Iran : des sénateurs français prennent la défense des manifestants condamnés à mort

Iran : des sénateurs français prennent la défense des manifestants condamnés à mort

À l’initiative d’un collectif franco-iranien, plusieurs sénateurs ont accepté d’apporter leur « parrainage » à des manifestants iraniens condamnés à la peine capitale par la République islamique. Auprès de Public Sénat, Christian Cambon, le président de la commission des affaires étrangères et l’un des relais de cette démarche, explique regretter la réponse « un peu faible » de l’Europe face à la situation iranienne.
Romain David

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Ils risquent la mort pour « guerre contre Dieu », « coopération avec l’ennemi Israël » ou encore « corruption sur terre ». Des parlementaires français de tous bords politiques se mobilisent pour apporter leur parrainage à des manifestants condamnés à la peine capitale en Iran. À l’initiative du collectif Femme Azadi, créée par des femmes franco-iraniennes suite au soulèvement déclenché en Iran par la mort de Mahsa Amini, ils relaient sur leurs réseaux sociaux des photographies de personnes arrêtées par le régime, et accompagnées du hashtag #StopExecutionsInIran.

« En cette heure, nous vous prions de venir instamment en aide, en désignant, parmi vos membres des parrains pour chacun des 55 Iraniennes et Iraniens condamnés à la peine capitale, dont cinq mineurs, pour avoir chanté, défilé, posté sur les réseaux sociaux ou simplement pour avoir manifesté leur soutien à l’exceptionnel mouvement de manifestation qui sévit près de trois mois après le meurtre, par la police des mœurs islamiques, de Mahsa Amini, pour un voile mal ajusté », écrit le collectif dans le courrier adressé aux parlementaires. L’Iran est secouée par des manifestations depuis fin septembre et la mort de cette étudiante de 22 ans, une contestation rassemblée derrière le slogan « Femmes, vie, liberté », et violemment réprimée par la République islamique.

» Lire aussi - « L’Iran assassine sa jeunesse sous nos yeux », alerte Nathalie Goulet

À l’Assemblée nationale, de nombreux députés de la Nupes ont accepté de relayer cette initiative. Elle a également trouvé un certain écho du côté du Sénat, avec des parrainages affichés sur leurs comptes twitter respectifs par Bruno Retailleau (LR), Max Brisson (LR), le doyen Jean-Marie Vanlerenberghe (MoDem) ou encore Christian Cambon (LR). Le président de la commission des affaires étrangères apporte son parrainage à Mohammad Rakhshani Azad, un jeune de 17 ans risquant à tout instant la pendaison.

Christian Cambon, Comment avez-vous pris connaissance de la situation de ce jeune homme ?

« Nous avons reçu un appel d’un collectif humanitaire, afin de sensibiliser les parlementaires à cette affaire. J’ai aussitôt décidé de me mobiliser, car j’ai été relativement déçu par les réponses de l’ensemble des gouvernements européens face à la répression des manifestations en Iran. Je trouve que nous sommes un peu faibles sur le sujet. Un rappel pour consultation de l’ensemble des ambassadeurs européens aurait eu de la gueule, sans pour autant valoir une rupture des relations diplomatiques.

Que sait-on des conditions d’arrestation de ces personnes ?

Ces personnes sont arrêtées en marge des manifestations. Il est probable qu’elles aient déjà été dans le viseur du régime avant même d’aller défiler dans la rue. Ensuite, ce sont des jugements à la va-vite. Vous vous rendez compte, un gamin de 17 ans… C’est à se pincer d’horreur.

Quelles démarches comptez-vous entreprendre ?

Tout d’abord, il y a le battage médiatique. Les pays qui se livrent à ce genre d’ignominie ne peuvent pas procéder dans le silence. Il faut faire du bruit autour de cette affaire ! Ensuite, j’ai écrit à l’ambassadeur d’Iran à Paris. Vous connaissez ma feuille de route : parler à tout le monde. Dans mon courrier, je lui explique que la posture de son pays est en train de décourager ceux-là mêmes qui misent sur le maintien du dialogue. »

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