C’est l’un des gros dossiers sur la pile du premier ministre Jean Castex : le social. Invité de BFMTV/RMC ce mercredi matin, le nouveau locataire de Matignon a fait le point sur la question de l’assurance chômage et de la réforme des retraites, que l’exécutif ne compte finalement pas oublier. En recevant les présidents de groupes politiques, Emmanuel Macron avait déjà annoncé vouloir maintenir ces réformes, mais en les adaptant.
La première sera repoussée. « La réforme de l’assurance chômage, que j’approuve, elle a été faite au moment où la France avait l’un des faibles taux de chômage en Europe, en tout cas celui qui avait engrangé la plus forte baisse », a expliqué Jean Castex. Mais face à la plus forte crise depuis 1945, « nous allons en décaler la mise en œuvre » a-t-il affirmé, avant d’ajouter : « On ne renie pas nos principes, mais on n’est pas des gens obtus, (…) donc on adapte nos outils aux réalités ».
Assurance chômage : un report déjà annoncé
Il ne fait ici que confirmer ce qu’avait dit pendant le confinement l’ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Prévu au 1er avril, le second volet de la réforme sera décalé en septembre, avait assuré la désormais ex-ministre. Ce volet impose de travailler plus longtemps (6 mois sur les 24 derniers au lieu de 4 sur 28 auparavant) pour ouvrir des droits au chômage. Pour les recharger, la réforme prévoit qu’il faut avoir travaillé 6 mois, et non plus un seul.
René-Paul Savary, sénateur LR de la Marne et membre de la commission des affaires sociales, comprend qu’il s’agit d’« un décalage de plus, au-delà du 1er septembre ». « C’est une adaptation. La réforme de l’assurance chômage était faite à un moment effectivement où il y avait une croissance et une diminution du taux de chômage. Donc il faut prendre des mesures plutôt protectrices qu’incitatrices » pense aussi le sénateur. Mais pour René-Paul Savary, « ça montre que ce sont des réformes qui ne sont pas valables plus que ça, car elles ne sont valables que dans certaines situations et pas d’autres ».
Retraites : d’abord l’équilibre financier
Concernant les retraites, Jean Castex explique vouloir séparer la réforme systémique de mesures paramétriques. « Nous allons séparer ce qui est le futur régime universel plus juste, nécessaire, avec en toile de fond le devenir des régimes spéciaux. (...) C'est un travail de long terme » a-t-il dit au sujet de cette réforme qui avait mis des milliers de Français dans la rue l’hiver dernier, estimant qu’« il faut sans doute rouvrir les concertations ».
« Nous avons un sujet de plus court terme, le financement du système actuel qui se trouve fortement impacté par la crise » ajoute le premier ministre, qui va voir les partenaires sociaux séparément les 9 et 10 juillet, avant de la voir tous ensemble le 20 juillet.
« Il faut trouver des sous pour les retraites ! »
Des décisions qui n’étonnent pas, là non plus, René-Paul Savary. « Un système universel par point ne peut tenir que s’il y a un équilibre financier. Sinon, automatiquement, ça ne marche pas bien » souligne ce spécialiste des retraites. « Ce qui est important, c’est de retrouver l’équilibre ». On revient donc à une classique réforme paramétrique, source comme on le sait de débats et polémiques. « Effectivement, à mon avis, on n’y échappe pas. Il faut trouver des sous ! » lance René-Paul Savary.
« On va retrouver les mêmes débats » confirme le sénateur LR, « si on ne baisse pas les pensions et qu’on n’augmente pas les cotisations, ça veut dire qu’il faudra travailler plus longtemps. Après, reste à voir s’il y a un âge pivot ou pas, un changement d’âge légal ou pas, un âge de départ différent ou pas. Mais ce sont des mesures d’âge ». Les discussions avec les partenaires sociaux et la rentrée pourraient être de nouveau mouvementées.