Avec une interview donnée le 14 juillet, on assiste à une rupture dans la communication d’Emmanuel Macron, qui renoue avec cette pratique. Qu’est-ce que cela signifie en termes de communication politique ?
C’est la première fois depuis très longtemps que le président de la République donne une interview. Ces derniers temps, ses allocutions prenaient surtout la forme de messages préenregistrés puis diffusés. Avec cette interview, il renoue avec une certaine modernité en termes de communication. Il va surtout enfin pourvoir répondre à des questions, très nombreuses, qui se posent à l’heure actuelle. C’est un gros enjeu pour lui.
Il s’agit donc de se confronter à nouveau avec le grand public ?
C’est une façon de se reconfronter avec le débat public. Car Emmanuel Macron a des explications à fournir, sur la gestion sanitaire de la crise, mais aussi sur la gestion politique, avec le départ, notamment, de son Premier ministre. Tout l’objet de l’interview, c’est de donner un sens à une opération politique qui n’en a pas forcément aux yeux du grand public. C’est un exercice de transparence. L’Elysée a été assez opaque pendant la crise, avec beaucoup de décisions annoncées dans des temps très courts. Le président va donc devoir rendre compte des décisions qu’il a prises. Il va devoir montrer qu’il est à l’écoute, mais aussi qu’il est capable de répondre. La communication descendante laisse ici place au dialogue.
Est-ce, selon vous, une façon de se réinventer pour amorcer la dernière phase du quinquennat ?
Oui, et c’est, surtout, une façon de rentrer en campagne pour 2022 car l’objectif d’Emmanuel Macron est bien sa réélection. Seulement, pour les Français, l’objet principal de cette interview n’est pas 2022 : on attend des explications précises sur la gestion de la crise sanitaire, des intentions claires sur la reprise économique et sur la gestion d’une éventuelle deuxième vague. L’enjeu pour le Président est donc de déminer ces sujets délicats pour tenter de rassurer les Français, et de montrer qu’il a un cap. Pour ne pas donner l’impression qu’il est seulement en campagne pour lui-même, il doit donner un sens plus profond à sa politique de gestion de crise, et montrer que celle-ci a un sens, non seulement pour lui, mais pour l’intérêt du pays.