Ça commence à se préciser sur le budget. Il n’y aura peut-être pas de feu d’artifice, ni de lampion, mais c’est le 15 juillet, au lendemain de la fête nationale, que François Bayrou présentera les grandes lignes et ses ambitions pour le budget 2026. Un budget qui s’annonce terriblement difficile, entre les – au moins – 40 milliards d’euros d’économies visés, et le contexte politique, qui rend son adoption mission quasi impossible.
De son côté, le Sénat avait annoncé plancher sur ses propositions, histoire de contribuer à cette œuvre collective que sera certainement le projet de loi de finances. C’est le président du Sénat en personne, Gérard Larcher, qui va remettre au Premier ministre François Bayrou les propositions de la Haute assemblée la semaine prochaine, a appris publicsenat.fr de source sénatoriale et confirmé par la présidence du Sénat. La date arrêtée est le lundi 7 juillet, dans l’après-midi, sauf changement de dernière minute.
Les responsables du socle commun de la Haute assemblée, soit les présidents de groupes de la majorité sénatoriale LR et Union centriste, ainsi que les groupes de l’ex-majorité présidentielle, travaillent sur le sujet depuis plusieurs semaines, aux côtés du rapporteur général du Budget, Jean-François Husson, ainsi que du président et de la rapporteure de la commission des Affaires sociales, Philippe Mouiller et Elisabeth Doineau.
L’idée d’une année blanche fait son chemin
Pour connaître les propositions, il faudra attendre la semaine prochaine. Mais une idée circule avec insistance : celle de l’année blanche. Autant au sein du gouvernement, que du Sénat, il se confirme bien qu’elle fait son chemin. Si le gel de toutes les prestations et budgets n’est peut-être pas la solution idéale, elle a l’énorme avantage de se compter tout de suite en milliards d’euros, en termes d’économies réalisées.
Gérard Larcher lui-même l’évoquait au mois de mai dans un entretien au Parisien. « Le gel budgétaire fait partie des pistes à explorer dans tous les domaines y compris social. La réduction de l’inflation le rend possible », avançait le sénateur LR des Yvelines. Au sein de sa majorité sénatoriale, le président du groupe Union centriste, Hervé Marseille, en défendait le principe sur Public Sénat fin mai. « A minima, il faut arrêter les moteurs, arrêter les augmentations, c’est-à-dire le gel des dotations », demandait le sénateur des Hauts-de-Seine. Le président de l’UDI espérait ainsi gagner « une petite dizaine de milliards d’économies », incluant au passage dans le gel les dotations accordées aux collectivités, sujet sensible au Sénat.
15 milliards d’euros d’économies réalisés par l’année blanche ?
S’ils sont à prendre avec précaution, car des allers/retours sont encore en cours entre les groupes, des chiffres circulent. Le Sénat pourrait mettre sur la table de Matignon 25 milliards d’euros d’économies : 15 milliards d’euros grâce à l’année blanche, dont 10 milliards venant de l’Etat et 5 milliards des prestations sociales. 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires seraient proposés par des économies, réparties entre Etat et mesures issues du budget de la Sécurité sociale. Soit un total de 25 milliards.
Histoire de montrer que tout le monde se prête à l’effort, les collectivités seraient amenées aussi à se serrer la ceinture, à hauteur de 2 milliards d’euros, après un effort ramené par le Sénat l’an dernier de 5 à 2,2 milliards. Autre idée dans les tuyaux : le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux pourrait permettre d’ajouter 500 millions d’euros au compteur des économies.
« De toute façon, le budget se fera au Sénat »
Pour aller plus loin, charge ensuite au gouvernement de décider d’éventuelles réformes, comme celle de l’Assurance chômage, pour laquelle pousse le patron de Renaissance, Gabriel Attal. « De toute façon, le budget se fera au Sénat », lâche, un brin bravache, un membre de la Haute assemblée… Face à la majorité très relative de l’Assemblée et l’ambiance chaotique entre députés, le contexte politique joue en effet en faveur du Sénat, dont la majorité est stable. Il peut ainsi espérer pousser ses pions.