C’est cette fois au tour d’Agnès Buzyn d’être auditionnée par la commission d’enquête Lubrizol au Sénat. Mardi 12 novembre, la ministre de la santé a d’abord détaillé les actions de son ministère dans la foulée de l’incendie de l’usine de Rouen, puis les jours suivants.
Elle a également expliqué avoir saisi début octobre l’INERIS (Institut national de l’environnement industriel et des risques) ainsi que l’Anses (agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) pour « procéder à l’évaluation précise des conséquences de l’incendie à moyen et long terme, sur l’environnement et la santé ».
Les sénateurs membres de la commission d’enquête se sont inquiétés du fait qu’il n’y ait pas actuellement de suivi médical spécifique de la population rouennaise.
Agnès Buzyn a justifié ce choix en précisant que l’agence nationale de santé publique (Santé publique France) avait été saisie pour faire d’abord une enquête sur l’environnement :
« Pour savoir quoi rechercher chez l’humain, il faut savoir quel type de pollution est présent dans l’environnement. Comme aujourd’hui, nous n’avons pas de polluants retrouvés au-dessus d’un seuil de contamination habituel de l’environnement, nous ne pouvons pas diligenter une enquête chez les humains (…) Nous ne savons pas quel toxique pourrait être présent dans l’environnement puisque nous attendons que nos experts travaillent aux effets cocktails. »
Et d’ajouter :
« Une fois que l’on aura fini l’évaluation environnementale avec les prélèvements initiaux, les prélèvements des sols actuels, les prélèvements des végétaux, éventuellement (…) Santé publique France mettra en place un suivi épidémiologique de la population. »
La ministre de la santé a précisé qu’il y aurait toutefois une « enquête sur le ressenti de la population ».
« On n’est pas dans l’URSS des années 50 »
Répondant aux critiques concernant le fait que l’exécutif avait voulu être rassurant dès les premières heures après l’incendie de Lubrizol et que cela avait amplifié la méfiance de la population, la ministre de la Santé a rétorqué : « Si vous reprenez tous mes propos dans la presse je n’ai jamais été bêtement rassurante. J’ai été rassurante une fois que j’avais un résultat (…) J’ai été vraiment très rigoureuse ».
Agnès Buzyn regrette fortement la remise en cause de l’indépendance des agences sanitaires par une partie de la population : « Cela me choque que l’on mette leur parole en cause parce qu’ils sont des agents publics. Ce sont avant tout des scientifiques (…) Nos agences scientifiques et sanitaires sont des agences indépendantes. On n’est pas dans l’URSS des années 50. On ne leur donne pas l’ordre de dire ce qu’ils ont à dire (…) Là, on est en train de laisser un doute prospérer, que nos agences qui ne sont pas des politiques, pourraient émettre des avis faussés. »
La ministre de la Santé a tenu également à mettre en garde contre « la simplification à outrance » : « Le problème aussi c’est d’expliquer la complexité chez Jean-Jacques Bourdin en trois minutes (…) Cela nécessite du temps. »