Après la chute du gouvernement de Michel Barnier, le chef de l’Etat dispose d’une marge de manœuvre aussi réduite qu’au lendemain des législatives anticipées pour trouver un nouveau Premier ministre, dans la mesure où les équilibres politiques restent les mêmes à l’Assemblée nationale, observe le sondeur Stéphane Zumsteeg, invité de Public Sénat ce mercredi 4 décembre. Toutefois, l’échéance budgétaire de la fin d’année devrait pousser Emmanuel Macron à agir rapidement.
[Info Public Sénat] Le coup de pression des sénateurs LR pour accélérer la désignation du candidat à la présidentielle
Par Public Sénat
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Le groupe Les Républicains du Sénat a décidé de mettre la pression sur la direction du parti. Deux jours après les très bons résultats de la droite aux scrutins régionaux et départementaux, le calendrier arrêté lundi en conseil stratégique, au siège rue de Vaugirard, a un peu fait l’effet d’une douche froide au palais du Luxembourg. « Pas de précipitation », prévenait hier le patron de LR, Christian Jacob. Le président en est resté au calendrier de départ : une décision sur un système de départage le 30 septembre, qui ferait l’objet d’un vote des adhérents lors d’un congrès, pour aboutir à la désignation d’un candidat « dans la première quinzaine de novembre ».
Trop tard, estime une majorité de sénateurs. Ce mardi, la droite sénatoriale a préparé une motion, qui sera adressée à Christian Jacob ainsi qu’au bureau politique, qui se réunira le mardi 6 juillet. Dans ce texte, les sénateurs demandent à « avancer » le calendrier de désignation du candidat. « Il ne saurait être question d’attendre l’automne sans avoir au moins décidé définitivement du processus de désignation de notre candidat aux présidentielles », peut-on lire dans une première version qu’a pu consulter Public Sénat. Au cours de l’après-midi la rédaction du texte a évolué, et ne fait finalement plus référence à l’automne. « Nous considérons que le processus de choix de notre candidat doit être avancé permettant de valider définitivement le processus de désignation », précise la version amendée.
Voici le texte de la motion rédigée par le groupe :
« Plus on tarde, plus on laisse revenir le duel Macron / Le Pen »
L’appel est une façon de ne pas stopper la dynamique enclenchée par les résultats obtenus dimanche, aux élections régionales et départementales. « L’élan de juin ne doit pas s’enliser pendant l’été », explique le texte du groupe LR.
Le premier vice-président du Sénat Roger Karoutchi est à l’origine de l’initiative. Au lendemain du second tour des élections régionales, il avait été le premier à monter au créneau, en déclarant à Public Sénat, qu’il fallait accélérer le calendrier de désignation. « Mon sentiment, c’est que plus on tarde, plus on laisse revenir dans les médias et ailleurs le duel Macron / Le Pen installé », met en garde Roger Karoutchi. « C’est maintenant qu’il faut choisir le mode de sélection. » Pour le sénateur des Hauts-de-Seine, une méthode « claire et transparente » doit être prête « dès cet été ».
Les sénateurs LR ont jusqu’à mercredi après-midi pour apposer leur signature, s’ils le souhaitent. Les candidats potentiels de la droite sont consultés ce mardi après-midi par le président du groupe LR Bruno Retailleau, qui ne cache pas non plus ses ambitions pour la présidentielle. Le sénateur de la Vendée s’est entretenu par téléphone avec le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, avant de recevoir au Sénat Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France. Il doit enfin échanger avec Valérie Pécresse, la présidente d’Île-de-France. La veille, une rencontre s’était déjà tenue avec Michel Barnier, un autre présidentiable.
« Tous les candidats potentiels ont intérêt à arriver à une solution de compromis »
Voici près d’un an que les Républicains s’interrogent sur la manière de faire émerger leur ambassadeur pour le scrutin présidentiel, en sachant que Xavier Bertrand et Valérie Pécresse n’ont plus leur carte au parti. Le premier avait d’ailleurs formellement annoncé en mars qu’il ne « participerait pas à une primaire ». Toute division s’annonçant mortifère, les consultations vont donc bon train. « Tous les candidats doivent se mettre d’accord sur la façon de désigner », insiste la sénatrice LR Catherine Procaccia. « Tous les candidats potentiels ont intérêt à arriver à une solution de compromis, qui permette de n’avoir qu’un seul candidat au premier tour. Si nous en avons deux, nous ne serons pas au deuxième tour et nous laisserons le duel Macron / Le Pen », appuie le sénateur Roger Karoutchi.
En décembre, le bureau politique des LR avait arrêté les deux options suivantes à l’issue des régionales : ou bien un candidat émerge « naturellement », ou bien le parti soumet un système de départage aux militants. L’heure du choix est venue.
L’idée d’accélérer le calendrier faisait presque l’unanimité au sein du groupe LR ce mardi matin, quelle que soit la préférence de leur candidat. « On est déjà très en retard. Quand j’entends dire qu’on consulterait les militants en septembre, c’est délirant. On sera dans les choux », s’inquiétait la sénatrice de la Haute-Savoie, Sylviane Noël, qui aimerait Laurent Wauquiez comme candidat. « Les sénateurs ont raison de dire qu’il faut accélérer. On ne peut pas désigner le candidat au mois de novembre. On ne va pas en sortir de ce débat byzantin », s’impatiente Marc-Philippe Daubresse, l’un des soutiens de Xavier Bertrand.
La grande enquête d’opinion que va lancer le parti sur les mois de septembre et d’octobre, pour l’aider à trouver le candidat idéal pour la présidentielle, ne trouve pas grâce non plus aux yeux de certains, qui craignent une perte de temps. « On ne peut pas rester pendant tout l’été dans le statu quo, à savoir qui va y aller, qui ne va pas y aller et donc il faut qu’on connaisse le plus rapidement possible ce mode de départage. On ne peut pas se contenter de 15 000 sondés à la va-vite, de façon un peu aléatoire », presse le sénateur de Haute-Loire Laurent Duplomb, partisan d’une candidature de Laurent Wauquiez.
Revigoré par leurs succès aux élections locales, malgré l’ombre d’une abstention massive, le bureau politique de LR doit décider de donner une suite ou non à l’appel lancé par les sénateurs de passer à la vitesse supérieure. Jusqu’à présent, Christian Jacob n’a pas encore trouvé la pédale d’accélérateur.