Iran, protectionnisme, climat : les temps forts du discours de Macron devant le Congrès

Iran, protectionnisme, climat : les temps forts du discours de Macron devant le Congrès

Ce mercredi, dernier jour de sa visite officielle à Washington, Emmanuel Macron s’est exprimé devant le Congrès américain. Ovationné par ses membres, il a réaffirmé avec fermeté ses positions sur les dossiers actuels, qu’il s’agisse du climat, du nucléaire iranien, de la Syrie ou encore de la guerre commerciale livrée par les États-Unis.
Public Sénat

Par Alice Bardo

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Après avoir longuement rappelé les liens historiques qui unissent les États-Unis à la France, qu’ils soient politiques, militaires, culturels ou économiques, Emmanuel Macron est entré dans le vif du sujet sous les applaudissements chaleureux des membres du Congrès américain.  Contrastant avec l’ « amitié » affichée pendant les deux premiers jours de sa visite officielle à Washington, le Président s’est montré ferme vis-à-vis de son homologue américain. Il a réaffirmé chacune de ses positions à l’égard des enjeux actuels, tout en rappelant la nécessité de « relever ensemble les défis du siècle » et celle d’agir « en toute urgence ».

La volonté d’un « multilatéralisme fort »

Vantant les bienfaits d’un « multilatéralisme fort », il a vivement mis en garde Donald Trump des méfaits du protectionnisme : « Refermer la porte n’empêchera pas au monde d’évoluer. Nous devons garder les yeux ouverts et être conscients des risques devant nous. » Et d’ajouter, rassurant : « Ce multilatéralisme ne fera pas planer une ombre sur nos identités. Nos cultures reposent sur cette soif de liberté. »

« La guerre commerciale n’est pas une solution »

La coopération multilatérale des États est tout d’abord nécessaire pour préserver « des échanges libres et équitables », a rappelé Emmanuel Macron en réponse à la « guerre commerciale » déclarée par POTUS avec sa décision d’imposer des taxes de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles de l’aluminium. « Ce n’est pas la solution (…) Une guerre commerciale qui opposerait des alliés ne cadre pas avec notre mission, notre histoire, nos engagements en faveur de la sécurité mondiale », a-t-il expliqué avant d’insister sur la nécessité de « construire les bonnes réponses via la négociation à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et des négociations coopératives ». Et de conclure, spécialement à l’adresse de Donald Trump : « Nous avons nous-même écrit ces règles, nous devons les suivre. »

« Je suis sûr qu’un jour les États-Unis reviendront et rejoindront l’accord de Paris sur le climat »

Autre dossier brûlant, celui du climat. En juin dernier, le Président américain a retiré les États-Unis de l’accord de Paris. De quoi inquiéter les autres signataires du texte, les États-Unis étant le deuxième plus gros pollueur au monde : « Nous devons offrir à nos enfants une planète que nous pourrons encore habiter dans 25 ans. » Là encore, il a tancé son homologue américain : « Certains considèrent qu’il est plus important de protéger les emplois actuels que de relever le défi du changement climatique (…) Quel est le sens de notre vie si nous travaillons et vivons en détruisant la planète et que nous sacrifions la vie de nos enfants ? » Emmanuel Macron a particulièrement marqué son opposition à Donald Trump sur ce dossier, confirmant avoir des « désaccords » avec lui, mais « comme dans toutes les familles ». Toutefois, selon lui, « ce n’est qu’un problème à court terme » : « Je suis sûr qu’un jour les États-Unis reviendront et rejoindront l’accord de Paris sur le climat. »

« Travailler à un accord plus général sur le nucléaire iranien »

Concernant le nucléaire iranien, l’objectif du Président français est clair : « L’Iran n’aura jamais d’arme nucléaire. » Pour l’atteindre, il doit convaincre Donald Trump de rester dans l’accord visant à lever les sanctions internationales contre l’Iran en échange du gel de son programme nucléaire. En effet, celui-ci menace d’en retirer les États-Unis si le texte n’est pas durci d’ici le 12 mai prochain. « Cet accord contrôle et encadre les activités nucléaires de l’Iran. Nous l’avons signé à l’initiative des États-Unis, c’est pourquoi nous ne pouvons pas dire que nous devons comme cela nous en débarrasser », a insisté le Président français. Emmanuel Macron a appelé Donald Trump à « assumer sa responsabilité face à cette question dans les semaines à venir ». Il reconnaît toutefois que « cet accord ne couvre peut-être pas toutes les inquiétudes, même les plus importantes ». Et d’ajouter : « Il ne faut pas l’abandonner avant d’avoir quelque chose d’autre. C’est pourquoi la France ne se retirera pas de l’accord. » Le chef d’État français a ensuite annoncé qu’avec le Président américain ils « ont essayé de travailler sur un accord plus général ».

« Un accord en Syrie, pour les Syriens »

Enfin, Emmanuel Macron a tenu à saluer le « multilatéralisme fort » dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont fait preuve de fermeté en décidant de frapper le territoire syrien après « l’utilisation d’armes interdites par Bachar Al-Assad ». Toutefois, en réponse à la volonté de Donald Trump de retirer les troupes américaines en Syrie, il a rappelé la nécessité de « travailler ensemble pour faire émerger une solution humanitaire et à la définition d’une politique durable pour mettre un terme à cette situation tragique ». Dans cet objectif, il a annoncé avoir « pris la décision avec Donald Trump de travailler à un accord en Syrie, pour les Syriens.

Emmanuel Macron a conclu en citant le Général de Gaulle qui, le 25 avril 1960, devant le Congrès américain, avait déclaré : « Rien n’importe plus à la France que l’attachement et l’amitié des Américains. 58 ans plus tard, je viens ici pour vous présenter les sentiments les plus chaleureux des Français et vous dire qu’ils accordent de l’importance à l’amitié avec les Américains. » Prôner l’ « amitié » pour mieux dialoguer et négocier, telle est la stratégie d’Emmanuel Macron.

Dans la même thématique

Iran, protectionnisme, climat : les temps forts du discours de Macron devant le Congrès
3min

Politique

Nouvelle loi immigration : Jean-Philippe Tanguy (RN) souhaite une « régularisation zéro des clandestins »

Invité de la matinale de Public Sénat, le député de la Somme, Jean-Philippe Tanguy a expliqué la position de son groupe sur la proposition du gouvernement de présenter un nouveau texte sur l’immigration au début de l’année 2025. Le député de la commission des finances a également détaillé la position de son groupe sur le vote du budget, sans évoquer précisément les amendements que son groupe défendra.

Le

Iran, protectionnisme, climat : les temps forts du discours de Macron devant le Congrès
5min

Politique

Budget : « C’est un semblant de justice fiscale, mais en réalité, ce sont les plus pauvres qui vont trinquer », selon le député PS Arthur Delaporte

Invités à débattre du budget 2025 sur Parlement hebdo, le rapporteur LR de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, et le député PS Arthur Delaporte, s’opposent sur le sujet. « Il faudra bien faire des efforts », défend le sénateur LR, quand le socialiste dénonce « un effort incommensurable ».

Le

Iran, protectionnisme, climat : les temps forts du discours de Macron devant le Congrès
8min

Politique

Budget : « 2024 est une année noire pour les finances publiques », alerte Pierre Moscovici

Auditionné par le Sénat, le président du Haut conseil des finances publiques affirme que les hausses d’impôts prévues dans le budget 2025 ne sont pas de 20 milliards d’euros, comme le dit gouvernement, mais « de 30 milliards d’euros ». Un effort indispensable, insiste Pierre Moscovici : « Le poids de la dette permet-il encore d’agir ? Non. Quand vous avez ce niveau de dette, walou ! »

Le

Iran, protectionnisme, climat : les temps forts du discours de Macron devant le Congrès
4min

Politique

Propos de Gabriel Attal et de Gérald Darmanin sur le budget : « Certains auraient avantage à se taire ! », tacle Claude Raynal

Ce vendredi, Claude Raynal, sénateur socialiste de la Haute-Garonne et président de la commission des finances du Sénat, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Hier soir, le budget pour l’année 2025 a été présenté par le gouvernement. Le sénateur est revenu sur les mesures du projet de loi de finances destinées à faire des économies et a assuré que Gabriel Attal et Gérald Darmanin « auraient avantage à se taire », en évoquant leur opposition à l’augmentation des impôts.

Le