Immigration : pour les socialistes, un accord en CMP inaugurerait « une cohabitation avec la droite »

Au micro de Public Sénat, plusieurs parlementaires socialistes, dont certains siégeant au sein de la commission mixte paritaire consacrée au projet de loi immigration, dénoncent l’influence de la droite sur les négociations.
Romain David

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La commission mixte paritaire chargée de trouver un compromis sur le projet de loi immigration s’est installée au Palais Bourbon à 17 heures ce lundi. Avant l’ouverture des discussions, la droite et la majorité présidentielle n’étaient toujours pas parvenues à aplanir l’ensemble des points d’achoppement sur ce texte très politique. « C’est sous la dictée d’Éric Ciotti et des Républicains que le gouvernement a cherché à construire un compromis. C’est une compromission ! », a dénoncé Boris Vallaud, le chef de file des députés PS.

Dans une salle des Quatre Colonnes remplis de journalistes, plusieurs parlementaires socialistes ont tenu à dénoncer les tractations menées depuis une semaine entre le gouvernement, soucieux de trouver une voix de passage, et la droite en position de force sur ce texte, sans que la gauche, minoritaire au sein de la CMP, n’ait été consultée. « Depuis plusieurs jours la CMP se déroule à Matignon, ce qui est inadmissible, c’est une atteinte à la séparation des pouvoirs », dénonce la sénatrice PS de Seine-Saint-Denis Corinne Narassiguin, qui siège au sein de la commission.

« La droite s’est couchée devant le RN »

« Le gouvernement semble vouloir un texte quel que soit son contenu, même si la droite dérive vers l’extrême droite », relève la sénatrice de Paris Marie-Pierre de la Gontrie, autre membre de cette CMP. « Emmanuel Macron décide de faire basculer son quinquennat sous une alliance avec la droite, mais la droite, à la recherche de son propre électorat, a décidé d’aller sur le terrain de Marine Le Pen », explique l’élue.

Pour Marie-Pierre de la Gontrie, le texte élaboré au Sénat, où domine une majorité de droite et du centre, et qui sert de base aux négociations, « met en place tous les dispositifs d’une préférence nationale », thème cher au RN. « La droite s’est couchée devant le RN », dénonce-t-elle.

« Le gouvernement voulait un texte quoi qu’il en coûte à la démocratie, quoi qu’il en coûte à nos principes républicains, quoi qu’il en coûte au ‘en même temps’dont nous constatons que c’est la fin », martèle Boris Vallaud. « Est inauguré aujourd’hui, avec cet accord, s’il est vérifié qu’il y en a un, une forme de cohabitation avec la droite », ajoute le député.

Un jeu à double tranchant

Reste à savoir si un éventuel compromis sur ce texte trouvera une majorité à l’Assemblée nationale, où l’aile gauche de la macronie n’a que très peu goûté le durcissement du texte après son passage au Palais du Luxembourg. « Ce texte sera-t-il voté à l’Assemblée par une partie des macronistes, par le groupe MoDem, voire par certains LR ? Je pense que cette fuite en avant est périlleuse pour le gouvernement », avertit Marie-Pierre de la Gontrie.

Partager cet article

Dans la même thématique

Immigration : pour les socialistes, un accord en CMP inaugurerait « une cohabitation avec la droite »
3min

Politique

Brice Teinturier : « Il n'y a plus de débat en France, il y a de l'invective »

Lors de ses vœux, le Président a annoncé son souhait de voir les Français « trancher » sur « des sujets déterminants », ce qui laisse supposer que le chef de l'État envisage un retour au référendum. Néanmoins, les sujets sur lesquels les Français souhaitent trancher sont nombreux, pouvoir d'achat, fin de vie… Le référendum recolle-t-il vraiment les Français à la politique ? Invités de l’émission spéciale Dissolution, un an après, Brice Teinturier, Anne Levade, Laure Salvaing et David Djaïz tentent d'y répondre.

Le

Nancy: Discours Nicolas Mayer Rossignol Congres du Parti Socialiste
9min

Politique

Congrès du PS : LFI ravive les tensions entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol

La réélection d’Olivier Faure à la tête du PS n’a pas mis fin aux dissensions internes. Nicolas Mayer-Rossignol demande le refus de tout accord avec LFI, y compris au niveau local et en cas de législative partielle, pour rejoindre la direction. Refus du camp du premier secrétaire, qui coupe avec LFI, mais sans rentrer dans ce niveau de précision. Résultat, le parti n’arrive pas à sortir de ses divisions.

Le