« Indubitablement, nous vivons une crise démocratique », reconnaît Stanislas Guerini

« Indubitablement, nous vivons une crise démocratique », reconnaît Stanislas Guerini

Stanislas Guerini, le ministre de la Transformation et de la fonction publique, était l’invité d’« Extra local » sur Public Sénat ce vendredi 24 mars. Il a reconnu que la colère sociale déclenchée par la réforme des retraites mettait momentanément en suspend la volonté de réforme du président de la République. Il se refuse toutefois à parler de crise des institutions.
Romain David

Par Public Sénat

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Le gouvernement est-il encore audible ? Depuis le passage en force de l’exécutif sur la réforme des retraites, avec l’application du 49.3 en début de semaine, la contestation connaît un vif regain d’intensité. La réponse à l’intervention télévisée du chef de l’Etat, mercredi, ne s’est pas fait attendre : la mobilisation intersyndicale de jeudi a enregistré des chiffres de fréquentation presque aussi hauts que ceux de la journée record du 7 mars. Dans ces conditions, Emmanuel Macron peut-il donner un second souffle à son quinquennat ? « Bien sûr, il faudra reprendre le fil du dialogue, on ne peut pas abandonner l’esprit de la réforme, il y a tant de choses à faire dans notre pays, à améliorer », a réagi au micro de l’émission « Extra local », ce vendredi 24 mars sur Public Sénat, Stanislas Guerini, le ministre de la Transformation et de la fonction publique.

« Répondre à la crise de l’efficacité »

« Notre responsabilité, c’est de transformer, de moderniser notre pays, y compris lorsque l’on doit prendre des décisions qui ne sont pas populaires », plaide ce responsable gouvernemental, qui appelle à davantage de pédagogie pour désamorcer les tensions. « Il faut respecter la colère des gens, elle a le droit de se manifester, de s’exprimer sur le contenu du texte et le fait démocratique, l’utilisation du 49.3. Dans ma propre circonscription, j’ai eu beaucoup à expliquer cela. Donc si l’on veut continuer à avancer, il faut d’abord passer un peu de temps à expliquer pourquoi l’on a fait ce choix », souligne-t-il. « On a considéré que notre responsabilité politique n’était pas de laisser ce texte en rase campagne, c’est-à-dire de le faire voter en sachant qu’il allait être battu. Nous avons invoqué cet article, qui est tout à fait constitutionnel. »

À présent, la crise politique et sociale déclenchée autour de cette réforme semble se doubler d’une crise institutionnelle, les oppositions dénonçant les conditions dans lesquelles s’est déroulé l’examen parlementaire du projet de loi. « Beaucoup de personnalités mettent sur la table des pistes de réformes constitutionnelles, c‘est un travail légitime qui, certainement, devra trouver un débouché dans le quinquennat », concède Stanislas Guerini.

« Indubitablement, nous vivons un crise démocratique, mais qui est avant tout une crise de l’efficacité politique », poursuit notre invité. « Ce qui met les gens en colère, c’est de voir tant de distance entre les débats politiques, y compris dans l’hémicycle, et les transformations si faibles, si longues à advenir dans leur quotidien. Notre première responsabilité est de répondre à cette crise de l’efficacité », assure le ministre, en écho notamment aux déclarations d’Emmanuel Macron, laissant entendre qu’il allait davantage avoir recours aux décrets, plutôt qu’à la loi, pour réformer.

« Il était utile qu’Emmanuel Macron s’exprime rapidement »

Le président de la République a été accusé d’alimenter la grogne en réaffirmant sa détermination à voir le report de l’âge légal de départ à la retraite entrer en vigueur d’ici la fin de l’année. « Il a mis plus d’explosifs sur un brasier déjà bien allumé », a notamment réagi Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. « Il ne se serait pas exprimé rapidement, dans un moment de forte contestation, alors on aurait parlé de président jupitérien qui se désintéresse des Français. Il était utile qu’il s’exprime rapidement », défend Stanislas Guerini. « Il est venu parler retraites, expliquer les choix politiques, donner des perspectives pour avancer. Le premier signe de respect à l’égard des citoyens, c’est d’être transparent ! »

Une transparence qui n’a pas porté ses fruits, ce vendredi, l’ampleur de la mobilisation contre la réforme des retraites a abouti au report de la visite du roi Charles III, prévue le mardi 28 mars. « La raison, c’est notre capacité à mobiliser les forces de sécurité pour tenir l’ordre public. Il n’était pas raisonnable d’avoir cette visite », a reconnu Stanislas Guerini, sans autre commentaire.

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