Immigration : Sylvain Maillard doute d’un accord avec LR, trop « désunis » à l’Assemblée

Invité de notre matinale, Sylvain Maillard est revenu sur le projet de loi Immigration du gouvernement et la difficulté de trouver un terrain d’entente avec LR. D’après le député Renaissance, faire des concessions à la droite risquerait de faire perdre des votes au sein de la majorité, sans être sûr que les LR suivent, puisque le groupe à l’Assemblée est « désuni. » Il appelle donc à essayer de convaincre sur la base du texte actuel.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Ce sera probablement le feuilleton parlementaire de l’été. Initialement prévu en mars, l’examen du projet de loi Immigration est dorénavant annoncé en juillet, alors qu’une première mouture avait déjà été examinée par la commission des Lois du Sénat le 15 mars dernier. Mais depuis, la réforme des retraites est passée par là, et surtout une motion de censure qui a échoué à 9 voix, certes, mais votée par 19 députés LR, soit environ un tiers du groupe. Un épisode qui a compromis les équilibres trouvés jusqu’ici par la majorité présidentielle relative.

Immigration : « Il va falloir aller chercher des voix à gauche aussi »

Sur le projet de loi Immigration, Sylvain Maillard, vice-président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, reste évasif sur la présentation du texte en Conseil des ministres, en confiant simplement que le ministre de l’Intérieur « travaille pour trouver un équilibre et une majorité. » Le député Renaissance de Paris mise sur le fait que le texte mettra LR devant le fait accompli en présentant des mesures qui ne sont certes pas les leurs, mais qui vont dans leur sens : « À un moment, quand on a un texte, on ne parle plus de grands principes. « Est-ce que vous vous voulez améliorer l’exécution des OQTF, oui ou non ? Les LR vont-ils attendre leur texte alors qu’ils n’ont pas de majorité ? Est-ce qu’on a envie d’améliorer la situation, oui ou non ? »

Et si des LR manquent à l’appel, Sylvain Maillard n’exclut pas d’arriver à récolter des voix de gauche, notamment autour des titres de séjours pour métiers en tension. « Il va falloir aller chercher des voix à gauche aussi. Leur dire la difficulté d’avoir des papiers définitifs pour ceux qui sont en train de travailler, et leur demander s’ils veulent que ces gens restent dans cette situation. Je pense qu’il y a un principe pour chaque député, c’est d’être en action et que son mandat ce ne soit pas que de la protestation, mais améliorer la vie des gens. »

Une coalition avec LR ? « Ce serait extrêmement difficile à l’heure actuelle »

La majorité présidentielle ne semble donc pas miser sur un accord global avec Les Républicains, jugés peu fiables au vu de leur division pendant la réforme des retraites : « On a bien compris avec le texte des retraites, que LR n’est pas un bloc. L’expérience montre qu’il faut avancer sur les idées et les convaincre, députés par députés. On peut enrichir le texte, mais il faut qu’il reste sur deux pieds : être plus ouvert avec ceux qui ont vocation à rester en France et plus ferme avec ceux qui ont vocation à partir. » À force de trianguler, les macronistes pourraient finir par se retrouver en minorité et recourir à un nouveau 49.3 en juillet. Ce n’est pour le moment pas une question qui « obsède » Sylvain Maillard qui préfère se concentrer sur le texte sur lequel la majorité présidentielle est « ancrée. »

« Pour gagner 20 députés d’un côté, vous en perdez 20 dans la majorité », poursuit le député Renaissance, qui assure que sur le texte en l’état, les 171 députés Ensemble (Renaissance, MoDem et Horizons) seront au rendez-vous, ce qui n’est pas certain « si l’on part sur autre chose… » D’autant plus que d’éventuelles concessions aux Républicains auraient des retombées incertaines, insiste Sylvain Maillard : « C’est toujours plus facile d’avoir une coalition pour voter des textes, mais je trouve ça extrêmement difficile à l’heure actuelle avec LR. À l’Assemblée, ils sont très désunis. »

Partager cet article

Dans la même thématique

Hong Kong Legislature To Vote On Bill Recognizing Same Sex Couples Overseas Registration
3min

Politique

L’Assemblée nationale vote la réhabilitation des personnes condamnées pour homosexualité

L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, en deuxième lecture, une proposition de loi visant à réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France entre 1942 et 1982. Porté par le sénateur socialiste Hussein Bourgi, le texte entend réparer symboliquement des décennies de politiques discriminatoires. Mais la question de l’indemnisation continue de diviser députés et sénateurs et devra être tranchée en commission mixte paritaire.

Le

6min

Politique

Une « ordonnance négociée » pour faire passer le budget ? Un procédé « contraire aux principes parlementaires et démocratiques les plus élémentaires »

D’après des informations des Echos, Sébastien Lecornu plancherait sur la piste d’une « ordonnance négociée », pour faire passer le budget avant Noël, en cas d’une commission mixte paritaire conclusive en fin de semaine. Mais cette hypothèse n’enchante pas les constitutionnalistes, qui y voient le risque de mettre à mal le rôle de l’Assemblée nationale.

Le

CMP : comment la dissolution va modifier l’espace de compromis entre députés et sénateurs
2min

Politique

Budget : le groupe communiste boycotte la commission mixte paritaire

A la veille de la commission mixte paritaire (CMP) sur le budget, le groupe communiste de la chambre haute indique que le sénateur, Pascal Savoldelli n’y siégera pas en tant que membre suppléant. Le groupe dénonce notamment « un problème démocratique majeur » dans la composition de la CMP.

Le

Immigration : Sylvain Maillard doute d’un accord avec LR, trop « désunis » à l’Assemblée
7min

Politique

Numérique : le Sénat adopte à l’unanimité un texte qui interdit l’accès des réseaux sociaux aux mineurs de moins de 13 ans

Alors qu’Emmanuel Macron a promis la semaine dernière d’interdire les réseaux sociaux aux mineurs de moins de « 15 ou 16 ans », le Sénat vient d’adopter à l’unanimité une proposition de loi portant la majorité numérique à 13 ans. Les mineurs de 13 ans à 16 ans devront recueillir l’autorisation parentale pour leur inscription sur un réseau social.

Le