Le porte-parole du Parti socialiste Boris Vallaud a soutenu, lundi sur Europe 1, la décision du président italien de s'opposer à la nomination d'un ministre eurosceptique, qualifiée de "folie antidémocratique" par le député LFI Alexis Corbière.
"Il a eu raison d'assumer pleinement sa fonction et ses prérogatives constitutionnelles", a estimé le député des Landes, alors que l'obstruction de Sergio Mattarella à la nomination du candidat du M5S et de la Ligue, vainqueurs des élections du 4 mars, a poussé le juriste Giuseppe Conte à renoncer à prendre la tête du prochain exécutif.
M. Mattarella a expliqué dimanche avoir validé tous les noms proposés par M. Conte pour former un gouvernement, sauf celui sur lequel les deux alliés refusaient de transiger pour le portefeuille de l'Economie et des Finances: Paolo Savona, 81 ans, un économiste d'expérience mais clairement eurosceptique.
La décision du président italien a entraîné la fureur des vainqueurs du 4 mars, Luigi Di Maio (M5S) jugeant que les gouvernements étaient formés par "les agences de notation et les lobbies financiers et bancaires", tandis que Matteo Salvini (Ligue) a décrit "un pays occupé financièrement par les Allemands, les Français et les bureaucrates de Bruxelles."
Réagissant à la décision de M. Mattarella, Boris Vallaud a jugé qu'"il n'(était) pas interdit de critiquer l'Europe", avant d'appeler à "ne pas laisser la critique de l'Europe à ceux qui n'en veulent pas."
Le député de la France insoumise Alexis Corbière a de son côté fustigé une "folie antidémocratique" du président italien, accusé de "brider l'expression des peuples" -bien que M. Corbière ait précisé ne pas être "d'accord" avec ce "gouvernement potentiel d'extrême droite".
Toujours à gauche, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) Pierre Laurent a fait part de sa "grande inquiétude" quant à la situation en Italie, "le symbole du piège dans lequel on essaie d'enfermer le débat européen".
M. Laurent s'est inquiété d'une Union européenne selon lui prise en étau entre "les défenseurs de la fuite en avant libérale" et "des forces nationalistes, xénophobes, qui en vérité tournent le dos aux exigences sociales".
Le patron du PCF a dit souhaiter, à un an des élections européennes de mai 2019, apporter une "réponse sociale et démocratique".
Interrogé sur la même échéance électorale, M. Vallaud a enjoint les socialistes des pays de l'Union européenne, "dans une situation de faiblesse extrême", à "réapprendre à travailler ensemble."