« Inadmissible », Marlène Schiappa irrite la délégation aux droits des femmes
Audition reportée, puis écourtée. L’attitude de la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a agacé la délégation aux droits des femmes du Sénat. La présidente de la délégation, Annick Billon, regrette une occasion manquée de trouver des solutions pour renforcer les droits des femmes en cette période de crise sanitaire. 

« Inadmissible », Marlène Schiappa irrite la délégation aux droits des femmes

Audition reportée, puis écourtée. L’attitude de la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a agacé la délégation aux droits des femmes du Sénat. La présidente de la délégation, Annick Billon, regrette une occasion manquée de trouver des solutions pour renforcer les droits des femmes en cette période de crise sanitaire. 
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Après avoir annulé une première audition, la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a écourté son audition devant la délégation aux droits des femmes, le mercredi 13 mai. Un événement qui a passablement agacé les membres de la délégation et la présidente Annick Billon qui s’est fendu d’un commentaire sur Facebook. La sénatrice centriste regrette, par ailleurs, le manque de considération de la ministre vis-à-vis des travaux de la délégation.

 

Que s’est-il passé lors de l’audition de la secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes ?

Marlène Schiappa avait déjà annulé une précédente audition, on a décalé. On avait demandé 2 heures, elle nous a accordé 1 heure 30 puis elle est arrivée avec 10 minutes en retard en nous annonçant qu’elle resterait seulement 1 heure. Marlène Schiappa nous a dit qu’elle devait s’occuper de ses enfants.

Ce n’est pas possible. C’était une audition commune assez difficile à mettre en œuvre puisqu’il y avait les sénateurs d’Outre-mer, ils se lèvent à trois heures du matin environ pour assister à la visioconférence.

Nous étions quarante sénateurs à suivre l’audition avec la ministre qui n’a pris que la moitié des questions. Je trouve ça inadmissible. Vis-à-vis de mes collègues qui préparent des questions, qui prennent la chose au sérieux et qui se retrouvent avec quelqu’un qui a 40 minutes top chrono pour nous parler

 

Comment se passent vos relations avec la ministre habituellement ?

Je ne cherche pas le conflit, je ne cherche pas à court circuiter quoique soit. Cela fait bientôt trois ans que je suis présidente de la délégation aux droits des femmes, nous avons eu, dans un premier temps, un mal fou à la faire venir à une audition dans le cadre du vote du budget. Marlène Schiappa est venue une première fois en juillet 2017 et une seconde fois à la mi-octobre en 2019.

Là, on était en confinement, on a fait huit auditions, certaines concernaient également les enfants victimes de violences. On a auditionné des avocats, le secrétaire d’État en charge de la protection de l’enfance, Adrien Taquet. On a essayé d’élargir et de voir les bonnes pratiques et d’ailleurs, il faut le dire, Marlène Schiappa a été assez réactive. Elle a fait des propositions, on s’en est même félicité dans une tribune donc il n’y avait pas de sujet… Je ne comprends pas.

 

Il y a eu déjà eu une forme de bras de fer avec le gouvernement concernant l’amendement de Laurence Rossignol visant à allonger le délai légal d’IVG. Est-ce que ce nouvel évènement dit quelque chose de vos relations avec le gouvernement ?

Ça ne dit rien des relations de la délégation avec le gouvernement puisque nous avons eu une excellente audition avec le ministre chargé de la protection de l’enfance, Adrien Taquet. Ça ne dit pas que la délégation souhaite avoir de mauvaises relations avec Marlène Schiappa.

Ça dit juste que Marlène Schiappa n’accorde aucun intérêt à nos travaux puisque, ses remarques l’ont prouvé, elle n’avait pas pris connaissance des travaux que nous avions menés pendant ces huit semaines et qu’elle ne souhaite pas avoir de relations avec nous, clairement.

On a tous eu le temps d’auditionner beaucoup de ministres. Toutes ces semaines, on a eu des auditions avec des ministres qui se sont très bien passées. Donc Marlène Schiappa estime probablement ne pas avoir besoin de la délégation aux droits des femmes du Sénat pour faire son travail, ce qui est bien dommage.  

 

Comment jugez-vous l’action du secrétariat d’État à l’égalité femmes hommes face à la crise du Covid-19 ?

Marlène Schiappa a pris la mesure de ce qu’il s’est passé. Dès le début, il y a eu des annonces très intéressantes. Il y a eu une recherche d’adaptation, c’est bien et d’ailleurs il y a des outils qui devraient perdurer. Mais il y a aussi des choses qui ont moins bien fonctionné, sur les questions des moyens et de la formation notamment. Aujourd’hui, les associations sont en déficit de moyens humains et financiers, c’est une réalité, donc il y a des améliorations à apporter. C’est dommage, il aurait pu ressortir de cette audition des choses intéressantes. 

 

Mise à jour:  suite à cette interview, le cabinet de Marlène Schiappa nous a fait parvenir ce droit de réponse: « J’ai en effet indiqué que je gardais des enfants, les miens mais aussi plusieurs de leurs petites camarades dont l’une que je devais ramener à sa maman sortant de l’hôpital. J’ai passé 1h20 avec la délégation. Polémiquer là-dessus est navrant. »

Partager cet article

Dans la même thématique

« Inadmissible », Marlène Schiappa irrite la délégation aux droits des femmes
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

« Inadmissible », Marlène Schiappa irrite la délégation aux droits des femmes
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le