La commission d’enquête du Sénat, créée suite à l’incendie de Lubrizol, a auditionné ce jeudi Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).
Cette sociologue de la santé est très critique sur la sous-traitance. Dans toutes les catastrophes étudiées par cette spécialiste des conséquences du recours à la sous-traitance, le « non-respect des règles », « des normes » est systématique.
Annie Thébaud-Mony a rappelé aux sénateurs présents que Lubrizol avait d’ailleurs été condamné il y a 6 ans à 4 000 euros d’amendes à la suite d’une fuite « qui était quand même un signe avant-coureur inquiétant ».
Il ressort également de ses travaux sur la sous-traitance, que la communication entre les travailleurs et la direction est quasi absente : « La sous-traitance rompt le lien entre celui qui prescrit le travail et ceux qui l’exécutent ».
La directrice de recherche honoraire à l’Inserm a également insisté sur le fait que les travailleurs (sous-traitants ou non) avaient « une formation insuffisante voire inexistante » et que la plupart du temps les travailleurs, « salariés du site ou travailleurs extérieurs et/ou syndicalistes », ne sont pas écoutés « quant aux dangers potentiels ».
Annie Thébaud-Mony estime que « la seule mesure de prévention efficace » serait d’interdire la sous-traitance « sur les sites Seveso et les sites nucléaires » : « Comme dans la prévention routière, un renforcement nécessaire des sanctions pour infraction et mise en danger de la vie d’autrui serait extrêmement nécessaire par rapport à (…) tous ces crimes industriels. »