La méfiance s’installe dans l’opinion. Selon le dernier baromètre politique Odoxa et Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale, la cote de popularité d’Emmanuel Macron continue de s’éroder dans un contexte de crise politique persistante. En ce mois d’octobre 2025, le chef de l’État enregistre l’un de ses pires scores depuis son premier quinquennat : 79 % des Français estiment qu’il n’est pas un bon président de la République, soit une baisse de deux points par rapport au mois précédent.
Une image présidentielle gravement détériorée
Seuls 20 % des Français considèrent encore Emmanuel Macron comme un « bon président ». Dans le détail, 27 % le jugent « sympathique », contre 72 % d’un avis contraire et 80 % estiment qu’ « il ne dit pas la vérité aux Français ». Plus inquiétant encore pour l’exécutif, seuls 12 % des sondés pensent qu’« il est proche des préoccupations des Français », tandis que 74 % doutent désormais de sa compétence.
« Incompétent », « antipathique », « arrogant », les qualificatifs négatifs à l’égard du président de la république l’emportent massivement dans l’opinion. Pour Gaël Simon, président de Odoxa « ce bilan est déjà très sombre », mais le pire reste que « 69 % des Français pensent qu’Emmanuel Macron n’est pas attaché aux valeurs démocratiques ». Un reproche « longtemps attribué à l’extrême droite » précise Gaël Sliman.
Ce désamour s’observe particulièrement selon les proximités partisanes, 94 % des sympathisants du Rassemblement national jugent Emmanuel Macron mauvais président et 11 % seulement des électeurs de La France insoumise qui lui reconnaissent un bon bilan. Même au sein de son propre camp, 15 % des sympathisants Renaissance estiment qu’il n’est « pas un bon président », un signe supplémentaire d’essoufflement de la base présidentielle. « Emmanuel Macron est aujourd’hui, de loin, le président le plus impopulaire de la Ve République », souligne Gaël Sliman, qui note « peu de gens louaient les talents de François Hollande en tant que Président, rares étaient ceux qui le haïssaient ».
Sébastien Lecornu, un Premier ministre en quête de légitimité
Le Premier ministre Sébastien Lecornu n’échappe pas à cette défiance. Selon le baromètre, 68 % des Français estiment qu’il n’est pas un bon chef du gouvernement, soit une baisse de deux points également. Si 50 % des sondés le jugent « ouvert au dialogue », une majorité (68 %) considère néanmoins qu’il « ne dit pas la vérité aux Français » et qu’il « n’est pas proche de leurs préoccupations ».
Reconduit après sa démission, Sébastien Lecornu peine à incarner un renouveau gouvernemental. « Le vrai-faux départ de Sébastien Lecornu ne lui profite pas : 30 % des Français le jugent bon Premier ministre, contre 68 % d’un avis contraire », observe Gaël Sliman. S’il reste dix points au-dessus du président, son niveau de popularité demeure exceptionnellement bas pour un début de mandat à Matignon.
Un « duel d’image » à la tête de l’exécutif
Ce baromètre révèle un duel d’image entre Emmanuel Macron et son Premier ministre. Le président souffre d’un rejet massif sur la sincérité et la proximité, tandis que Lecornu apparaît légèrement plus ouvert, mais tout aussi déconnecté des attentes populaires. Ensemble, ils forment un tandem fragilisé par la crise politique et sociale qui secoue le pays depuis plusieurs semaines.
Malgré tout, Emmanuel Macron conserve une base politique solide au sein de la majorité, et Sébastien Lecornu tente d’imposer son style face à une opinion lassée et méfiante. Mais la tendance est claire, l’exécutif est en perte de confiance profonde, et les prochaines semaines seront décisives pour tenter d’enrayer cette chute.
Méthodologie : L’enquête a été réalisée les 21 et 22 octobre 2025, sur Internet, auprès d’un échantillon de 1 004 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Chaque sondage présente une incertitude statistique que l’on appelle marge d’erreur. La marge d’erreur dépend de la taille de l’échantillon ainsi que du pourcentage observé. Par exemple, dans un échantillon de 1 000 personnes, si le pourcentage observé est de 20 % ou de 80 %, la marge d’erreur est égale à 2,5 points : le pourcentage réel est donc compris dans un intervalle entre 17,5 % et 22,5 %.