La ministre des Armées Sylvie Goulard, venue de la sphère européenne, a déclaré vendredi qu'elle n'avait pas "la réputation d'être une potiche", laissant entendre qu'elle s'investirait pleinement dans ses nouvelles fonctions au côté du président Emmanuel Macron.
"La Constitution dit clairement que le président de la République est le chef des armées mais il a besoin d'un ministre et rassurez-vous, je n'ai pas non plus la réputation d'être une potiche", a-t-elle déclaré, dans sa première interview depuis sa prise de fonctions le 18 mai, sur Europe 1.
Le départ au Quai d'Orsay de Jean-Yves Le Drian, puissant ministre de la Défense de François Hollande pendant cinq ans, et le changement de nom du ministère - redevenu ministère des Armées - a été interprété par beaucoup d'observateurs comme une volonté de l'Élysée de reprendre pleinement la main sur la politique de défense, pour ne laisser au ministre que la gestion des armées.
Sylvie Goulard, diplomate de carrière, spécialiste des questions européennes et eurodéputée en 2009, a souligné qu'elle allait continuer à oeuvrer dans ce champ pour faire avancer la défense européenne. "Je n'ai pas du tout le sentiment de déserter le camp européen", a-t-elle dit.
Elle a réaffirmé par ailleurs l'engagement du président Macron à continuer d'augmenter le budget de la Défense afin d'arriver à l'objectif de 2% du PIB en 2025 (les armées souhaitant pour leur part qu'il soit atteint dès 2022).
"L'objectif des 2% c'est 2025. Je m'y emploierai de toutes mes forces. Il y a une montée en puissance qui est prévue, il faut la soutenir", a-t-elle dit, en notant qu'une nouvelle loi de programmation militaire serait adoptée en début de quinquennat.
Une réflexion va par ailleurs être engagée sur le service national obligatoire d'un mois proposé par Emmanuel Macron durant la campagne, qui nécessitera des coûts d'infrastructure de 15 à 20 milliards d'euros selon les estimations du candidat.
"Le projet doit être affiné de manière interministérielle parce qu'il ne concerne pas que la Défense. On ne va pas rétablir la conscription (...) Il faut énormément réfléchir à ce que nous allons faire avec des jeunes", a déclaré Sylvie Goulard, en notant qu'on ne pouvait pas "traiter (la nouvelle génération) qui est hyperconnectée, qui a d'autres manières de vivre, d'apprendre, comme on pouvait traiter des soldats au 20è siècle".
"L'idée c'est de mettre ensemble tous les jeunes Français, garçons et filles, de ville et de banlieue et de campagne, de manière à ce qu'on leur donne une expérience qui soude la Nation et qui permette peut-être à certains qui ne s'y sentent pas à l'aise de se sentir plus pleinement Français reconnus, avec des droits et des devoirs", a-t-elle ajouté.