Les centristes s’interrogent sur le rôle qu’ils auront à jouer face à la recomposition politique. Alors que certains sénateurs centristes ont eu du mal à se reconnaître dans la ligne, trop droitière selon eux, défendue par Valérie Pécresse durant la campagne présidentielle, d’autres ont appelé à voter pour Emmanuel Macron dès le premier tour. Aujourd’hui, le groupe, qui forme avec les Les Républicains l’actuelle majorité sénatoriale, pourrait être amené à pencher vers le camp d’Emmanuel Macron, sans pour autant renoncer à son indépendance. « La proximité des sénateurs centristes avec la majorité s’est renforcée », a estimé Hervé Marseille, le président du groupe Union centriste au Sénat, lundi matin au micro de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat. « Une vingtaine de sénateurs ont appelé à voter pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle. C’est un fait. Il y a une volonté de liberté, d’être utile, de travailler sur les textes, et de ne pas participer à des opérations de vote systématique et antagoniste », constate ce membre de l’UDI.
Une droite… trop à droite ?
Il explique l’échec de Valérie Pécresse à la présidentielle – sèchement éliminée dès le premier tour sans parvenir à atteindre le seuil symbolique des 5 % – par l’influence de personnalités attachées à une ligne conservatrice et identitaire au sein des Républicains, comme le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti. « Je crois que la ligne la plus dure a pris les choses en main, et à partir de là, l’espace au centre a été déserté et occupé par Emmanuel Macron. C’est un choix qui a été fait, on a vu qu’il n’était pas probant », analyse Hervé Marseille. « Nous ne sommes pas obsédés par le foulard, l’immigration ou la sécurité », poursuit notre invité. « Cela fait partie des choses qu’il faut traiter, mais ce n’est pas un problème du quotidien. Il y a des problèmes de pouvoir d’achat, de réforme de l’Europe, des problèmes sociaux, territoriaux. Nous y sommes attachés. »
« Je pense qu’il faut travailler avec la majorité », poursuit Hervé Marseille pour qui l’échiquier politique, au lendemain de la réélection d’Emmanuel Macron et à un mois et demi des législatives, apparaît scindé en trois groupes. « Aujourd’hui, il y a trois blocs : un bloc tiré par Monsieur Mélenchon, qui s’organise pour des candidatures uniques aux législatives, Marine Le Pen à droite, et un bloc central », constate-t-il. Et d’ajouter, « j’ai du mal à voir comment on se différencie du bloc central ». « Nos électeurs sont pour beaucoup chez Emmanuel Macron ; Une grande partie des gens, à l’UDI, a des proximités avec la majorité », ajoute l’ancien maire de Meudon.
Pour les législatives, « pas d’accord général avec LR »
Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise, vient de trouver un accord avec les écologistes. Alors qu’il espère encore rassembler socialistes et communistes derrière lui pour décrocher une majorité à l’Assemblée nationale, Hervé Marseille estime que « la gauche » reste le principal adversaire des centristes aux législatives. « Aujourd’hui, il y a des situations très particulières suivant les départements, il n’y a pas d’accord général avec LR », précise-t-il. Il veut toutefois défendre une forme de pragmatisme : « Au Sénat nous sommes libres, on veut être indépendants et utiles. On verra bien qui gagnera les législatives et quels textes nous seront proposés. »