Pour Jean Castex, la priorité est à la jeunesse : « Ce sont les jeunes et les plus vulnérables qui ont été les plus touchés par cette crise ». Conséquence, l’exécutif débloque une enveloppe budgétaire inédite de 6,5 milliards d’euros pour les aider à mettre un pied dans la vie professionnelle.
Le Premier ministre ne le cache pas, la rentrée sera difficile, notamment pour les entreprises, déjà fragilisées par cette crise. Mais Jean Castex a été clair, il faut jouer collectif :
« L’État va faire des efforts mais les entreprises doivent en faire aussi. Et l’emploi, ce sont les entreprises. Ce jeune, il ne va peut-être pas vous êtes utiles mais prenez-le quand même car grâce à la relance, on va vous trouver des débouchés. Il va falloir que tout le monde joue le jeu. Les formations, c’est très bien, mais il y a d’abord l’emploi. L’emploi, c’est un investissement d’avenir. »
Pour limiter la casse auprès des moins de 25 ans, un plan de soutien massif est donc mis sur pied. Et il s’articule autour de trois thématiques.
Faciliter l’entrée de la vie professionnelle
La première concerne l’emploi avec la mise en place de mesures incitatives pour favoriser les embauches. Ainsi tout recrutement d’un jeune de moins de 25 ans pour un CDD, de trois mois minimum, ou un CDI, générera pour les entreprises une compensation de charges de 4 000 euros pendant un an. Avec ce coup de pouce, l’État espère la signature de 450 000 contrats.
Une décision qui ne fait pas l’unanimité. Pour la sénatrice socialiste du Val-de-Marne, Sophie Tallié-Polian, c’est la précarité qu’on favorise, en ne faisant pas de distinction entre les entreprises qui proposeront des CDD et celles qui s’engageront sur des CDI.
Prime à l'emploi des jeunes: "c’est la précarité qu’on favorise" selon Sophie Taillé Polian
« Aider les entreprises à partir de CDD de trois mois, cela me semble très compliqué. Parce que cela va certainement favoriser des contrats très courts qui ne sont pas la réponse pour permettre à la jeunesse de réfléchir sereinement, de construire son avenir. Donc moi j’aurais attendu du gouvernement qu’il y ait des conditions de durées de contrats qui soient plus en faveur des jeunes. Favoriser les CDI mais aussi favoriser les petites et moyennes entreprises qui ont certainement beaucoup plus de difficultés face à la crise que les grandes entreprises qui distribuent des dividendes ».
Des primes pour le recrutement d’apprentis
L’autre axe, c’est le soutien à l’apprentissage. Une filière en pleine croissance et que l’exécutif veut préserver et encourager. Deux primes sont débloquées : l’une de 5 000 euros pour tout recrutement d’un apprenti de moins de 18 ans et l’autre de 8000 euros pour un apprenti de plus de 18 ans.
L’impact attendu en 2020 est de 230 000 contrats d’apprentissage et 100 000 contrats de professionnalisation.
Les missions du service civique sont également renforcées. Aux 140 000 contrats déjà programmés, 100 000 de plus seront créés pour des missions d’intérêt général allant de 6 à 12 mois.
Interrogée à propos de ces mesures, la sénatrice LREM Françoise Cartron estime que les engagements pris par le gouvernement vont dans le bon sens. « On ne laisse aucun jeune dans la nature, on lui propose une solution. Soit il est embauché, soit il peut poursuivre son apprentissage. Le pire serait de les laisser seuls avec leurs angoisses et ce n’est pas le cas ». Et de préciser : « Le gouvernement a répondu aux attentes du patronat maintenant, la balle est dans leur camp. »
Troisième volet du plan, la formation.
À défaut d’emploi, 200 000 jeunes seront orientés vers les métiers dits d’avenir.
Ainsi, 100 000 nouvelles formations qualifiantes ou pré-qualifiantes seront proposées aux jeunes en échec dans les secteurs de la transition écologique, du numérique et de la santé.
Dans le domaine médical, ce sont 16 000 formations qui verront le jour pour doubler les capacités d’accompagnement des aides-soignantes, des infirmiers et des auxiliaires de vie.
Le plan marque également le retour des « contrats aidés » dans le secteur marchand. 60 000 contrats initiative emploi seront ainsi destinés aux jeunes rencontrant des difficultés d’insertion.
Des parcours individualisés seront également proposés à 35 000 décrocheurs ayant entre 16 et 18 ans d’ici fin 2021.
Pour la sénatrice LREM Françoise Cartron, « les jeunes entreront moins rapidement dans le monde du travail mais ils vont muscler leurs parcours et ils seront plus solides quand l’emploi redémarrera ».
À noter que l’État devrait également proposer des engagements financiers pour soutenir les lycéens et les étudiants les plus précaires.
Pour mettre en œuvre l’ensemble de ces mesures, Jean Castex prône un dialogue social déployé au niveau des territoires. Il précise que dans chaque région, le Conseil régional, l’État, les partenaires sociaux et les acteurs économiques définiront ensemble les priorités et les modalités d’application de ce plan pour la jeunesse.