Jacqueline Gourault, l’incontournable qui s’est rendue indispensable

Jacqueline Gourault, l’incontournable qui s’est rendue indispensable

Fidèle de François Bayrou, mais d'une loyauté absolue envers Emmanuel Macron et Édouard Philippe, Jacqueline Gourault s'est...
Public Sénat

Par Gregory DANEL, Paul AUBRIAT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Fidèle de François Bayrou, mais d'une loyauté absolue envers Emmanuel Macron et Édouard Philippe, Jacqueline Gourault s'est imposée depuis son entrée au gouvernement en juin 2017 pour aujourd'hui obtenir un ministère de plein exercice "de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités".

Cette femme aux cheveux courts et à l'air débonnaire était entrée au gouvernement après les législatives de 2017 à un poste aux contours flous, "ministre auprès du ministre de l'Intérieur". En cultivant de bonnes relations avec son patron, Gérard Collomb, tout en jouant sa partition face au ministre de la Cohésion des Territoires d'alors, Jacques Mézard, et son secrétaire d'État, Julien Denormandie, cette spécialiste des collectivités locales s'est révélée incontournable.

Présentée comme "le couteau suisse du ministère de l'Intérieur", elle "fait l'unanimité", constatent les observateurs de tous bords.

Autant sollicitée pour remplacer au pied levé Gérard Collomb pour un débat devant les assemblées que pour un raout place Beauvau, Jacqueline Gourault est surtout la "Madame Collectivités locales", gagnant le surnom d'"agent traitant" du gouvernement auprès des élus.

Son objectif? "Faire de la pédagogie" et éviter que le fossé d'incompréhension ne se creuse entre les élus de terrain et l'exécutif, que ce soit à propos des dotations globales de fonctionnement ou l'abaissement de la vitesse à 80km/h.

Son assise politique s'est en outre renforcée lorsque Matignon lui a demandé de prendre en charge le dossier corse, devenant l'interlocutrice privilégiée des turbulents présidents nationalistes de l'exécutif et de l'assemblée de l'île, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni.

Réputée pour sa bonhomie et un certain franc-parler, Jacqueline Gourault avait mené à bien le volet de la réforme de la Constitution qui institutionnalise une spécificité corse.

Le personnage, volontiers spontané, s'est toutefois vu reprocher de mémorables bourdes: en juillet dernier, elle évoque des "prisonniers politiques" corses, avant de faire un spectaculaire rétropédalage; en avril, elle sort de ses gonds à l'Assemblée face à des députés LR, en s'offusquant qu'ils veuillent "obliger un ministre à répondre".

Cette chrétienne-démocrate, opposée en son temps à l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, avait en outre laissé un flottement lorsqu'elle avait été interrogée en tant que ministre, en mars dernier, sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, pourtant promesse de campagne du candidat Macron.

Les épisodes n'ont pas entamé sa réputation au sein du gouvernement, où elle s'est rendue indispensable: en septembre, le Premier ministre lui a confié la préparation d'une éventuelle fusion entre les deux départements alsaciens.

- Adversaire de Jack Lang -

Dans l'équilibre du gouvernement, Jacqueline Gourault est devenue une précieuse courroie de transmission entre le MoDem et l'exécutif, alors que les relations entre les centristes et la macronie ont parfois été tumultueuses.

Après les retraits forcés des ministres MoDem Bayrou, De Sarnez et Goulard, sur fond de soupçons d'affaires, le nom de Mme Gourault avait été soufflé par François Bayrou au président de la République.

La première rencontre avec le maire de Pau remonte au début des années 1980, alors qu'il devait animer une réunion, qu'il a ensuite qualifiée d'"une des chances de (sa) vie".

"Elle surnage dans le marigot centriste et a su rouler dans la farine tous les vieux crocodiles", résume une habituée de la Haute Assemblée qui voit en elle "une tueuse".

Un membre du corps préfectoral salue pour sa part "une vraie politique qui bosse ses dossiers et a le sens de l'État".

La longue carrière politique de Mme Gourault est pourtant un éloge de la patience: conseillère municipale à partir de 1983 d'un gros bourg du Loir-et-Cher, La-Chaussée-Saint-Victor, elle en était devenue maire de 1989 à 2014.

Mais c'est en 1993 que cette giscardienne, fille de marchands de bestiaux reconvertis dans l'élevage des chevaux de course, s'était offerte une notoriété en affrontant le socialiste Jack Lang aux législatives de 1993 et 1997 - en vain.

Cette amatrice d'équitation, mariée et mère de deux enfants, était finalement devenue parlementaire en 2001, en se faisant élire sénatrice.

Dans la même thématique

Jacqueline Gourault, l’incontournable qui s’est rendue indispensable
5min

Politique

Défense, sécurité, immigration : en position de force à Bruxelles, la droite européenne affirme sa feuille de route

Plus grand groupe au Parlement européen, le PPE est désormais aussi largement représenté au Conseil. Réunis au Sénat pour leurs journées parlementaires, les eurodéputés du groupe sont en position de force pour imposer leur agenda à Bruxelles. Dans ce contexte, le chef de file des eurodéputés LR, François-Xavier Bellamy, appelle la droite française à « se reconstruire », pour être « un partenaire à la hauteur ».

Le

Paris: Sarkozy Stands Trial Over Alleged Libya Financing
2min

Politique

Procès libyen : sept ans de prison et 300 000 euros d'amende requis contre Nicolas Sarkozy

Les magistrats ont demandé ce jeudi 27 mars contre l’ancien président de la République une peine de sept ans de prison ferme et 300 000 euros d’amende dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. Dans un message sur ses réseaux sociaux, l’intéressé a voulu dénoncer la partialité du Parquet national financier. Le jugement sera rendu dans plusieurs mois.

Le

Jacqueline Gourault, l’incontournable qui s’est rendue indispensable
3min

Politique

Convocation d’Alexis Kohler devant la commission d’enquête sur les eaux en bouteille : « Lorsque l’on n’a rien à se reprocher, il vaut mieux venir », estime Laurent Burgoa

Laurent Burgoa, le président de la commission d’enquête du Sénat sur les eaux en bouteille espère qu’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, se rendra devant la commission d’enquête le 8 avril prochain. Par ailleurs, il déplore l’attitude adoptée par Nestlé Waters devant l’instance parlementaire, et désire que les travaux de cette commission débouchent sur une proposition de loi.

Le