Edouard Philippe a confirmé mercredi que seront débattus chaque année au Parlement à partir de 2020 "des objectifs quantitatifs ou des quotas" sur l'immigration économique, par secteur d'activité et de "manière territorialisée".
"Des objectifs quantitatifs ou des quotas, les deux termes me vont", a déclaré le Premier ministre en référence au débat sémantique sur le sujet.
"Nous avons décidé d'avoir des quotas ou des objectifs quantitatifs exclusivement dans le cadre de l'immigration professionnelle, pas dans le cadre du droit d'asile ou du regroupement familial", a insisté M. Philippe. "Nous ne réfléchissons pas en termes de nationalité mais en termes de compétences", a-t-il martelé.
Ces quotas pour le recrutement de travailleurs étrangers ne seront cependant pas limitatifs. "C'est un pilotage par objectif quantitatif, cela n'a pas de sens à l'unité près. On peut imaginer une fourchette", sur le nombre de couvreurs à recruter par exemple, a expliqué le Premier ministre.
Même en période de plein emploi, il existe toujours des postes vacants", a dit la ministre du Travail Muriel Pénicaud, rappelant qu'une entreprise sur deux dit actuellement avoir des difficultés de recrutement.
"Le sujet n'est pas quantitatif mais qualitatif", a-t-elle ajouté, soulignant que l'immigration économique est "assez faible" (33.502 titres de séjour en 2018, soit 13% du total).
Concrètement, la liste des métiers en tension (pour lesquels la délivrance d’une autorisation de travail se fait sans examen préalable de la situation locale de l’emploi) sera révisée chaque année.
Selon l’OCDE, 15% seulement des métiers inscrits sur la liste actuelle, qui date de 2008, sont encore véritablement en tension et inversement, certains métiers comme "développeur/codeur", ne sont pas pris en compte.
Un nouvel outil statistique destiné à apprécier la réalité des tensions sur le marché du travail sera construit par le ministère du Travail et Pôle emploi, en concertation avec les partenaires sociaux et les régions d'ici à mars 2020.
Ce nouvel outil statistique permettra de définir, chaque année, secteur par secteur, et de manière territorialisée, une évaluation quantitative et qualitative des besoins de compétences.
Une fois débattus au Parlement, ces quotas seront notifiés aux autorités consulaires et préfectorales, pour guider la politique de délivrance des visas et titres de séjour.
Mme Pénicaud a par ailleurs indiqué que ces quotas n'auront pas d'impact sur la politique de régularisation au cas par cas des travailleurs sans papiers encadrée par une circulaire.