Jean Castex : « Il faut s’attaquer plus fortement à ceux qui transmettent la haine en ligne »
Interpellé lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat à propos de la haine sur les réseaux sociaux, le Premier ministre a réaffirmé que le gouvernement allait agir juridiquement et notamment avec la création d’un délit de mise en danger sur internet.

Jean Castex : « Il faut s’attaquer plus fortement à ceux qui transmettent la haine en ligne »

Interpellé lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat à propos de la haine sur les réseaux sociaux, le Premier ministre a réaffirmé que le gouvernement allait agir juridiquement et notamment avec la création d’un délit de mise en danger sur internet.
Public Sénat

Par Audrey Fisne

Temps de lecture :

3 min

Publié le

« Ce n’est plus seulement dans les mosquées salafistes que se recrutent les djihadistes », a prévenu Claude Malhuret, président du groupe Les Indépendants - République et territoires lors des questions d’actualité au gouvernement ce 21 octobre. « C’est aussi sur l’Internet, devenu l’écosystème du complotisme, de la haine et désormais des influenceurs islamistes. » En d’autres termes « ceux qui fracturent méthodiquement notre pays », résume-t-il.

Le rôle des réseaux sociaux se retrouve en effet au cœur de l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine. Samuel Paty, le professeur décédé, a d’ailleurs été la cible de harcèlement massif. Son « assassinat a été préparé par les torrents d’injures des fanatiques sur les réseaux antisociaux », dénonce le sénateur de l’Allier.

Un manque législatif

Comment donc lutter contre ce fléau ? Le président des Indépendants regrette que la loi Avia ait été retoquée par le Conseil constitutionnel en juin dernier : « L’Assemblée nationale a voté la loi qui imposait le retrait des contenus haineux dans les 24 heures. Cette loi a été censurée par le Conseil constitutionnel au nom de la liberté d’expression. » Or, poursuit-il, « cette censure laisse le problème entier ». « Les plateformes », indique-t-il, « s’exonèrent des règles, sans sanction. »

Action » nationale et européenne

« Je vous rejoins tout à fait », a répondu Jean Castex, avant de reconnaître que les réseaux sociaux pouvaient constituer une « source de manipulation »: « Il faut impérativement nous attaquer, plus fortement encore, à ceux qui manipulent et à ceux qui transmettent la haine. »

Pour ce faire, le Premier ministre a cité deux angles d’attaque à venir. D’une part, à l’échelle nationale, avec la création d’un « délit de mise en danger par la publication de données personnelles ». Un projet tout juste annoncé par le chef du gouvernement devant l’Assemblée nationale mardi 20 octobre. L’idée est de reprendre « sous une autre forme » le sujet de la loi Avia. Il s’agira de « trouver une voie juridique tenant compte de la jurisprudence du Conseil constitutionnel, mais rendant plus effectives les actions contre la haine sur les réseaux sociaux », a assuré Jean Castex.

Mais la lutte se fera aussi à l’échelle européenne, a assuré le Premier ministre qui souligne l’importance de directives communautaires pour mieux responsabiliser les hébergeurs. Lors de sa rencontre avec la présidente de la Commission européenne, prévue ce vendredi 23 octobre, « c’est l’un des premiers sujets que je vais aborder ».

D’ailleurs, cette meilleure régulation des géants numériques, notamment concernant les propos haineux, fait l’objet de trois textes votés par le Parlement européen mardi 20 octobre. Une nouvelle législation communautaire est attendue pour le mois de décembre.

Dans la même thématique

France School Abuse
5min

Politique

Audition de François Bayrou sur Bétharram : entre pugnacité et « stratégie de diversion », le Premier ministre « a joué assez habilement » face aux députés

Si François Bayrou ne s’est pas « laissé impressionné » par l’interrogatoire des députés lors de son audition à l’Assemblée nationale, l’affaire Bétharram risque des laisser des traces sur le long-terme et pourrait affecter son avenir politique, analysent Olivier Rouquan, politologue, et Philippe Moreau Chevrolet, communicant.

Le

SIPA_ap22957743_000006
7min

Politique

Audition de Bayrou sur Bétharram : quand la politique prend le pas sur la défense des victimes

Les 5h30 d’audition de François Bayrou devant la commission d’enquête mise en place à l’Assemblée nationale après les révélations sur des violences physiques et sexuelles perpétrées dans l’établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, ont tourné en duel politique entre le Premier ministre et le co-rapporteur LFI, Paul Vannier. Au Sénat, la gauche dénonce l’attitude « agressive » du Premier ministre quand la droite axe sur « l’instrumentalisation » de la souffrance des victimes par LFI.

Le

Jean Castex : « Il faut s’attaquer plus fortement à ceux qui transmettent la haine en ligne »
3min

Politique

Audition de François Bayrou sur Bétharram : il y a une « volonté de LFI et du reste de la gauche de transformer cette commission d’enquête en inquisition », tacle Jean-Philippe Tanguy

Invité de la matinale de Public Sénat, le député et président délégué du groupe RN à l’Assemblée a réagi à l’audition du Premier ministre sur l’affaire Bétharram. Jean-Philippe Tanguy ne voit pas de « mensonges ou de mises en doute de la probité de François Bayrou » qui justifierait une censure du gouvernement, « pour le moment ».

Le