris: Wauquiez Retailleau pacte legislatif
4min

Politique

Sondage : Bruno Retailleau considéré comme un bien meilleur candidat à la présidentielle pour son camp que Laurent Wauquiez

Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez sont en campagne pour être élu à la tête des Républicains. D’après le dernier baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale, le ministre de l’Intérieur est considéré par les Français comme un meilleur candidat pour LR que Laurent Wauquiez dans la perspective de l’élection présidentielle. Il remporte aussi l’adhésion de l’ensemble des Français interrogés par rapport à son concurrent (31% contre 17%).

Le

Paris: M. Le Pen J. Bardella concertation E. Macron
4min

Politique

Sondage : Marine Le Pen ou Jordan Bardella donnés largement en tête au premier tour de la présidentielle 2027, mais perdants au second

Malgré sa condamnation en première instance dans l’affaire des assistants parlementaires des eurodéputés FN, Marine Le Pen est toujours donnée largement en tête du premier tour de l’élection présidentielle 2027, d’après le dernier baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale. Même constat en cas de candidature de Jordan Bardella à la place de la députée du Pas-de-Calais. En revanche, selon ces résultats, les deux figures du RN s’inclineraient au second tour face à Edouard Philippe.

Le