En 2014 déjà, il hésitait à se représenter. Cette fois, Jean-Claude Gaudin ne se représentera pas. Mardi 5 novembre 2018, deux immeubles s’effondrent rue d’Aubagne, dans le 1er arrondissement de Marseille. Voyant les décombres, le maire exprime son inquiétude devant la caméra. Il s’attend à ce qu’on lui annonce des morts. Il y en aura huit. Signe d’abandon de la ville, et peut-être, du mandat de trop. Une tragédie qui entachera à jamais le bilan du maire de Marseille.
Des fractures qui subsistent du nord au sud de la ville
Conscient que le centre-ville est délabré, Jean-Claude Gaudin préfère le requalifier, le gentrifier. Selon lui, les habitants n’y paient pas assez d’impôts. Une constante de son mandat a alors été de développer le tourisme, et d’accompagner les intérêts des entreprises. De 15 000 personnes par an dans les années 1990, la ville de Marseille voit aujourd’hui venir 1,5 million de touristes. Soucieux de l'embellissement du centre-ville, son bilan restera en demi-teinte, le maire ne réussira pas à supprimer les fractures de sa ville. Un sud riche, un centre-ville assez pauvre, des quartiers nord qui parfois ressemblent à des bidonvilles. Des inégalités qui s’ajoutent aux écoles et aux piscines délabrées, évoquées par la sénatrice PS Samia Ghali, également élue dans les 15e et 16e arrondissements de la ville..
Un quart de siècle à la mairie de Marseille
Comment Jean-Claude Gaudin a-t-il pu rester maire un quart de siècle ? Renaud Muselier, actuel président LR du Conseil régional, explique que pour gagner, le baron marseillais ne tient pas compte des frontières idéologiques. Il s'alliera aussi bien avec le Front National au début des années 80, qu'avec le syndicat Force ouvrière. En cela – et en d’autres points - son entourage politique ne le définit pas comme un maire bâtisseur, mais plutôt comme un héritier de la politique de Gaston Defferre.
Extrait du documentaire "Gaudin, l'heure de l'inventaire", réalisé par Gilles Rof
Si l’entourage politique de Jean-Claude Gaudin, tous bords confondus, est unanime quand à sa proximité avec Marseille, jusqu’à définir un « rapport charnel », son bilan montre une personnalité plus habituée aux manœuvres politiques qu’au contact avec les Marseillais.