Pas d’impuissance mais de l’équilibre. La députée européenne Fabienne Keller a défendu ce mardi 31 octobre la position diplomatique de l’Union Européenne face à la guerre entre Israël et le Hamas, une posture équilibrée entre la « condamnation très claire des actes terroristes du Hamas, la reconnaissance du droit d’Israël à se défendre et la demande de maintien d’aide humanitaire à Gaza. » « L’Europe n’est pas impuissante, elle est dans cette position équilibrée », a répété Fabienne Keller sur le plateau de Public Sénat.
Cet équilibre revendiqué n’est-il pas pour autant le révélateur d’une absence de ligne claire parmi les pays de l’Union européenne ? Pas selon Fabienne Keller, alors que les pays européens ont divergé dans leurs votes sur la résolution de l’ONU sur la « protection des civils et le respect des obligations juridiques et humanitaires : 9 pays dont la France ont voté l’adoption de cette résolution, 3 contre et 18 se sont abstenus. Pour la députée européenne, les votes ne sont que le reflet de « sensibilités » différentes « dans le lien avec Israël, liés à l’histoire de chaque pays européen ». Loin d’être une faiblesse, Fabienne Keller choisit de voir ces clivages comme une force : « Quand on arrive ensemble à rédiger une résolution, elle est puissante et équilibrée par nature. »
Une position difficile à défendre
Une position d’autant plus délicate à défendre et à faire vivre que l’Union Européenne ne dispose pas de « diplomatie commune », une « difficulté structurelle » rappelle Fabienne Keller, qui semble à peine compensée par le rôle pris ces dernières années par Josep Borrell, haut représentant des affaires étrangères pour l’UE. La question de la diplomatie est très sensible pour les Etats-membres, qui sont réticents à « déléguer » ces missions ressenties comme « régaliennes » à l’Union, comme le souligne l’ancienne sénatrice.
Sans structure dédiée, la voix de l’Europe se disperse entre diverses institutions, semble regretter Fabienne Keller. Ce qui peut mener à des divergences au sein même de l’Union, comme avec la visite d’Ursula von der Leyen en Israël, quelques jours après l’attaque du Hamas, qui a traduit une « position qu’on pourrait qualifier d’allemande, qui n’a pas correspondu avec la position plus équilibrée du Parlement européen », comme l’explique Fabienne Keller.
Cet équilibre, « plus difficile à défendre que des positions tranchées », est nécessaire, « parce que l’Europe souhaite aller fondamentalement vers un processus de paix ». Fabienne Keller insiste : la solution à deux états n’est « pas utopique » : « La seule voie européenne, c’est la voie de la paix ».