Jacques Chirac : « Il a été le dernier président à l’idéal démocratique »

Jacques Chirac : « Il a été le dernier président à l’idéal démocratique »

Avec son comparse Pierre Jouve, Ali Magoudi a réalisé un portrait de Jacques Chirac. Pendant deux ans ils ont mené des entretiens avec celui qui n’est encore que maire de Paris. Une personnalité chaleureuse, mais aussi secrète. Retour sur les coulisses d’un tournage hors normes.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Pendant deux ans, ils vont mener des interviews en longueur pour tenter d’analyser la personnalité de celui qui quelques années plus tard deviendra président de la République.

« Prendre son temps avec Jacques Chirac, c’était aller contre sa nature (...) C’était une énergie pure Chirac » se souvient Ali Magoudi. « Une énergie, et surtout une extrême gentillesse, une affabilité, une courtoisie rare ».

Le tournage a été une véritable course-poursuite

De leurs longs face-à-face, les deux réalisateurs se souviennent aussi de la pudeur, et de la maîtrise de l’homme : « Si Mitterrand pouvait se livrer, Chirac donnait à voir de lui ce qu’il voulait. Il laissait rarement voir autre chose que ce qu’il souhaitait » détaille Ali Magoudi. Une pudeur pour protéger les siens, sa famille, une pudeur ou une incapacité à se livrer. Pour Pierre Jouve « Chirac n’était pas bon dans cet exercice d’introspection, c’était un hussard ! (…) Il avait dans un même mouvement un besoin de reconnaissance immédiate, allait au contact des gens, il avait besoin d’être reconnu, et dans le même temps restait très mystérieux ».

« Il y avait en Jacques Chirac autant d’humanité que de criminalité politique, dans un milieu qui exige de soi que l’on fasse le vide autour de soi » Ali Magoudi psychanalyste

Une énergie pure

De l’animal politique Ali Magoudi témoin privilégié garde aussi l’image d’un homme capable sans préparation d’enchaîner les réunions : « Il ne s’arrêtait jamais, et il répondait aux questions de deux emmerdeurs dans les couloirs de l’Hôtel de ville même tard dans la nuit », et Pierre Jouve de compléter « Il était incapable d’immobilité », avant de résumer le personnage en une phrase : « Il y avait en Jacques Chirac autant d’humanité que de criminalité politique, dans un milieu qui exige de soi que l’on fasse le vide autour de soi », Un véritable tueur en politique qui n’a pas hésité à trahir Jacques Chaban-Delmas en 1974 pour soutenir Valéry Giscard d’Estaing, avant de le trahir à son tour pour se présenter à l’élection présidentielle de 1981.

Aucun héritier

À la question rituelle de l’héritage, Pierre Jouve a beau chercher mais ne lui trouve aucun héritier, pas même Alain Juppé avec qui on le compare souvent : « Chirac a été le dernier président à l’idéal démocratique chevillé au corps. Avec la reconnaissance de la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d’Hiv, ou son hostilité au Front National, il a pris de violents risques, sur les grands principes il ne cédait pas (...)  Il citait souvent la figure de son grand-père, enseignant sous la troisième république. Ça aujourd’hui je ne le retrouve plus à droite. »

Dans la même thématique

Jacques Chirac : « Il a été le dernier président à l’idéal démocratique »
3min

Politique

« Nous n’aspirons pas à figurer dans un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche », assure Mathieu Darnaud

Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.

Le

Jacques Chirac : « Il a été le dernier président à l’idéal démocratique »
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Jacques Chirac : « Il a été le dernier président à l’idéal démocratique »
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le