« Je veux rénover la proximité avec la population », affirme le patron des gendarmes au Sénat

« Je veux rénover la proximité avec la population », affirme le patron des gendarmes au Sénat

Le général d’armée Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie nationale, était auditionné ce mardi après-midi par la commission des lois du Sénat. Favorable à la proposition de loi sécurité globale, il a expliqué ses apports pour la gendarmerie.
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Par Pierre Maurer

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Répondre aux besoins de l’instant présent et continuer à se transformer. C’est l’analyse faite par le patron de gendarmerie national face aux sénateurs ce mardi à propos de la proposition de loi (PPL) « Sécurité globale », à l’origine d’une crise politique et parlementaire. Auditionné par la commission des lois du Sénat pour évoquer les sujets de sécurité intérieure, dans des « moments de profondes mutations », le général d’armée et directeur général de la gendarmerie Christian Rodriguez a livré sa vision positive des apports de la PPL et ses ambitions de transformations pour la gendarmerie. « Nous soutenons cette proposition de loi », a-t-il établi d’emblée ajoutant que « dans un contexte d’augmentation de violences et de nouvelles menaces, le rôle de la gendarmerie est de répondre présent ».

Favorable à la proposition de loi sécurité globale

Ne pouvant échapper aux interrogations des sénateurs sur l’article 24, catalyseur de la crise entre l’exécutif et le parlement sur fond de liberté de la presse, il a estimé qu’il fallait « s’intéresser à ce sujet » de la diffusion des images de gendarmes et de policiers pour leur « protection ». Il a donné un exemple : « Aujourd’hui on pourrait poursuivre quelqu’un qui poste la photo d’un gendarme avec le texte ‘Tuez-le ‘. Mais s’il ne publie que la photo du gendarme sans le texte, en le livrant malgré tout à la vindicte populaire, on ne peut pas poursuivre l’individu. » Cependant, le général s’est fait prudent sur les éventuelles atteintes d’une telle disposition aux libertés fondamentales. « Je laisse le débat aux spécialistes », a-t-il botté en touche.

Il s’est aussi réjoui du volet matériel de la PPL. Ainsi, concernant l’utilisation des drones, il estime qu’elle met fin au « bricolage » en vigueur dans la gendarmerie en instaurant enfin un « cadre légal ». Une doctrine d’emploi et une formation de pilote ont été mises en place au sein de la gendarmerie, a-t-il assuré, qui dispose de « 600 personnels formés ». Les nouvelles caméras piétons quant à elle, répondent « au marché » et ont été testées, là où l’ancien système était « compliqué ».  « Les nouveaux modèles n’ont pas de problème de batterie, ni d’accroche et sont beaucoup plus ergonomiques ». A propos des vidéos, il a assuré que la proposition de loi va permettre aux gendarmes « d’exploiter les vidéos en temps réel, mais pas de les modifier ». Et d’insister : « De l’avis de tous, les caméras piétons permettent d’apaiser les situations compliquées ».

Tablettes, algorithmes et camping-cars pour la gendarmerie connectée

Du reste, pour sa « maison » vieille de sept siècles, il entend continuer à l’adapter à son environnement, notamment en « usant et abusant » du levier des nouvelles technologies, tout en maintenant une bonne collaboration avec la maison police.

« Pour la population et par le gendarme ». Tel est le credo de Christian Rodriguez qui vise à mettre en place « une offre de protection sur mesure », systématiquement local et en lien avec les élus locaux. Comprendre : faire venir le gendarme à l’usager et non plus l’inverse. « Dans une partie des territoires, l’idée est que le gendarme ait sa tablette et que la personne qui veut prendre rendez-vous le fasse par SMS ou internet. Le gendarme sera ensuite averti sur sa tablette. C’est le gendarme qui ira vers l’usager. Je veux qu’on inverse cette proximité et qu’elle soit plus riche. Je veux rénover la proximité », a-t-il détaillé. Pour que le gendarme puisse passer « sa journée avec la population » l’idée est d’accroître le nombre des véhicules à tout faire, type « camping-car / fourgon ». « Tout ça sans supprimer nos 3100 brigades et en maintenant le maillage territorial ». Pour améliorer son efficience et passer toujours plus de temps « sur le terrain, la gendarmerie nationale expérimente deux algorithmes au quotidien. Le premier permet de « prévoir » les lieux potentiels de cambriolages, quand le second vise à optimiser la présence des gendarmes en patrouille la nuit.  « Il propose combien de patrouilles, à quel endroit, à quel moment. Par exemple dans l’Isère, ça nous a permis de dégager 40 gendarmes par jour ».

Un képi du futur bardé de nouvelles technologies ? L’institution s’y prépare. « On continue de développer la culture informatique dans nos rangs : parmi les nouveaux officiers recrutés cette année, il y a 40 % d’ingénieurs », a-t-il dévoilé.

« Champions de France des capteurs »

La gendarmerie est présente « dans 20 métropoles sur 22 et est majoritaire dans 16 d’entre elles, couvrant 52 % du territoire national », a-t-il fièrement rappelé, occasion pour lui de développer l’aspect « synergie » avec les autres forces de sécurité. A ce titre, la police municipale a été saluée pour son « rôle primordial ». « On a 2000 conventions de coordination entre les polices municipales et les gendarmeries. Il y a des coordinations radio, par exemple, et des patrouilles mixtes sur certaines communes ». D’autant que les policiers municipaux sont des interlocuteurs prépondérants des gendarmes puisqu’« un tiers des policiers municipaux sont en zone gendarmerie ». D’ailleurs, « dans la réserve de la gendarmerie, on trouve assez régulièrement des policiers municipaux. Ce sont des gens qui se côtoient ». Sur le sujet, les dispositions contenues dans la proposition de loi vont donc « dans le bon sens » : elles incitent les communes à se doter d’une police municipale.

Et avec sa grande sœur, la police nationale ? « Ça se passe bien. Avec Frédéric Veaux [le patron de la police nationale, auditionné plus tôt dans l’après-midi par la commission des lois] on parle régulièrement. Les renforcements se font naturellement quand une force a besoin ». Quant à la sécurité privée, elle permet aussi « un appui précieux aux gendarmes ».

Enfin, le renseignement territorial est composé de « 15 % de gendarmes ». Et de se féliciter : « Nous, on est un peu les champions de France des capteurs d’informations sur le terrain ».

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