L'ancien ministre Jack Lang défend lundi l'idée d'un président de la République "responsable devant le Parlement", à travers un dialogue régulier entre l'Elysée et les deux chambres, voire une "suppression (du) poste de Premier ministre".
"Si on supprimait le poste de Premier ministre, le chef de l'Etat serait aussi chef du gouvernement. Il deviendrait responsable devant le Parlement", explique dans Le Parisien l'ancien ministre de la Culture, qui faisait partie de la commission de révision constitutionnelle de 2008, qui a introduit la possibilité de ce discours devant le Congrès.
"Beaucoup sont attachés au rôle de Premier ministre, y compris le chef de l'Etat qui estime que c’est une bonne chose d'avoir un fusible", analyse l'ancien député du Pas-de-Calais.
"Mais les esprits sont prêts à ce que celui qui détient tous les pouvoirs ne soit pas comptable de ses actes qu'une seule fois, devant les électeurs, au terme de son quinquennat", a-t-il ajouté, alors qu'Emmanuel Macron prononcera lundi après-midi son premier discours devant le Congrès. Edouard Philippe prononcera, lui, sa déclaration de politique générale mardi devant l'Assemblée nationale.
"Je me réjouis de son geste de venir présenter son programme", a salué M. Lang.
"Je souhaite que cela devienne (...) un rendez-vous régulier, tous les six mois par exemple, mais aussi l'occasion d'un vrai débat entre le président et les parlementaires", a-t-il également préconisé, tout en jugeant que ce ne serait "pas le cas ce lundi car le mandat d'Emmanuel Macron commence à peine".
A l'issue de son adresse solennelle aux parlementaires, Emmanuel Macron quittera l'hémicycle pour faire place à un débat sans vote.
Son choix d'une allocution devant le Congrès fait polémique. Les députés du groupe La France insoumise (LFI), deux députés UDI et des parlementaires communistes ont décidé de boycotter l'événement, déplorant notamment que l'Assemblée et le Premier ministre soient ainsi court-circuités.
"Je voudrais que le président prenne, par la pratique régulière du dialogue avec le Parlement, ses responsabilités", juge au contraire M. Lang. "On peut ouvrir une vraie réflexion sur le régime politique français sans avoir à recourir dès maintenant à une nouvelle révision de la Constitution", conclut-il.