Insécurité : un regain de violence ?
Les invités d’ « On va plus loin » débattent des violences urbaines des dernières semaines. Seraient-elles le reflet d’une augmentation de l’insécurité en France ?

Insécurité : un regain de violence ?

Les invités d’ « On va plus loin » débattent des violences urbaines des dernières semaines. Seraient-elles le reflet d’une augmentation de l’insécurité en France ?
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Peut-on parler d’un regain de violence en France au moment où plusieurs cas de bagarres entre bandes ont fait l’actualité ces dernières semaines ?

« Pour nous policiers (…) cela fait plusieurs mois, plusieurs années, que nous avons déjà tiré la sonnette d’alarme » assure Stanislas Gaudon, secrétaire national du syndicat Alliance police nationale. «  Nous avons constaté qu’effectivement sur le terrain, les jeunes étaient de plus en plus jeunes et de plus en plus violents (…) Ils n’ont plus peur du policier, ils n’ont plus peur de la justice. »

Pour le policier, la réponse pénale est trop faible et peu appliquée : « Comme il n’y a pas de places en prison, on prononce des peines qui sont extrêmement faibles, qui mettent beaucoup de temps à être exécutées, parce que tout le monde ne le sait pas, mais il y a entre 80 000 et 100 000 peines qui ne sont pas exécutées. C'est-à-dire que vous avez des personnes condamnées qui repartent chez [elles] (…) Du coup, vous avez cette jeunesse, complètement désinhibée, qui sait qu’elle ne risque rien. »

De son côté, Jean-Philippe Gautrais, maire (Front de gauche) de Fontenay-sous-Bois, estime que l’insécurité n’est pas grandissante en France : « Est-ce qu’il y a moins d’insécurité aujourd’hui, je ne le crois pas. Par contre, ce qui est certain, c’est qu’il y a moins de moyens. Moi, ça fait 38 ans que j’habite Fontenay-sous-Bois, j’y suis né, j’y ai grandi. J’y habite aujourd’hui toujours, dans des quartiers populaires. Avant, je voyais les gardiens de la paix, qui se baladaient partout. Aujourd’hui, on nous fusionne les commissariats, on se bat avec les policiers pour trouver les moyens nécessaires à la sécurité publique (…) Les territoires où les bandes agissent (…) sont souvent dans des territoires où les services publics sont en totale régression. Donc la question du service public est essentielle. »

Le sociologue Michel Fize, travaille sur ces questions depuis plus de 25 ans : « « Les bandes, c’est le propre de la jeunesse. Il y a toujours eu des bandes (…) il y [en] aura toujours. L’important c’est de contenir les bandes violentes dont le passage à l’acte peut effectivement conduire aux évènements que l’on a vus. (…) Ce qui est nouveau par rapport à il y a dix ans, c’est que l’on utilise des armes (…) plus lourdes qu’il y a une décennie, que le passage à l’acte est plus rapide. Je dirais même presque instinctif. »

Et il ajoute : « On est sur le même terrain social qu’autrefois, un terrain dégradé socialement et économiquement. Et en plus, ce qui peut expliquer les dérives actuelles, c’est une dégradation des mœurs, du bien vivre ensemble, des normes qui permettaient de savoir où était la barrière (…) On a l’impression d’une société qui vit sur le principe du rapport de force. »

 

Vous pouvez voir et revoir ce débat, en intégralité :

Territoires : un regain de violence ?
27:44

Partager cet article

Dans la même thématique

General policy speech by Prime Minister at Senate
10min

Politique

Budget : comment le Sénat va réduire l’effort demandé aux collectivités de 4,6 à 2 milliards d’euros

La majorité sénatoriale veut revenir sur l’effort demandé par le gouvernement aux collectivités. Le premier ministre a déjà fait des gestes devant les régions et les départements. « Un premier pas », reconnaît le sénateur LR Stéphane Sautarel, mais insuffisant. Pour compenser l’allègement de l’effort sur les collectivités, la majorité sénatoriale entend renforcer les économies sur d’autres ministères, notamment sur la « jeunesse, la recherche ou la culture ».

Le

7min

Politique

Insécurité dans les territoires d’Outre-mer : « Nous, les maires, nous sommes en première ligne pour lutter, mais on n’a pas de moyens pour le faire »

A la veille de l’ouverture du 107e congrès des maires à Paris, des élus des Outre-mer se sont retrouvés à Issy-les-Moulineaux ce lundi 17 novembre. Alors qu’ils font face à une criminalité et une délinquance grandissantes, dans des territoires en proie au narcotrafic, les maires, aux côtés de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, ont plaidé pour un « choc régalien ».

Le

Paris : session of questions to the government at the French National Assembly
6min

Politique

Budget 2026 : quels scénarios dans un calendrier de plus en plus contraint ?

Avec encore plus de 1 500 amendements restant à examiner en une semaine à l’Assemblée sur la partie recettes du projet de loi de finances, le calendrier budgétaire est de plus en plus contraint. Dans une assemblée divisée et avec le renoncement du gouvernement de recourir au 49.3, la possibilité d’une adoption des deux lois de finances avant le 31 décembre 2025 relève presque de la politique-fiction.

Le

Paris: Salon europeen de l Education
4min

Politique

Budget 2026 : Un rapport du Sénat dénonce « un coup dur porté à la jeunesse », avec une réduction de l’enveloppe dédiée au service civique

Comme en 2025, la mission sport, jeunesse et vie associative subie une sérieuse coupe dans le budget. Le service civique voit son enveloppe budgétaire réduite de 20 %, soit 114,4 millions d’euros par rapport à l’année dernière. « Se priver d’un dispositif qui fonctionne au moment où on a besoin de faire du lien social, c’est incompréhensible », regrette le rapporteur des crédits, Éric Jeansannetas (PS).

Le