Dans un entretien de 30 minutes consacré en grande partie à la commémoration et au souvenir de ces massacres, l’ancien Président de la République revient notamment sur la première visite à Oradour-sur-Glane en 2013 d’un président allemand Joachim Gauck. François Hollande l’avait, à l’époque, accueilli sur place. Parmi les autres thèmes abordés : les attentats terroristes de 2015 et le projet de mémorial aux victimes du terrorisme à la lueur de la montée des nationalismes.
Cette interview est menée conjointement par Rébecca Fitoussi (Public Sénat) et Pascal Cagnato (France 3 NoA) sur le plateau de France 3 à Limoges.
L’interview sera diffusée vendredi 7 juin à 23h sur Public Sénat et France 3 NoA. Rediffusion le samedi 8 juin à 19h30 et dimanche 9 juin à 14h30 sur Public Sénat.
François Hollande : « Les idées socialistes qui doivent encore nous guider »
François Hollande : « Les idées socialistes doivent encore nous guider »
En ce qui concerne la politique intérieure, l’ancien chef d’État souligne « la responsabilité très importante » de la gauche. « Est-ce que le socialisme, la social-démocratie a encore un avenir ou est-ce qu’elle va s’effacer. Je ne le crois pas ». Pour François Hollande les politiques en faveur de la transition énergétique doivent être mises en place mais « au nom de la justice sociale et de l’emploi ». « Et là, je crois que ce sont les idées socialistes qui doivent encore nous guider ». Néanmoins l’ancien élu de Corrèze observe qui si « les grandes formations politiques » comme LR et le PS « ne se renouvellent pas, ne se repensent pas », le risque, c’est d’avoir une extrême droite s’installer durablement au second tour de l’élection présidentielle »
François Hollande : "les peuples se révoltent par rapport à ce que l'Europe ne fait pas"
« Les peuples se révoltent par rapport à ce que l’Europe ne fait pas »
L’ancien président de la République a commenté le mal-être des citoyens européens et de la défiance qui monte vis-à-vis des institutions. « Ce n’est pas par rapport à ce que l’Europe fait que les peuples se révoltent. C’est par rapport à ce qu’elle ne fait pas : l’harmonisation fiscale, la solidarité, même la lutte contre le chômage ou contre les fractures sociales et notamment territoriales », a dénoncé François Hollande.
L’ancien élu a ancré son analyse en prenant l’exemple du mouvement des Gilets jaunes. « S’il y a eu ce mouvement, c’est qu’il y a des territoires où on se sent oubliés, abandonnés, où les services publics s’éloignent, où la santé n’est plus assurée et où l’emploi n’est pas forcément à portée de véhicule », a expliqué François Hollande. « Donc c’est par rapport à cet enjeu territorial qu’il faut que l’Europe regarde les solidarités et que les nations fassent leurs devoirs », a-t-il appelé.
« Quand la politique n’est pas regardée comme au bénéfice de tous, il y a de la rupture
« Ce que je ressens à travers les déplacements dans le pays, c’est une multiplicité de territoires, de situations différentes, de populations différentes qui vivent sans regard pour les autres et donc d’une forme d’éclatement de la communauté nationale », décrit l’ancien président de la République.
Face à cela, François Hollande explique qu’il faut recréer du lien et de la solidarité. « Nous sommes dans le même ensemble. Et qu’est-ce qui unit un village de Haute-Vienne, un quartier de Seine-Saint-Denis, une grande ville comme Bordeaux ? Qu’est-ce qui nous unit ? Sûrement des idées et des principes, mais il doit y avoir d’avantage que cela. Il doit y avoir une idée d’avenir ». « Cela suppose qu’il y ait un certain nombre de politiques qui soient regardées comme au bénéfice de tous. Or, quand la politique n’est pas regardée comme au bénéfice de tous, il y a de la rupture », poursuit François Hollande.
François Hollande : « La démocratie, ce sont des partis »
François Hollande : « La démocratie, ce sont des partis »
Dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, François Hollande liste les caractéristiques d’une bonne candidature : « une pensée », « une stratégie », « des alliances » et une « incarnation ». « Cette personne doit exister, sans doute, on la verra apparaître cette personne, à mesure qu’on se rapprochera de l’élection présidentielle ». « Mais encore faut-il qu’elle puisse s’appuyer sur une organisation » prévient-il. « Je pense au rôle des partis politiques. Je ne suis pas du tout dans l’idée que tout ça doit disparaître et qu’il suffirait d’avoir des réseaux sociaux… » confie-t-il avant d’ajouter : « Ce n’est pas ce qu’on appelle le vieux monde, non. Ça s’appelle la démocratie ».
Et pour François Hollande, La République en Marche d’Emmanuel Macron « va ressembler à ce qu’on a toujours connu ». « Ça va devenir un parti et c’est bien légitime. La démocratie, ce sont des partis et il ne faudrait pas que la gauche oublie de pouvoir servir aussi les Français par cet instrument » conseille-t-il.