Être maire, c’est être à portée de baffes. La formule est malheureusement de circonstance. En ce 102e congrès des maires, la mort du maire de Signes est dans tous les esprits. Une consultation lancée par le Sénat après ce drame nous apprend que 92 % des élus municipaux ont été confrontés à des violences : injures, menaces, violences physiques.
« Je sors d’une période de 6 mois de violence urbaine (…) et j’ai eu le droit à mon lot d’intimidations, de menaces sur moi, sur ma famille », témoigne Thierry Falconnet, maire de Chenôve (Côte d’Or). Contrairement à d’autres élus, Thierry Falconnet a porté plainte mais le prévenu a été relaxé par la justice. Une situation qui risque, selon lui, d’être interprété comme blanc-seing par ses administrés.
« Des injures et des inscriptions antisémites »
Pour le maire LR de Reims, Arnaud Robinet, cette violence va crescendo. À son échelle, il constate « des injures, des inscriptions antisémites mais également l’utilisation des réseaux sociaux » comme amplificateur. L’anonymat dont peuvent jouir les internautes ayant tendance à désinhiber les comportements participant d’une « tension de plus en plus palpable au quotidien pour l’ensemble des élus ».
Le signe d'un délitement de la société ?
« Cette violence est à l’image de notre société, on subit les mêmes violences que peuvent subir les médecins, le personnel soignant à l’hôpital, ou dans l’éducation nationale », poursuit Valérie Koenders, première adjointe PS au maire de Dijon (Côte d’Or). « On est responsable de fait, c’est vers nous qu’on vient pour se plaindre lorsque des choses ne vont pas mais nous ne sommes pas toujours responsables de droit. On n’a pas toujours les moyens d’agir. »
La sénatrice d’Ille-et-Vilaine, Françoise Gatel, y voit « un délitement de société qui fait qu’aujourd’hui l’autorité est contestée. Celle des policiers, des pompiers, parfois du médecin et aujourd’hui le personnage un peu sacré de la République, le maire ».