J-1 pour les « Gilets jaunes »: le gouvernement entre fermeté et pédagogie
Bloquer un pays "n'est pas acceptable" : à la veille d'une journée de mobilisation des "gilets jaunes", dont l'ampleur reste inconnue, Edouard...

J-1 pour les « Gilets jaunes »: le gouvernement entre fermeté et pédagogie

Bloquer un pays "n'est pas acceptable" : à la veille d'une journée de mobilisation des "gilets jaunes", dont l'ampleur reste inconnue, Edouard...
Public Sénat

Par Marc PRÉEL, Gaëlle GEOFFROY

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Bloquer un pays "n'est pas acceptable" : à la veille d'une journée de mobilisation des "gilets jaunes", dont l'ampleur reste inconnue, Edouard Philippe s'est voulu ferme vendredi, tout en continuant de faire oeuvre de pédagogie.

Face à un mouvement nouveau, protéiforme, émanant de collectifs de citoyens en colère contre les hausses de taxes sur les carburants, l'exécutif est sur ses gardes. Il avait déjà prévenu cette semaine, par la voix du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, qu'il n'accepterait "aucun blocage total" samedi.

Le président Emmanuel Macron, en visite éclair vendredi à Besançon pour inaugurer un musée, s'est gardé de toute prise de parole publique et de bain de foule, hormis un discours portant uniquement sur des questions culturelles.

Manifestation de
Manifestation de "gilets jaunes" à Nice, le 15 novembre 2018
AFP

Quelque 1.500 actions sont attendues samedi dans l'ensemble du pays et seulement "un peu plus d'une centaine" auraient été déclarées, estimait jeudi une source policière.

"Nous serons très attentifs, très concentrés, très vigilants, pour faire en sorte que la liberté de manifester soit respectée, mais que la liberté de circulation soit garantie", a de nouveau assuré le Premier ministre vendredi, depuis l'autodrome de Linas-Montlhéry (Essonne), où il s'est rendu avec le ministre de la Transition écologique François de Rugy.

"On peut manifester, mais bloquer un pays, alors que des services d'urgence peuvent avoir besoin de circuler, alors que tout un chacun peut avoir besoin de circuler demain, n'est évidemment pas acceptable", a-t-il ajouté.

Mais depuis ce site, où est vérifiée la conformité des véhicules avec les normes européennes, notamment en matière de pollution, il a aussi tenté de poursuivre son travail de pédagogie.

Le gouvernement ne veut "pas piéger les Français" ou leur dire qu'ils n'ont qu'à "payer les conséquences" du choix de leur véhicule. Il veut "au contraire les accompagner", a-t-il insisté, deux jours après l'annonce de mesures de soutien : un chèque énergie élargi, et une "super prime" à la conversion des véhicules pouvant aller jusqu'à 4.000 euros pour les ménages les plus modestes.

- "Différer les déplacements" -

Edouard Philippe le 15 novembre sur le port de Dunkerque
Edouard Philippe le 15 novembre sur le port de Dunkerque
AFP

Cela suffira-t-il à désamorcer le mécontentement des "gilets jaunes", alors que le gouvernement maintient la taxe sur les carburants et une nouvelle hausse au 1er janvier ?

Les manifestants n'avaient clairement pas été convaincus par le mea culpa mercredi d'Emmanuel Macron, qui avait admis avoir échoué à "réconcilier le peuple français avec ses dirigeants".

Et malgré la baisse des prix à la pompe ces derniers jours, les "gilets jaunes" comptent toujours perturber ou bloquer samedi les accès aux villes, aux aéroports ou aux dépôts de carburant, ainsi que les grands axes routiers. Une opération escargot doit également se déployer sur le périphérique parisien, avant de rejoindre l'Elysée.

Face à l'incertitude, la société d'autoroutes Sanef a "invité ses clients à différer ou à éviter leurs déplacements" et va "renforcer" ses équipes, tandis qu'à Limoges, les transports en commun de la métropole "ne seront pas assurés" pour éviter les "risques importants de blocage de la circulation".

Le distributeur Carrefour va aussi suivre de près "l'impact du mouvement sur l'accès" à ses magasins et promet "un dispositif d'information par sms et mail" de ses clients "en temps réel".

Déstabilisés par la spontanéité du mouvement, les responsables politiques ont pour un grand nombre marqué leur soutien au mouvement, provoquant la critique du gouvernement, qui les accuse de "récupération".

La maire socialiste de Lille Martine Aubry a dit vendredi "comprendre" le mouvement des "gilets jaunes", dénonçant vivement "l'injustice sociale, fiscale et écologique" du gouvernement.

Policiers évacuant des manifestants en gilet jaune à Albert (Somme), avant l'arrivée du président Macron, le 9 novembre 2018 lors des commémorations du centenaire de la Grande Guerre. Les
Anti-riot policemen evacuate protesters wearing yellow jackets ("gilets jaunes") during a protest against the rising of the fuel and oil prices on November 9, 2018 near the town hall of Albert, northern France, ahead of a visit of tyhe French president and the Britain Prime minister during the 100 anniversary of the WWI armistice celebrations. The yellow vest is the symbol of the French drivers protesting against the rising of the fuel and oil prices.
AFP/Archives

Mais tous ne participeront pas aux manifestations. Le chef de file de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon et le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan seront aux côtés des manifestants, comme certains élus RN, mais pas leur présidente Marine Le Pen.

Le premier secrétaire national du PS Olivier Faure non plus, même s'il veut en profiter pour "aller à la rencontre" des Français.

Car l'exercice est compliqué pour la gauche et les écologistes, qui ont fait des propositions pour défendre à la fois pouvoir d'achat et transition écologique.

Partager cet article

Dans la même thématique

J-1 pour les « Gilets jaunes »: le gouvernement entre fermeté et pédagogie
6min

Politique

« Nous allons entrer en résistance » : PS, PCF et Ecologistes unis au Sénat « face à une droite réactionnaire » sur le budget de la Sécu

Alors que la majorité sénatoriale de droite entend revenir sur les gains obtenus par la gauche à l’Assemblée sur le budget de la Sécurité sociale, à commencer par la suspension de la réforme des retraites, les sénateurs de gauche combattront « pied à pied », en dépit de leurs divergences sur la suspension. Mais face aux amendements des sénateurs de droite, qualifiés de « musée des horreurs », ils jouent groupés.

Le

J-1 pour les « Gilets jaunes »: le gouvernement entre fermeté et pédagogie
6min

Politique

Budget 2026 : Wauquiez et Retailleau affichent leur « ligne commune » et appellent Lecornu à prendre ses responsabilités

Alors que le Sénat s’apprête à démarrer l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, le patron des députés de droite, Laurent Wauquiez était reçu à la réunion de groupe des sénateurs LR pour passer le relais. L’occasion de s’exprimer d’une seule voix sur la position que compte défendre la droite sur les deux lois de finances, quitte à rendre un accord en commission mixte paritaire quasi impossible et faire resurgir la piste d’un recours au 49.3.

Le

Lyon : Global Cannabis March
3min

Politique

Budget de la Sécu : les sénateurs écologistes veulent créer une taxe sur le cannabis

Dans le cadre de l’examen du budget de la Sécu, les sénateurs écologistes veulent créer un droit d’accise sur la vente du produit stupéfiant. « Ça légalise le cannabis en réalité », explique le sénateur Thomas Dossus. De quoi rapporter près de « 3 milliards d’euros à l’Etat » et « assécher les réseaux ».

Le

« La copie n’est pas acceptable aujourd’hui » : le Sénat s’apprête à modifier en profondeur le budget 2026 de la Sécurité sociale
7min

Politique

« La copie n’est pas acceptable aujourd’hui » : le Sénat s’apprête à modifier en profondeur le budget 2026 de la Sécurité sociale

À la veille du coup d’envoi des débats en séance publique sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les rapporteurs de la majorité sénatoriale veulent se montrer intraitables sur le retour des principales mesures d’économies et la disparition des mesures les plus coûteuses, comme la suspension de la réforme des retraites.

Le