Interview présidentielle : « la meilleure de Macron » juge Philippe Moreau Chevrolet
Pour le spécialiste de la communication politique, le format « dur » de cet entretien fera date. Et c’est tant mieux pour la démocratie, explique-t-il.

Interview présidentielle : « la meilleure de Macron » juge Philippe Moreau Chevrolet

Pour le spécialiste de la communication politique, le format « dur » de cet entretien fera date. Et c’est tant mieux pour la démocratie, explique-t-il.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Caricature », « irrespect », « tragi-comédie »… les critiques se sont multipliées après l’interview présidentielle réalisée par Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. Mais pour le communicant Philippe Moreau Chevrolet, Emmanuel Macron sort renforcé de cette joute verbale.

Loin des canons habituels, l’interview du président de la République a été très critiquée. Le format était-il trop violent ?

Philippe Moreau Chevrolet : Non, c’est même la première vraie interview présidentielle, sans concession. Elle était peut-être trop dure, un peu excessive sur la forme mais les deux journalistes ont montré qu’ils étaient capables de mener une interview sans pour autant servir la soupe. Ça nous paraît violent car nous n’avons pas l’habitude. Là on découvre qu’on peut attaquer et cela tranche avec les formats lénifiants dont les audiences chutaient. Sous la présidence Hollande, nous avons vu les pires excès en matière de révérence, avec des grandes conférences de presse très maîtrisées. Certaines questions, comme celles sur Valérie Trierweiler ou Julie Gayet étaient traitées du bout des doigts. Cette fois, il n’y avait pas de filtre et c’était une vraie prise de risque. Il y aura un avant et un après.

Certains estiment qu’il y a eu une atteinte à la fonction présidentielle…

Ceux qui regrettent le respect gaullien oublient qu’il n’y avait pas de liberté sous de Gaulle. L’Élysée contrôlait tout. On ne peut pas regretter cette époque. Heureusement, les journalistes avaient le ton qui leur convenait, l’agressivité qui leur convenait. Désormais, c’est dans le rythme que le journaliste peut maîtriser le fil de la discussion. C’est ce qu’a apporté Bourdin, en coupant la parole et en reprenant la main. Les journalistes et les politiques sont supposés être des adversaires, dans le sens noble du terme. Cette interview nous a fait passer un cap.

Emmanuel Macron sort-il renforcé de cette séquence ?

Pour moi, c’est sa meilleure interview. Il ne faut pas oublier que c’est l’Élysée qui a choisi les journalistes et c’était un très bon choix. L’Élysée essaye de créer l’évènement à chaque interview. C’était le cas pour le JT de 13h, avec Jean-Pierre Pernaut. Cette fois, Emmanuel Macron était confronté aux ‘pires’ intervieweurs. Le grand public retiendra des différents comptes-rendus le côté choquant de l’interview, qui se retourne contre les journalistes. De son côté, Emmanuel Macron passe pour un président courageux qui prend des risques.

La semaine était donc un grand travail de communication ?

Avec Jean-Pierre Pernaut, Emmanuel Macron s’adressait aux retraités, aux ruraux et aux inactifs, avec un discours très lisse et très compréhensible. Dimanche soir, il s’adressait à une minorité très politisée, notamment à droite. Se faire attaquer par Edwy Plenel, c’est déjà un bon signe pour ces électeurs. En revanche, c’est encore trop tôt pour dire si cette semaine aura un impact sur son image. Il faut attendre un peu.

Partager cet article

Dans la même thématique

Interview présidentielle : « la meilleure de Macron » juge Philippe Moreau Chevrolet
3min

Politique

Héritage des Jeux : « En 6 ans, on a pu faire ce qu’on aurait dû faire en 30, 35 ans » affirme le sénateur de Seine-Saint-Denis Adel Ziane

Une croisière sur le canal Saint-Denis, des visites des sites olympiques de Paris 2024… Et si les Jeux avaient transformé l’image de la Seine-Saint-Denis au point de rendre ce département plus touristique ? Un an après les JOP, quel est le résultat ? La Seine-Saint Denis a-t-elle changé de visage ? Oui, déclare le sénateur du département Adel Ziane, dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Interview présidentielle : « la meilleure de Macron » juge Philippe Moreau Chevrolet
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Interview présidentielle : « la meilleure de Macron » juge Philippe Moreau Chevrolet
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le