La crise du coronavirus a plongé les économies mondiales dans la crise. La crise actuelle est-elle aussi forte que celle qu’a connu le monde de la finance en 2008 ? Jean-Claude Trichet, qui était alors président de la banque centrale européenne compare les deux périodes : « Il y a des similitudes, ne serait-ce que parce qu’on a à la fois une crise financière et une crise économique, de l’économie réelle. » Mais il pointe aussi énormément de différences. Déjà c’est une « crise qui est d’emblée mondiale alors qu’en 2008, elle venait des pays occidentaux » explique-t-il. Et ensuite, c’est une crise économique qui ne vient pas de l’économie : elle nait d’une crise sanitaire. Un détonateur sanitaire qui intervient dans « un environnement qui était déjà fragile ».
L’action de la BCE
La Banque centrale européenne a annoncé des mesures exceptionnelles pour faire face à la crise, notamment un programme de rachat d’actifs de 750 milliards d’euros.
« Une bonne chose qui était absolument nécessaire » selon l’ancien président de l’institution. Mais Jean-Claude Trichet prévient : « ceci dit, les banques centrales ne peuvent pas tout faire, la BCE fait beaucoup, la Federal Reserve (ndlr : la Banque centrale des États-Unis) fait beaucoup, la banque du Japon fait beaucoup, mais les gouvernements et les parlements ont à prendre leurs responsabilités ». Une crise économique ne se résout pas grâce à un seul acteur.
3 200 milliards d’euros d’aides
Pour Jean-Claude Trichet, il ne faut pas considérer les différentes aides individuellement. Il faut additionner de ce qui est prévu au niveau européen et aux niveaux des pays pour aider les économies. Si l’Eurogroupe est arrivé à un accord et octroie 540 milliards d’euros d’aides supplémentaires, ce chiffre n’est pas suffisant pour mesurer les aides européennes. « Au total, quand j’additionne le tout j’arrive à 3 200 milliards d’euros, c’est à dire des sommes qui sont, non seulement au niveau de ce que font les Américains, mais même un peu supérieur » explique l’ancien président de la BCE. En effet, aux États-Unis, le plan de relance annoncé est pour l’instant de 1 800 milliards d’euros