Pas encore officiellement lancée, la candidature de Gabriel Attal pour prendre la tête de Renaissance ne fait plus beaucoup de doute en interne. Une bataille d’ex-premiers ministres, face à Elisabeth Borne, déjà candidate, va s’engager, au risque de tomber dans la guerre des chefs. Mais certains, à commencer par Emmanuel Macron, prônent un accord pour avoir un seul candidat.
Jacline Mouraud : aujourd’hui il faut « légiférer » sur les réseaux sociaux pour endiguer la haine
Par Louis-Marie Le Béon, Isabelle Pincet
Publié le
Le 18 octobre 2018, dans une vidéo virale, Jacline Mouraud dénonçait pêle-mêle les hausses de tarifs du carburant, et la réduction de la vitesse sur les routes. Vue plus de 6 millions de fois, l’appel de cette « gilet jaune » l'a propulsée du jour au lendemain sur le devant de la scène médiatique, non sans violence.
Comment expliquez-vous le succès de votre appel lancé le 18 octobre 2018 sur Facebook ?
« Le fait de m’adresser directement au Président, je pense que ça a parlé beaucoup aux gens parce que ce que j’ai dit, tout le monde avait envie de le dire au Président […] Ça a libéré la parole des gens, ça a levé un tabou aussi. En France, on ne disait pas combien on gagne […] personne ne disait « moi je gagne 2 000 ou 3 000 euros par mois. » […] vous ne pouvez pas vous imaginer la misère que j’ai reçue dans les messages. C’était impensable. Il y a des gens en France, et dans toutes les catégories sociales qui sont au bord du suicide parce qu’ils ne s’en sortent pas. »
Vous avez été encouragée sur Facebook, mais aussi menacée ?
« Tout a changé. J’ai été tellement menacée que j’ai été obligée de totalement vider mon compte [Facebook]. Certaines personnes au sein de ce mouvement se sont mises à utiliser la moindre photo que j’avais pu publier, à l’utiliser contre moi, à la diffuser. Ils ont essayé de tout retenir contre moi. J’ai mis du temps avant de le faire, mais on m’a dit « tu te mets en danger si tu laisses ta vie [sur les réseaux sociaux]. Mais moi, tout mon problème de sécurité actuelle, ne vient que de gilets jaunes radicalisés. »
Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur les réseaux sociaux ?
« Il y a beaucoup de personnes qui ne sont pas du tout dans la radicalité donc qui désertent les réseaux sociaux (…) Mais le si peu qui reste… il n’y a pas de discours. Il n’y a que de la haine, de la jalousie et nous en plus, les femmes, la misogynie. »
Vous souhaitez qu’on encadre plus l’expression sur les réseaux sociaux ?
« C’est l’évolution du réseau qui a fait [cette haine]. Parce que l’année dernière, si on se remet au 18 octobre par exemple, le jour où j’ai fait ma vidéo, il n’y avait pas cette haine-là. Ça n’existait pas. C’est le mouvement qui a fédéré ça… enfin, le mouvement… les personnes qu’on a laissées fédérer cette haine-là. Et le problème maintenant, c’est que comme on dit : « le dentifrice est sorti du tube et on ne pourra pas le remettre dedans. ». Il y aussi le paramètre de l’impunité sur les réseaux sociaux. […] Il va falloir légiférer. Si on rend éditeur les propriétaires de réseaux sociaux, à mon avis, demain tout va bien ! Il faut les rendre responsables de ce qui s’y passe. ».