Paris:Ciotti delivers a speech to presents New Year wishes
Francois Xavier Bellamy, Bruno Retailleau and Eric Ciotti. French conservative party Les Republicains (LR) President Eric Ciotti delivers a speech to presents New Year wishes at LR headquarter. Paris, FRANCE-24/01/2023//01JACQUESWITT_choix012/Credit:Jacques Witt/SIPA/2301242132

Immigration : pourquoi la proposition des LR de modifier la Constitution a peu de chance d’aboutir ?

Sur l’immigration, les LR ont mis sur la table deux propositions de loi, dont l’une constitutionnelle, qui vise à permettre de déroger au droit européen. Mais la première ministre n’en veut pas. Au Sénat, les alliés centristes ont déjà mis le holà sur cette question et vont présenter « des propositions qui sont plus faisables et plus rapidement ». Même du côté LR, le sénateur François-Noël Buffet expliquait qu’il ne faut pas faire de ce texte constitutionnel « une ligne rouge ».
François Vignal

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Après le tragique événement d’Annecy, les LR ont remis une pièce sur le sujet immigration. Leur président, Eric Ciotti, a demandé « solennellement » à Emmanuel Macron de le recevoir sur la question. Les LR ont mis sur la table leurs demandes. Elles se traduisent par deux propositions de loi (PPL), l’une ordinaire, l’autre constitutionnelle, qu’ils ont déposées.

Eric Ciotti demande à Emmanuel Macron de faire trancher les Français par référendum

Cette dernière proposition de loi vise notamment à étendre à l’immigration le champ de l’article 11 de la Constitution, qui permet de consulter les Français par référendum sur certains sujets. Le texte a aussi pour objectif de permettre de déroger au droit européen en matière d’immigration (lire notre article pour plus de détails). « Si cette proposition des Républicains était soumise aux Français par référendum, elle recueillerait une immense majorité. Aujourd’hui, seul le président peut convoquer ce référendum », appelle Eric Ciotti dans Le Parisien.

En réalité, cette PPL constitutionnelle a peu, voire pas de chance d’aboutir, du moins à court terme. Pourquoi ? Car l’exécutif a fermé la porte. La première ministre a déjà prévenu qu’elle ne défendait pas l’idée de déroger au droit européen. Dimanche, elle a plutôt renvoyé au projet de réforme institutionnelle, soit un autre dossier dont l’issue est incertaine et lointaine… « Le président de la République a prévu de recevoir […] toutes les forces politiques » sur les questions institutionnelles, a rappelé sur France 3 Elisabeth Borne, si bien que « le moment venu, les Républicains pourront aussi présenter leurs propositions constitutionnelles en général et notamment sur ce sujet ».

« Nous sommes Européens et nous sommes très attentifs au cadre européen », rappelait Hervé Marseille

Au sein même de la majorité sénatoriale, composée des LR et des centristes, le sujet bloque. Hervé Marseille, président du groupe Union centriste, a déjà posé quelques limites. « A l’évidence, nous sommes Européens et nous sommes très attentifs au cadre européen. La Constitution, on peut la modifier mais ça prend du temps. Il faut les 3/5, je vous le rappelle. Donc on va essayer de trouver des solutions et des propositions qui sont plus faisables et plus rapidement », affirmait fin mai sur Public Sénat le président de l’UDI, dont le groupe centriste compte déposer sa propre proposition de loi sur l’immigration. Ce qui sera fait cette semaine.

Pour rappel, toute modification de la Constitution nécessite un vote conforme, c’est-à-dire identique, de l’Assemblée nationale et du Sénat, puis un vote à la majorité des 3/5 du Congrès, c’est-à-dire tout le Parlement réuni. Et pour trouver une telle majorité, entre députés et sénateurs rassemblés, ce sera pour le moins périlleux. C’est pourquoi Hervé Marseille pointe la difficulté d’atteindre « les 3/5 ».

« Si l’on veut que les choses avancent sur l’immigration, il ne faut pas que le texte constitutionnel soit une ligne rouge », soutient François-Noël Buffet

Même chez les LR, on convient que la proposition de loi constitutionnelle a peu de chance d’aller au bout rapidement. « Le Parlement peut en discuter, mais il y a peu de chance que ça aboutisse, si on ne trouve pas un accord sur cette base », a reconnu sur publicsenat.fr le président LR de la commission des lois du Sénat, François-Noël Buffet, dont un rapport a inspiré en partie le projet de loi sur l’immigration du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Pour le sénateur LR du Rhône, les deux textes ne sont pas un tout à prendre ou à laisser. « Oui, il faut distinguer les deux textes. Ils ne vivront pas ensemble. La PPL constitutionnelle suivra son chemin, qui est un chemin beaucoup plus complexe, beaucoup plus lourd. Alors que le texte ordinaire, lui, peut arriver très très vite devant le Parlement, et singulièrement devant le Sénat », défend François-Noël Buffet, qui ajoutait : « Si l’on veut que les choses avancent sur l’immigration, il ne faut pas que le texte constitutionnel soit une ligne rouge. Ce serait dommage d’ailleurs que le gouvernement le considère comme tel ». Autrement dit, les LR doivent savoir lâcher sur ce texte, dont l’issue est plus qu’incertaine, pour se concentrer sur le reste où les possibilités de compromis semblent davantage atteignables.

« On souhaite stabiliser en juillet le contenu de ce texte », a rappelé dimanche Elisabeth Borne, qui évoque « le texte présenté par le gouvernement. Il a été modifié en commission au Sénat », et « les propositions mises sur la table par les LR ». Reste à voir si la volonté de cheminer sera réellement partagée de chaque côté.

Partager cet article

Dans la même thématique

Déclaration de politique générale et avenir de la Nouvelle Calédonie en séance au Sénat ce 15 octobre
2min

Politique

Budget : qui sont les sénateurs qui participeront à la commission mixte paritaire ?

Outre le président PS et rapporteur général LR de la commission des finances, Claude Raynal et Jean-François Husson, seront présents en CMP les sénateurs LR Christine Lavarde et Stéphane Sautarel, qui suit les collectivités, ainsi que le centriste Michel Canévet et le sénateur Horizons Emmanuel Capus, qui ont défendu plus d’économies durant les débats. Pour le PS, on retrouve le chef de file du groupe, Thierry Cozic.

Le

4min

Politique

UE-Mercosur : vers un accord, contre l’avis de la France ?

Le sommet du Mercosur se tiendra ce samedi au Brésil, au cours duquel Ursula von der Leyen souhaiterait ratifier le traité commercial. Mais Emmanuel Macron a une nouvelle fois fait part de son opposition, annonçant qu’il souhaitait reporter l’examen du texte, le tout sur fond de mobilisation des agriculteurs.

Le

Immigration : pourquoi la proposition des LR de modifier la Constitution a peu de chance d’aboutir ?
3min

Politique

Crise agricole : « Avec une vaccination massive, nous ne pourrions plus exporter », s’inquiète François Patriat

Opposition au Mercosur et poursuite de l’abattage de cheptel bovins : la crise agricole se poursuit sur le territoire, essentiellement dans le sud-ouest où les actions de blocages sont maintenues. Invité de la matinale de Public Sénat, le président du groupe RDPI au Sénat et ancien ministre de l’Agriculture, François Patriat, appelle à un moment d’accalmie de tous les acteurs. S’il salue l’action du gouvernement, il recommande cependant une meilleure prise en charge des pertes d’exploitation des agriculteurs.

Le