« Ce n’est plus un combat, c’est une victoire. » L’écrasante victoire des partisans de la constitutionnalisation de la liberté de recourir à l’IVG ce 28 février au Sénat (267 voix contre 50), chose encore impensable en début de semaine, revêt une signification particulière pour Mélanie Vogel. La sénatrice écologiste mesure le chemin parcouru. Elle avait porté en octobre 2022 une proposition de loi pour consacrer au sommet de la pyramide des normes cette liberté fondamentale, et s’était heurtée à l’opposition d’une grande partie de la majorité sénatoriale de droite et du centre.
Le Sénat « n’était pas, de très loin, favorable à ce projet quand nous avons commencé à l’étudier. Un an et demi après on a une écrasante majorité en faveur », s’exclame la sénatrice âgée de 38 ans, élue dans la Haute assemblée en 2021. Cet épilogue, déclenchant la convocation du Parlement réuni au Congrès, est le résultat, selon elle, de la « mobilisation de la société française, des associations féministes, des femmes de ce pays », mais aussi des « filles, des femmes, des sœurs » des sénateurs et sénatrices, qui ont contribué à faire basculer de nombreux parlementaires. « Je crois que c’est une grande leçon de démocratie que nous nous donnons aujourd’hui. Une idée qui est majoritaire dans la société, parfois même quand une institution n’y est pas favorable au départ, peut se mettre au diapason avec elle », considère Mélanie Vogel.
« Il existe un chemin de progrès, un chemin d’espoir »
La parlementaire estime que la France vient d’envoyer un « message extraordinaire » à ses citoyens, « qui réclamaient massivement » cette introduction dans la Constitution, ainsi qu’à « toutes les femmes qui ont vécu l’horreur de la criminalisation de l’IVG et toutes celles qui ne veulent jamais la connaître ».
Ce message « magnifique » s’adresse aussi à « toutes les femmes du monde », « pour leur dire qu’il y a un chemin que la France vient d’entamer, un chemin qui va dans l’autre sens que celui qui est malheureusement entamé par un certain nombre de pays qui font régresser les droits », ajoute-t-elle. « Il existe un chemin de progrès, un chemin d’espoir, et que ce chemin est possible quand la société se mobilise. »
Le signal est, enfin, envoyé aux anti-IVG, conclut la sénatrice. « Ce soir le Parlement français leur dit : vous avez perdu. Jamais plus vous ne pourrez imaginer une société en France qui interdise l’IVG. C’est fini. Et c’est un magnifique message. »